Histoire amoureuse des Gaules; suivie des Romans historico-satiriques du XVIIe siècle, Tome I. Bussy Roger de Rabutin
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Читать онлайн книгу Histoire amoureuse des Gaules; suivie des Romans historico-satiriques du XVIIe siècle, Tome I - Bussy Roger de Rabutin страница 31

СКАЧАТЬ Il ne le garde pas long-temps.

Il est un de ceux qui imaginent (Walck., t. 1, p. 334) de mettre le duc de Nemours aux pieds de madame de Longueville pour créer un rival à La Rochefoucauld. Rien n'est plus étrange que la fantaisie qui le prend d'être le vainqueur du cardinal de Mazarin en quelque chose, de lui enlever le cœur d'Anne d'Autriche (1649), et que la manière dont il affiche ses prétentions. Condé, curieux de scandale et déjà mécontent, l'y poussoit (Mott., t. 3, p. 400). Après l'éclat, après la triomphante colère de la reine, Condé se déclare offensé en la personne de Jarzay; il en fait son ami, il ne sort plus qu'avec lui.

C'est en cette même année 1649 qu'a lieu la bataille ridicule du jardin des Tuileries, chez Renard. Un peu auparavant, près de Sens, Jarzay avoit été presque battu; il tient la campagne contre le marquis ou comte de La Boulaye, très grand frondeur (Mott., t. 3, p. 276); mais on dit que la paix se va faire, que les querelles sont suspendues. Les gens de la cour, exilés de Paris depuis si long-temps, s'y glissent par petites bandes; ils font des parties fines. Jarzay est un de ceux qui osent être bruyants. On sait ce qui lui arrive. Parmi les Mazarinades, celle-ci lui est consacrée (Bibl. nat., t. 2, n. 1278): «Le Grand Gerzay battu, ou la Canne de M. de Beaufort au festin de Renard aux Thuilleries, en vers burlesques.

Madame de Motteville (t. 3, p. 291) a fait de tout cela un charmant récit, où Jarzay, «le moins sage de tous les hommes», Candale, Manicamp et les autres, figurent agréablement. Cela est fâcheux à dire, mais Jarzay, ce jour-là, fut bâtonné par Beaufort. Il en devint populaire dans Paris pour sa consolation. «Il n'étoit pas aimé, parcequ'il étoit d'un naturel brusque, qu'il étoit vain, railleur et léger.» (Mott., t. 3, p. 377.)

Toutes ces aventures le transforment en un furieux partisan de Condé. Il est blessé au combat de Saint-Antoine, comme Villars, Guitaut, le marquis de Clérambault, du Fouilloux, etc. (Quincy, t. 1, p. 158). Bientôt il est «l'entier confident» du prince (Lenet, Coll. Michaud, p. 541). J'oublie une blessure reçue au bras dans la rue Dauphine (Montp., t. 2, p. 157).

L'amour marche à la traverse en ces jours de bagarre. La folie du marquis lui donne des grâces; il est l'un des plus fortunés vainqueurs des belles.

En 1658, on le chasse comme partisan de Condé (Montp., t. 3, p. 326); carrière perdue, comme celle de tant de brillants personnages du temps de la Régence! Sa disgrâce devoit pour long-temps se faire sentir à ses enfants. Bussy écrit: «Le roi ne voit pas d'ordinaire les enfants des exilés (comme les comtes de Limoges et les Jarzay)». (Sév., 24 juin 1672.)

La fin de l'histoire n'est pas gaie: «Jarzé étoit avec M. de Munster; il a eu permission de se faire assommer et il y a bien réussi. Vous savez que Jarzé étoit aussi exilé.»

Jarzay, exilé, avoit eu permission de se mêler aux combattants de la campagne de Hollande. À peine arrivé, une sentinelle le tua (Lettre de Pellisson du 19 juin 1672). Son petit-fils fut amputé du bras, en 1688, à Philipsbourg. Il y avoit trois ans qu'il avoit le régiment d'Hamilton (Sourches, t. 1, p. 48). On le voit, en 1708, ambassadeur d'un jour en Suisse (Saint-Simon, t. 6, p. 208).

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Basile Fouquet, mort en 1683. Il reparoîtra, plus puissant acteur et plus nécessaire à étudier.

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Je vois un Vineuil (Tall. des R., t. 1, p. 472) qui, en 1643, «à la porte des Thuilleries», reçoit des coups de plat d'épée du comte de Maulny. «On l'appeloit Ardier le gentilhomme.» C'est donc le nôtre, mais les coups de plat d'épée étonnent. Ici on lit: comte de Vineuil (Mém. de M. de ***, Coll. Michaud, p. 534); ailleurs: Ardier, sieur de Vineuil, gentilhomme de M. le Prince; ailleurs: marquis de Vineuil, secrétaire du roi. Celui-ci, spirituel, bien fait (Tall., t. 4, p. 231), jouit, dans la fleur de sa beauté, de la fille du maréchal de Châtillon (plus tard madame de Wurtemberg). Faut-il, philosophiquement, faire la synthèse de ces diverses entités? Faut-il croire à un Vineuil unique sous trois apparences? Cela se peut. Vineuil avoit de l'esprit, il aimoit le mordant, il étoit bien fait; il plut (Walck., t. 1, p. 337) à madame de Montbazon, à madame de Movy. Retz en est garant quant à ce qui regarde la première (Mém. du card de Retz, p. 175). «Vigneuil, dit-il (1649), aimé effectivement

On voit Vineuil chargé de proposer à madame de Chevreuse le mariage de sa fille avec le prince de Conti, lorsque celui-ci cessa de vouloir être cardinal de la sainte Église (Lenet, p. 316); il avertit Condé de son imminente arrestation, en 1650 (Montp., t. 2, p. 77). La guerre commence; il est des plus actifs dans son parti. Il est arrêté à Portiers en 1651 (Mott. t. 4, p. 307); en 1653, venant de Flandre avec des lettres, il se fait encore prendre (Montp., t. 2, p. 390). Brienne, le vieux Brienne, a indiqué quel fut le rôle politique de Vineuil (Mém. de Brienne, Coll. Michaud, p. 133). Nous ne le retrouvons que plus tard, à Saumur (Sevigné, 17 septembre 1675): «Vineuil est bien vieilli, bien toussant, bien crachant et dévot, mais toujours de l'esprit.»

MM. d'Olonne, de Vasse et Vineuil étoient exilés. Ce fut au retour de cet exil que, le roi demandant à M. de Vineuil ce qu'il faisoit à Saumur, lieu de son exil, il dit qu'il alloit tous les matins à la halle, où se débitoient les nouvelles, et qu'un jour on y disputoit pour savoir lequel étoit l'aîné, du roi ou de Monsieur.

Madame de Sévigné dit encore (20 novembre 1676) que Vineuil doit faire la vie de Turenne. Rien n'en a paru.

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N'en déplaise à ceux qui veulent un titre plus relevé, on appeloit portiers les plus qualifiés concierges de la cour.

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Madame de Bonnelle, femme de Noël de Bullion, seigneur de Bonnelle, marquis de Gallardon, membre du parlement de Paris, semble un peu folle à madame de Sévigné (1 avril 1672). Tallemant des Réaux (Historiette de madame de Cavoie) lui donne peu d'esprit. Ce même Tallemant, à la date de 1639 (t. 2, p. 149), parle de son mariage: «Le cardinal de Richelieu souhaitta que Bonnelle (Noël de Bullion), fils aisné de Bullion (surintendant), espousast mademoiselle de Toussy (Charlotte de Prie, fille du marquis de Toucy), qui estoit un peu parente de Son Éminence. Bonnelle n'en avoit point envie.»

M. P. Paris extrait d'un recueil de lettres manuscrites (de Henry Arnault au président Barillon) quelques lignes qui montrent qu'un mois tout au plus après le mariage les époux vivoient mal ensemble.

En 1652, madame de Bonnelle est amie de Mademoiselle (Montp., t. 2, p. 313). Sa maison est richement montée; il s'y donne des fêtes. La comtesse de Fiesque y vient comme chez elle; on y joue (Montp., t. 2, p. 341). Ce n'est pas assez dire: la maison de madame de Bonnelle (V. Loret) est la maison de jeu la plus considérable de ce temps-là. Le peuple le savoit, et cette renommée ne lui plait guère. Madame de Bonnelle est un jour, en Fronde (1652), insultée sur le Pont-Neuf (V. les Varietés historiques, t. 3, p. 340). Une lettre de cachet, le 22 octobre 1652, lui apprit qu'elle étoit exilée comme frondeuse (Berthod, Coll. Michaud, p. 371). Elle revint, elle rejoua, elle se ruina; il lui fallut aller se refaire en Normandie. On sait que son fils Fervaques fut le galant de madame de La Ferté, sœur de madame d'Olonne, en un temps où il étoit bien jeune et où elle ne l'étoit plus. Ce Fervaques étoit un gros et grand bloc de chair molle. Madame de Bonnelle a eu trois nièces suffisamment galantes: la duchesse d'Aumont, la duchesse de Ventadour et la duchesse de La Ferté, belle-fille de la maréchale.

M. de Bonnelle n'avoit pas passé pour un aigle. «Malgré l'alliance qu'il fit de Charlotte de Prie, sœur ainée de la maréchale de La Mothe, il ne fut jamais que conseiller d'honneur au parlement.» (Saint-Simon, t. 4, p. 158.)

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Il y avoit trois Cornuel: la mère et deux belles-filles. Cette fois ce ne seroit pas trois pages, c'est vingt, trente pages, un article de revue bien limé, qui seroit de mise. Madame Cornuel mérite plus encore. Rien n'a égalé, au XVIIe siècle, le naturel, l'abondance, le sel, le mordant, le goût de ses bons mots. Entre toutes les causeuses de France elle a tenu sans conteste le premier rang. Celles-là même qui, au dessous d'elle, avoient de la réputation, reconnoissoient sa supériorité. Notez qu'elle n'a rien écrit, qu'aucun des traits de son esprit vivant n'est compromis par là, et n'oubliez pas que nous ne connoissons guère qu'une centaine de ces mots si vifs, si fins, si perçants, qu'admiroient les contemporains et qu'ils redoutoient. De si loin on a quelque peine à en sentir profondément la pointe, quelques uns s'émoussent en traversant les années; mais il en reste assez pour que nous lui devions garder sa place dans une histoire des salons françois. L'auteur des études sur la Société polie auroit dû la lui faire. Madame de Sévigné, qui s'y entendoit, écrivoit bien à sa fille, qui s'y СКАЧАТЬ