La coucaratcha. III. Эжен Сю
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Название: La coucaratcha. III

Автор: Эжен Сю

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ la porte était fermée en dedans; je dis à ma pauvre femme que si elle ne m’ouvrait pas, j’allais enfoncer la porte; on ne me répondit pas, j’envoyai mon valet de chambre chercher un merlin, et en deux coups la porte fut en dedans: une porte de bois de citron incrustée de palissandre. Je m’apprêtais à rire ou à me fâcher, selon que ma pauvre femme aurait pris cela, lorsqu’en m’approchant de son lit je vis qu’elle était évanouie; nous la fîmes revenir, et elle tomba dans une horrible attaque de nerfs… qui se calma, et je fus coucher dans ma chambre sot comme un panier.

      «Depuis ce jour là, votre serviteur de tout mon cœur, la porte de la chambre de ma pauvre femme me fut à jamais fermée, malgré ma résolution; car elle me dit que si j’insistais elle se jetterait par la fenêtre, elle me dit cela, Dumont, d’un tel ton que je pâlis, car je voyais clair comme le jour qu’elle l’aurait fait comme elle le disait: car par moment elle avait une résolution du diable.

      «Le sacrifice fut d’ailleurs d’autant moins grand que, de ce jour, sa santé s’affaiblit de plus en plus; elle ne se leva que peu, ses yeux se creusèrent d’une manière effrayante, elle qui était déjà très maigre devint comme une ombre; enfin un beau jour elle envoya chercher des prêtres… Mais voyons, ne vas pas te moquer de moi, Dumont; je n’ai pas de préjugés, tu le sais bien, comme toi je méprise les jésuites, j’ai lu mon Touquet, et je suis philosophe; mais enfin un désir de mourant, ça ne peut guère se refuser… Puis, que veux-tu…? c’est une faiblesse, je l’avoue, mais enfin c’est fait ainsi n’en parlons plus: si bien que toute la sequelle de calottins entra chez moi; mais je recommandai bien à mes domestiques de ne pas les saluer, entends-tu bien, Dumont, voilà qui rachètera peut-être ma faute à tes yeux. Enfin on administra ma pauvre femme, elle fit mettre sur le pied de son lit le portrait de sa mère et de son père me prit la main et me dit qu’elle me pardonnait tout le mal que je lui avais fait… regarda encore le portrait de ses parens, fit un effort comme pour leur tendre les bras, ouvrit énormément les yeux, et puis retomba sur son oreiller. J'étais veuf, mon pauvre Dumont!

      «Tu vois au moins que sa fin a été douce comme sa vie; car, pour le mal que je lui avais fait, et qu’elle me pardonnait, c’était sans doute le délire qui la faisait divaguer, car je défie de trouver une femme plus heureuse qu’elle… Mais, entre nous, maintenant qu’elle est morte, on peut dire cela, elle avait un de ces caractères gruincheux qui ne sont contents de rien, et puis elle avait été très mal élevée par sa bigote de famille, car elle était remplie de préjugés et de superstitions ridicules; mais enfin n’en parlons plus qu’avec reconnaissance; car elle menait supérieurement ma maison et elle ne m’a jamais donné l’ombre de jalousie: il est vrai que je ne recevais presque personne; mais c’est toujours très bien, et je conserverai toujours un bien bon souvenir de ma pauvre Cécile.

      «Voilà où j’en suis, mon cher Dumont; comme je te l’ai dit, j’ai pris assez sur moi pour ne pas me laisser trop abattre, et je n’ai presque pas changé depuis l’évènement; l’appétit se soutient, et même, dans la crainte que le chagrin ne me dérangeât l’estomac, je me suis mis à prendre un consommé au sagou entre mes repas, et je m’en trouve très bien. Somme toute, je supporte assez bien ma triste position. Il n’y a que les soirées qui me paraissent longues; car je ne puis encore aller au spectacle à cause de mon deuil, aussi je compte voyager pour attendre la fin, parce qu’en voyage, au moins, on ne sait ni de qui ni depuis quand vous êtes en deuil, et ça ne fait ni bien ni mal à ceux qui n’y sont plus que vous alliez vous distraire de votre chagrin; et d’ailleurs le deuil est dans le cœur et non dans l’habit, n’est-ce pas Dumont?

      «Je voyagerai comme cela sept ou huit mois pour pouvoir attendre le moment de me remarier; car je suis bien décidé à ne pas recommencer ma vie de garçon, ainsi j’attendrai; après tout, même un an de veuvage ce n’est pas la mer à boire, et j’aime mieux ne pas me presser, afin de bien choisir cette fois, et n’avoir pas à recommencer de sitôt.

      «J'oubliais aussi de te dire que dans mon département j’ai toutes les chances possibles, et que je suis même certain d'être nommé député; je n’ai pas besoin de te dire, à toi, Dumont, que je serai pour l’ordre de choses actuel, d’autant plus que je suis commandant de la garde nationale de chez moi, et que j’ai été très bien, mais très bien accueilli à la cour.

      «Aussi tu sens bien, mon cher Dumont, que tous les bons Français doivent s’unir contre la république, comme me le disait un de ces messieurs du château, très fort en politique et parfaitement instruit des menées de ces monstres de républicains:

      «Vous ne croiriez pas, monsieur de Noirville, que vous êtes le neuvième sur la liste des gens que la République doit faire guillotiner si elle a le dessus: car la liste de proscription comprend dix-sept mille trois cent quarante quatre propriétaires, dont les propriétés sont destinées à former le domaine national que l’on partagera aux prolétaires.

      «Tu m’avoueras, Dumont, qu’il n’y a pas à reculer devant une pareille atrocité, car ce monsieur du château est fort bien instruit; que diable! 17,344 propriétaires! on n’invente pas un nombre comme celui-là, n’est-ce pas, Dumont? aussi faut-il que tous les bons Français se rallient derrière le trône de juillet, comme dit ce monsieur du château; car nous ne pouvons que tomber de Charybde en Scylla. Et la preuve que le juste-milieu est la seule route, c’est que ce même monsieur du château me disait encore que du côté des carlistes, c’était bien autre chose; car, le croirais-tu, Dumont, dans le cas où Henri V reviendrait, ce même monsieur du château m’a dit que je suis aussi sur la liste de proscription de ces misérables-là, et que j’ai le numéro 19 ; car cette liste s’étend aussi à 16.235 propriétaires, dont les propriétés doivent faire la pâture de ces infâmes tartufes sous le titre de domaine du clergé, afin d'être partagées aux jésuites.

      «Ainsi, tu le vois, Dumont, d’un côté les républicains, de l’autre côté les jésuites, comme disait ce monsieur du château. Il ne reste donc à un honnête homme, à un bon Français, qu’un parti à prendre, celui qui lui garantit ses propriétés, et lui assure des privilèges; car, ainsi que me le disait toujours ce même monsieur du château, il n’y a plus maintenant qu’une aristocratie possible, celle dont vous êtes, monsieur de Noirville, en un mot celle de la fortune, qui vous met maintenant au faîte de l’édifice social, et qui vous place aussi haut que l’étaient les grands seigneurs et les maréchaux de l'Empire.

      «Tu m’avoueras que voilà un système politique qui répond aux besoins du pays, et qui classe chacun à sa place; aussi j’y suis tout dévoué d’avance; j’attends ton retour à Paris avec impatience pour que tu me retouches un peu ma profession de foi aux électeurs. Une fois cela fait, je voyage et je reviens pour les élections et pour me remarier.

      «Adieu, mon cher Dumont, plains bien ton malheureux ami.

«Adolphe de NOIRVILLE.»

      CHAPITRE X

CONCLUSION

      M. de Noirville s’est remarié fort richement.

      Il est député, il siége au centre, il est heureux, il engraisse.

      Il rit parfois des superstitions et des préjugés de sa pauvre défunte, lorsqu’il en parle avec sa seconde femme, qui, dit-il, est au moins une fameuse commère, une grosse réjouie, qui à coup sûr ne mourra pas de mélancolie, celle-là!

      LES MONTAGNES DE LA RONDA

      CHAPITRE PREMIER

FRAGMENT DU JOURNAL D'UN INCONNU

      … J'avais alors seize ans, je crois, et j’étais embarqué à bord de la frégate***, comme aspirant de marine. Notre bâtiment vint stationner à Cadix, où il resta СКАЧАТЬ