Œuvres complètes de lord Byron, Tome 7. George Gordon Byron
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СКАЧАТЬ conviens; ta vertu s'est montrée dans l'érection de ces villes, fondées par suite d'un caprice, et recommandées par un vers qui doit les déshonorer avec toi dans les âges futurs.

SARDANAPALE

      Me déshonorer! Par Baal, ces villes, quoique fort bien bâties, ne sont pas plus belles que ces vers. Dis contre moi, contre mes mœurs, tout ce que tu voudras; mais ne va pas nier la vérité de cette courte sentence; elle te rappellera l'histoire de toutes les choses humaines. Écoute:

      Sardanapale, roi, fils d'Anacyndaraxe,

      A bâti dans un jour Anchiales et Tarse:

      Bois, mange, fais l'amour: tout le reste n'est rien.

SALEMÈNES

      Admirable morale! et belle inscription pour un roi, à mettre sous les yeux de ses sujets!

SARDANAPALE

      Oh! sans doute, tu voudrais me voir publier en forme d'édits: «Obéissez au roi, – joignez vos tributs à ses trésors, – recrutez ses phalanges, – répandez votre sang à son premier commandement, – courbez-vous et glorifiez, ou levez-vous et travaillez.» Ou bien encore: – «Sardanapale, en ce lieu, égorgea cinquante mille de ses ennemis; voilà leur sépulcre, et voici son trophée.» Je laisse de tels soins aux conquérans; c'en est assez pour moi de chercher à alléger, pour mes sujets, le poids des misères humaines, et à adoucir leur descente vers la tombe; je ne prends aucune licence que je ne leur accorde. Tous, nous sommes des hommes.

SALEMÈNES

      Mais, tes aïeux furent honorés comme des dieux.

SARDANAPALE

      Des dieux! morts et pulvérisés, c'est-à-dire n'étant plus ni dieux ni hommes. Ne viens pas me parler de telles choses! Les vers seuls sont des dieux, puisqu'ils se repaissent de vos dieux, puisqu'ils meurent d'inanition, quand ces mets viennent à leur manquer. Crois-moi, tes divinités n'étaient que des hommes; regarde leur postérité. – Dans moi, je sens mille preuves de ma mortalité, aucune de ma nature céleste, à moins qu'on ne prenne pour telle, justement ce que vous condamnez, un penchant à l'amour, à la clémence, au pardon des folies de mes semblables, et (ce qui tient plus à l'humanité) une grande indulgence pour les miennes.

SALEMÈNES

      Hélas! la perte de Ninive est résolue. – Malheur, – malheur à la cité sans rivale!

SARDANAPALE

      Que crains-tu donc?

SALEMÈNES

      Tu es sous la garde de tes ennemis; dans quelques heures éclatera la tempête qui doit te renverser et les miens et les tiens; encore un jour, et la race de Bélus n'existera plus.

SARDANAPALE

      Que nous faut-il donc craindre?

SALEMÈNES

      L'ambition, la trahison qui a semé sur tes pas les piéges; une ressource reste encore: donne-moi, avec ton seing, le pouvoir d'étouffer les machinations, et je déposerai bientôt à tes pieds les têtes de tes principaux ennemis.

SARDANAPALE

      Les têtes! – et combien?

SALEMÈNES

      Faut-il les compter, quand la tienne elle-même est en danger? laisse-moi agir, donne-moi ton seing, et repose-toi sur moi du reste.

SARDANAPALE

      Je ne permettrai jamais de disposer d'un nombre illimité de vies. Quand nous prenons celle des autres nous ignorons et ce que nous avons pris et ce que nous avons accordé.

SALEMÈNES

      Quand ils en veulent à ta tête, craindrais-tu de prendre la leur?

SARDANAPALE

      C'est une grande question. – Oui, répondrai-je cependant. Ne peut-on trouver d'autres remèdes? Quels sont ceux que tu soupçonnes? – Je consens à ce qu'on les arrête.

SALEMÈNES

      J'aimerais mieux que tu ne me le demandasses pas; aussitôt, ma réponse traversera les rangs indiscrets de tes favorites, de là courra jusqu'au palais, puis jusqu'à la ville, et tout sera perdu. – Confie-toi sur moi.

SARDANAPALE

      En effet, tu sais que j'en ai toujours agi ainsi; prends mon seing, le voici, (Il lui donne son seing.)

SALEMÈNES

      Je n'ai plus qu'une requête.

SARDANAPALE

      Nomme-la.

SALEMÈNES

      Renonce, pour cette nuit, au banquet que tu as fait dresser dans le pavillon sur l'Euphrate.

SARDANAPALE

      Renoncer au banquet! Non, pour tous les complots qui jamais bouleversèrent un empire; qu'ils viennent, qu'ils réussissent: ils ne me feront ni trembler, ni m'éveiller plus tôt, ni déposer ma coupe. Quoi qu'ils fassent, je n'ôterai pas une seule rose de ma couronne, je ne perdrai pas une seule heure de plaisir. – Je ne les crains pas.

SALEMÈNES

      Mais, s'il était nécessaire, t'armerais-tu; oui, ou non?

SARDANAPALE

      Peut-être. J'ai d'excellentes armes, une épée d'une trempe merveilleuse; un arc, une javeline digne de Nemrode lui-même; un peu pesante, il est vrai, mais encore supportable. Et, maintenant que j'y pense, il y a long-tems que je ne m'en suis servi, même pour la chasse. Les as-tu vues, frère?

SALEMÈNES

      C'est bien le tems de pareilles plaisanteries! – S'il le fallait, revêtirais-tu ces armes?

SARDANAPALE

      Ou ne les revêtirais-je pas? Oh! s'il le faut, et que ces insolens esclaves ne veulent pas être redressés à moins, je saurai manier l'épée, jusqu'à ce qu'ils veuillent bien me permettre de revenir aux fuseaux.

SALEMÈNES

      Il y a déjà long-tems, disent-ils, que tu les as changés contre ton sceptre.

SARDANAPALE

      Mensonge! mais laissons-les dire. Les anciens Grecs, dont nos captives chantent souvent les faits, racontaient la même chose de leur plus grand héros, Hercule, parce qu'il vint à aimer une reine de Lydie. Tu le vois, partout la populace s'empare de toutes les calomnies qui peuvent blesser leurs souverains.

SALEMÈNES

      Ils ne parlaient pourtant pas ainsi de tes ancêtres.

SARDANAPALE

      Non, ils n'osaient. Contraints de souffrir et de combattre, jamais ils n'échangeaient leurs chaînes que contre des armes. Maintenant, ils ont paix et bonheur, le loisir de rire et de railler; je ne m'en fâche pas. Je ne donnerais pas le gracieux sourire d'une seule belle fille, pour toute la renommée populaire qui jamais distingua un nom du néant. Et quelle est donc l'opinion de ce vil troupeau, devenu plus insolent par la pâture, pour me forcer à rechercher ses fastidieux éloges ou craindre ses assommantes clameurs?

SALEMÈNES

      Vous l'avez dit, ce sont des hommes; et comme tels, ils ont parfois un cœur.

SARDANAPALE

      Et mes dogues aussi; le leur même est plus fidèle, et par conséquent meilleur; – mais, continuons. Tu as mon seing, et puisqu'ils sont soulevés, il faut les apaiser; mais sans trop de violence, à moins que la nécessité n'en fasse une loi. J'ai horreur de toutes les peines infligées ou subies; nous en avons assez en nous-mêmes, le dernier sujet comme le plus puissant monarque, pour ne pas encore ajouter au mutuel fardeau des misères humaines, et pour nous obliger, par une allégeance réciproque, à nous soulager l'un l'autre d'une partie de nos ennuis naturels. Mais voilà ce qu'ils ne savent pas, ou ne veulent pas savoir. J'en atteste Baal: j'ai fait tout ce que je pouvais pour les soulager; je n'ai pas entrepris de guerre, ajouté СКАЧАТЬ