Les Rues de Paris, tome troisième. Bouniol Bathild
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Название: Les Rues de Paris, tome troisième

Автор: Bouniol Bathild

Издательство: Public Domain

Жанр: Биографии и Мемуары

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isbn: http://www.gutenberg.org/ebooks/35054

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СКАЧАТЬ Puis, au commencement de l'année 1563, sa santé s'altéra de plus en plus; la fièvre le força de s'aliter et, le 17 février, il expira, à l'âge de 89 ans, après avoir dicté ce testament où l'homme tout entier se retrouve: «Je laisse mon âme à Dieu, mon corps à la terre, et mes biens à mes plus proches parents.»

      Le poète, d'ailleurs si vraiment poète d'Il Pianto, a-t-il donc tout à fait raison quand il dit, dans son sonnet sur Michel-Ange?

      Hélas! d'un lait trop fort la Muse t'a nourri,

      L'art fut ton seul amour et prit ta vie entière;

      Soixante ans tu courus une triple carrière,

      Sans reposer ton cœur sur un cœur attendri.

      Pauvre Buonarroti! ton seul bonheur au monde

      Fut d'imprimer au marbre une grandeur profonde,

      Et, puissant comme Dieu, d'effrayer comme lui.

      Aussi, quand tu parvins à ta saison dernière,

      Vieux lion fatigué, sous ta blanche crinière,

      Tu mourus longuement plein de gloire et d'ennui.

      Dieu ne veut effrayer que les méchants et même pour eux, dès qu'ils se repentent, il a dans sa miséricorde des trésors de bouté. Michel-Ange mourut plein de gloire sans doute, mais non pas plein d'ennui, témoin cet admirable sonnet qu'il écrivait trois ans avant sa mort, et qu'on lit avec plusieurs autres dans une lettre adressée à Vasari:

      «Porté sur une barque fragile, au milieu d'une mer orageuse, j'arrive au port commun où tout homme vient rendre compte du bien et du mal qu'il a faits.

      «Maintenant je reconnais combien mon âme fut sujette à l'erreur en faisant de l'art son idole et son souverain maître.

      «Pensers amoureux, imaginations vaines et douces, que deviendrez-vous maintenant que j'approche de deux morts, l'une certaine, l'autre menaçante?

      «Ni la peinture ni la sculpture ne peuvent suffire pour calmer une âme qui s'est tournée vers toi, ô mon Dieu, qui as ouvert pour nous tes bras sur la croix.»

      Ne sent-on pas ici le calme d'une grande âme battue naguère par les orages, mais pour laquelle la lumière s'est faite de plus en plus, et qui, dans la sérénité de sa foi, dans la certitude de son espérance, n'aspire qu'à dire à la terre son dernier adieu attirée qu'elle est vers la céleste patrie?

      Michel-Ange étant mort à Rome, par l'ordre du pape, son corps fut déposé dans l'église de Santo-Apostolo, en attendant le tombeau qu'on devait lui élever à Saint-Pierre. Mais Léonardo, le neveu de Buonarroti, instruit, par des amis présents à ses derniers moments, que son oncle avait témoigné de son désir d'être enterré à Florence, fit, pendant la nuit, en grand secret, par crainte de la jalousie des Romains, enlever le corps transporté rapidement à Florence. Dans cette ville, dès que la nouvelle s'en répandit, il y eut une émotion profonde mêlée de joie et de tristesse qui mit toute la population en rumeur. Après des funérailles magnifiques, dont les préparatifs avaient duré plusieurs mois, le corps fut déposé dans l'église de Santa-Croce, où se voit encore aujourd'hui le tombeau de Michel-Ange. Il fut exécuté par Lorenzo d'après les dessins de Vasari empressé de donner ce dernier témoignage d'affection à son maître, «le plus grand artiste qui eût jamais été», suivant ses expressions excessives sans doute, mais qui dans sa bouche ne peuvent étonner.

      TOUSTAIN

      Il y eut en France deux personnages de ce nom tous deux distingués dans des carrières fort différentes encore que leur mérite ne fût point tel qu'il pût donner à leur nom la grande célébrité. Le premier de ces deux hommes éminents, bénédictin de la congrégation de saint Maur (Toustain, dom Charles François), était né au Repos, diocèse de Séez, le 13 octobre 17.. d'une ancienne famille du pays de Caux. Ses études terminées au collége de l'abbaye de Jumièges, il fit profession dans cette même abbaye. Avec la vocation religieuse, il avait celle de la science. Sachant le grec et l'hébreu, il voulut avoir aussi des notions sur les langues orientales, et en même temps, il étudiait les langues modernes, l'italien, l'anglais, l'allemand et le hollandais. Mais sa passion pour la science et son amour de l'étude ne refroidirent jamais sa piété. Ordonné prêtre en 1729, il ne disait jamais la messe sans un tremblement causé par le respect et l'amour, et son action de grâces, d'après ce qu'on raconte, était souvent accompagnée de larmes abondantes. En 1747, le général de son ordre l'appela dans le couvent de St-Germain d'où il passa dans celui des Blancs-Manteaux. Les austérités du régime en même temps que les excès de travail avaient fort affaibli sa santé; pourtant il ne pouvait se résigner à quitter ses livres et ses pieuses pratiques. Ce ne fut que dans l'année 1754 que, par obéissance, il consentit à se rendre à St-Denis pour y prendre le laitage. Il mourut dans cette résidence, la même année, laissant plusieurs savants ouvrages imprimés ou manuscrits. Le plus important a pour titre La Nouvelle Diplomatique.

      Dans le 18e siècle également, vécut un personnage du même nom et de la même famille. Toustain (Gaspard François) né à Richebourg, le 23 février 1716, ayant embrassé l'état militaire, s'éleva jusqu'au grade de lieutenant des maréchaux. Il avait fait avec distinction les campagnes de 1733, 1741, 1756, blessé deux fois à la bataille de Dettingen en 1743. La Révolution, en dépit de ses loyaux services, lui supprima (1792) la pension de retraite dont il jouissait depuis une année à peine. Bien plus, emprisonné comme suspect sous la Terreur, et menacé de perdre la vie, le vétéran ne recouvra sa liberté qu'après le 9 thermidor. Il mourut en avril 1799. Cet homme de guerre était aussi un homme d'étude: il cultivait les lettres avec zèle; on a de lui plusieurs dissertations qui prouvent de l'érudition, entre autres deux Mémoires sur Jeanne d'Arc.

      LA TRÉMOUILLE OU LA TRÉMOILLE

      (LOUIS, SIRE DE)

      Louis XI qui, d'après Commines, était doué d'une sagacité si rare pour juger des hommes dès leurs premières années, avait deviné ce que serait un jour le jeune La Trémouille, venu à la cour pour être l'un de ses pages.

      «Ce jeune Louis, dit Bouchet, historien contemporain, fut amiablement reçu par le roi (à qui son père n'avait pas osé le refuser, quoiqu'il en eût bonne envie), et mis au nombre des enfants d'honneur. Et il les surmonta bientôt tous en hardiesse, finesse, cautelles et ruses, comme à lutter, chasser, lancer la barre, chevaucher et tous autres jeux honnêtes et laborieux, en sorte qu'on ne parlait en cour que du petit Trémoille: dont le roi fut fort joyeux. Et lui voyant parfois faire ces bons tours, disait aux princes et seigneurs de sa compagnie:

      « – Ce petit Trémoille sera quelquefois le soutènement (soutien) et la défense de mon royaume: je le veux garder pour un fort écu (bouclier) contre Bourgogne19

      Un autre jour, montrant le jeune page «qui avait si bonne grâce, beau comme un semi-dieu, son corps étant de moyenne stature, ni trop grand ni trop petit, bien organisé de tous ses membres, la tête élevée, le front haut et clair, les yeux pers, le nez moyen et un peu aquilin, petite bouche, son teint net et brun, plus tirant sur vermeille blancheur que sur le noir, et les cheveux crêpelés et reluisant comme fin or,» Louis XI dit aux ambassadeurs du duc de Bourgogne:

      «La maison de Bourgogne a nourri et entretenu longtemps ceux de la Trémoille, dont j'ai retiré ce rejeton, espérant qu'il tiendra barbe aux Bourguignons.»

      La Trémouille ne trompa point ces espérances, arrivé promptement aux premiers grades de l'armée, surtout après la mort de Louis XI, dont Jean de Troyes, dans sa chronique, dit admirablement: «Ce prince fut si craint et redouté qu'il n'y avait si grand en son royaume et mêmement ceux СКАЧАТЬ



<p>19</p>

Vie de la Trémouille.