Uranie. Flammarion Camille
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Название: Uranie

Автор: Flammarion Camille

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ qu’il était au moment où est partie la photographie que vous en recevez, de même qu’en entendant une cloche vous recevez le son après qu’il est parti, et d’autant plus longtemps après que vous en êtes plus éloigné.

      «Il en résulte que l’histoire de tous les mondes voyage actuellement dans l’espace, sans jamais disparaître absolument, et que tous les événements passés sont présents dans le sein de l’infini et indestructibles.

      «La durée de l’univers sera sans fin. La Terre finira, et ne sera plus un jour qu’un tombeau. Mais il y aura de nouveaux soleils et de nouvelles terres, de nouveaux printemps et de nouveaux sourires et toujours la vie fleurira dans l’univers sans bornes et sans fin.

      «J’ai voulu te montrer, fit-elle après un instant de pause, j’ai voulu te montrer comment le temps est éternel. Tu avais senti l’infinité de l’espace. Tu avais compris la grandeur de l’univers. Maintenant, ton voyage céleste est accompli. Rapprochons-nous de la Terre et reviens dans ta patrie.

      «Pour toi, ajouta-t-elle encore, sache que l’étude est la seule source de toute valeur intellectuelle; ne sois jamais ni pauvre ni riche; garde-toi de toute ambition comme de toute servitude; sois indépendant; l’indépendance est le plus rare des biens, et la première condition du bonheur.»

      Uranie parlait de sa douce voix. Mais la commotion produite par tous ces tableaux extraordinaires avait tellement ébranlé mon cerveau que je fus pris soudain d’un grand tremblement. Un frisson me parcourut de la tête aux pieds, et c’est sans doute ce qui amena mon réveil subit, au milieu d’une vive agitation… Hélas! ce délicieux voyage céleste était terminé.

      Je cherchai Uranie et ne la trouvai plus. Un clair rayon de lune, pénétrant par la fenêtre de ma chambre, venait caresser le bord d’un rideau et semblait dessiner vaguement la forme aérienne de mon céleste guide; mais ce n’était qu’un rayon de lune.

      Lorsque je revins le lendemain à l’Observatoire, ma première impulsion fut d’accourir, sous un prétexte quelconque, dans le cabinet du Directeur et de revoir la Muse charmante qui m’avait gratifié d’un tel rêve…

      La pendule avait disparu!

      A sa place trônait le buste, en marbre blanc, de l’illustre astronome.

      Je cherchai en d’autres pièces, et, à propos de mille prétextes, jusque dans les appartements, mais elle avait bien disparu.

      Pendant des jours, pendant des semaines, je cherchai, sans parvenir à la revoir ni même à savoir ce qu’elle était devenue.

      J’avais un ami, un confident, à peu près du même âge que moi, quoique paraissant un peu moins jeune à cause de sa barbe naissante, mais lui aussi fortement épris de l’idéal et plus rêveur encore peut-être, le seul d’ailleurs de tout le personnel de l’Observatoire avec lequel je me sois jamais intimement lié. Il partageait mes joies et mes peines. Nous avions les mêmes goûts, les mêmes idées, les mêmes sentiments. Il avait compris et mon adolescente admiration pour une statue, et la personnification dont mon imagination l’avait animée, et ma mélancolie d’avoir ainsi subitement perdu ma chère Uranie au moment même où j’y étais le plus attaché. Il avait plus d’une fois admiré avec moi les effets de la lumière sur sa céleste physionomie, et souriant de mes extases, comme un grand frère, me taquinant même, un peu vivement parfois, sur ma tendresse pour une idole, allait jusqu’à m’appeler «Camille Pygmalion». Mais, au fond, je voyais bien qu’il l’aimait aussi.

      Cet ami, qui hélas! devait être emporté quelques années plus tard en pleine fleur de jeunesse, ce bon Georges Spero, éminent esprit et grand cœur, dont le souvenir me restera éternellement cher, était alors secrétaire particulier du Directeur, et son affection si sincère me fut témoignée en cette circonstance par une attention aussi gracieuse qu’imprévue.

      Un jour, en rentrant chez moi, je vis avec une stupéfaction quasi incrédule la fameuse pendule placée sur ma cheminée, là, juste devant moi!..

      C’était bien elle! Mais comment était-elle là? Quel chemin avait-elle pris? D’où venait-elle?

      J’appris que l’illustre auteur de la découverte de Neptune l’avait envoyée à réparer chez l’un des principaux horlogers de Paris, que celui-ci avait reçu de Chine une antique pendule astronomique du plus haut intérêt et en avait offert l’échange, lequel avait été accepté; et que Georges Spero, chargé de la transaction, avait racheté l’œuvre de Pradier pour me l’offrir en souvenir des leçons de mathématiques que je lui avais données.

      Avec quelle joie je revis mon Uranie! Avec quel bonheur j’en rassasiai mes regards! Cette charmante personnification de la Muse du Ciel ne m’a jamais quitté depuis. Dans mes heures d’étude, la belle statue se tenait devant moi, semblant me rappeler le discours de la déesse, m’annoncer les destinées de l’Astronomie, me diriger dans mes adolescentes aspirations scientifiques. Depuis, des émotions plus passionnées ont pu séduire, captiver, troubler mes sens; mais je n’oublierai jamais le sentiment idéal que la Muse des étoiles m’avait inspiré, ni le voyage céleste dans lequel elle m’emporta, ni les panoramas inattendus qu’elle déploya sous mes regards, ni les vérités qu’elle me révéla sur l’étendue et la constitution de l’univers, ni le bonheur qu’elle m’a donné en assignant définitivement pour carrière à mon esprit les calmes contemplations de la nature et de la science.

      DEUXIÈME PARTIE

      Georges Spero

      I

      LA VIE

      L’ardente lumière du soir flottait dans l’atmosphère comme un prodigieux rayonnement d’or. Des hauteurs de Passy, la vue s’étendait sur l’immense cité qui, alors plus que jamais, était non pas une ville, mais un monde. L’Exposition universelle de 1867 avait réuni en ce Paris impérial toutes les attractions et toutes les séductions du siècle. Les fleurs de la civilisation y brillaient de leurs plus vives couleurs et s’y consumaient dans l’ardeur même de leurs parfums, mourant en pleine fièvre d’adolescence. Les souverains de l’Europe venaient d’y entendre une éclatante fanfare, qui fut la dernière de la monarchie; les sciences, les arts, l’industrie semaient leurs créations nouvelles avec une prodigalité inépuisable. C’était comme une ivresse générale des êtres et des choses. Des régiments marchaient, musique en tête; des chars rapides s’entre-croisaient de toutes parts; des millions d’hommes s’agitaient dans la poussière des avenues, des quais, des boulevards; mais cette poussière même, dorée par les rayons du soleil couchant, semblait une auréole couronnant la ville splendide. Les hauts édifices, les dômes, les tours, les clochers, s’illuminaient des reflets de l’astre enflammé; on entendait au loin des sons d’orchestre mêlés à un murmure confus de voix et de bruits divers, et ce lumineux soir, complétant une éblouissante journée d’été, laissait dans l’âme un sentiment de contentement, de satisfaction et de bonheur. Il y avait là comme une sorte de résumé symbolique des manifestations de la vitalité d’un grand peuple arrivé à l’apogée de sa vie et de sa fortune.

      Des hauteurs de Passy où nous sommes, de la terrasse d’un jardin suspendu comme aux jours de Babylone au-dessus du cours nonchalant du fleuve, deux êtres appuyés à la balustrade de pierre contemplent le bruyant spectacle. Dominant cette surface agitée de la mer humaine, plus heureux dans leur douce solitude que tous les atomes de ce tourbillon, ils n’appartiennent pas au monde vulgaire et planent au-dessus de cette agitation, dans l’atmosphère limpide de leur bonheur. Leurs esprits pensent, leurs cœurs aiment, ou, pour exprimer plus complètement le même fait, leurs âmes vivent.

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