Les rues de Paris, Tome Premier. Bouniol Bathild
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Les rues de Paris, Tome Premier - Bouniol Bathild страница 6

Название: Les rues de Paris, Tome Premier

Автор: Bouniol Bathild

Издательство: Public Domain

Жанр: Биографии и Мемуары

Серия:

isbn:

isbn:

СКАЧАТЬ de fortune et d'avancement. Je me suis réfugié dans les lettres, heureux d'y retrouver un peu de liberté, de revenir tout entier aux études de mon enfance et de ma jeunesse, études que je n'ai jamais abandonnées, mais qui ont été l'ordinaire emploi de mes loisirs, qui m'ont procuré souvent du bonheur et m'ont aidé à passer les mauvais jours de la vie.»

      Ces mauvais jours ils étaient pour Andrieux la conséquence de la suppression de son emploi, car sans fortune et père de famille, ayant à sa charge, avec de jeunes enfants, une mère et une sœur, il se trouvait dans une situation fort difficile. C'est alors que Fouché, ministre de la police, qui en fut instruit, l'ayant fait venir, lui offrit une place de censeur en ajoutant:

      – On ne peut craindre avec moi que la censure dégénère en inquisition. Ce ne sera qu'une censure anodine. Je ne prétends nullement comprimer la pensée: les idées libérales se sont réfugiées dans mon ministère.

      – Tenez, citoyen ministre, répondit Andrieux, mon rôle est d'être pendu, non d'être bourreau.

      Et il sortit. À quelque temps de là eut lieu la proclamation de l'Empire. Un matin, une voiture à la livrée impériale s'arrête devant la modeste habitation dont Andrieux était un des locataires. Un personnage en descend, devant lequel la porte s'ouvre, et, à la grande surprise d'Andrieux, on annonce:

      – Son Altesse le prince Joseph Napoléon!

      Collègue d'Andrieux au Corps législatif, et d'habitude assis près du futur académicien avec lequel il aimait à s'entretenir, Joseph, dans la prospérité, ne l'avait point oublié. Allant à lui de l'air le plus affectueux et serrant sa main, il lui dit:

      «Il me tombe sur les bras une grande fortune, il faut que mes amis m'aident à en faire bon usage.»

      Andrieux fut nommé bibliothécaire du prince avec 6,000 francs d'appointements; puis membre de la Légion d'honneur; deux ans après, il devint bibliothécaire du Sénat et professeur de grammaire et belles-lettres à l'École polytechnique. En 1814, il fut nommé professeur de littérature au Collége de France.

      Andrieux n'oublia jamais à qui il était redevable de son heureuse situation. Le portrait de Joseph avait la place d'honneur dans son cabinet, et tous les ans ses lettres venaient témoigner de sa fidèle et pieuse gratitude en portant au bienfaiteur le souvenir de l'obligé. Dans le Dialogue entre deux journalistes sur les mots Monsieur et Citoyen (1797), Andrieux parle ainsi de lui-même.

      Mon esprit n'admet rien qui soit exagéré,

      Et j'ai même eu l'affront qu'on me crût modéré.

      On peut juger par ces deux vers de la nature de son talent et l'on ne s'étonnera pas si nous ajoutons, qu'aujourd'hui la forme chez lui paraît un peu démodée.

      D'ASSAS ET DESILLES

      I

      D'ASSAS

      D'Assas (chevalier), natif du Vigan, était capitaine au régiment d'Auvergne. Pendant la nuit du 15 au 16 octobre 1760, il commandait près de Closter-Camp, en Westphalie, une garde avancée. Sorti vers l'aube pour inspecter les postes, il tomba tout à coup au milieu d'une division ennemie qui se glissait silencieusement à travers les bois pour surprendre l'armée française endormie dans ses campements. Le capitaine d'Assas se voit aussitôt entouré; les épées et les baïonnettes se croisent sur sa poitrine, en même temps qu'une voix à l'accent impérieux et menaçant murmure à ses oreilles:

      – Pas un cri, pas un mot, ou vous êtes mort!

      Se taire cependant pour d'Assas c'était compromettre le salut de l'armée française que l'ennemi ne pouvait manquer de surprendre. Le chevalier l'a compris et il n'hésite pas; d'une voix éclatante qui retentit dans les plus lointaines profondeurs du bois et que l'écho porte soudain aux avant-postes français, il s'écrie:

      – À moi, d'Auvergne, voilà l'ennemi!

      À l'instant, il tombe la poitrine criblée de blessures, il tombe, mais en tournant les yeux vers le ciel dont la justice ne refuse jamais sa récompense à l'héroïque accomplissement du devoir. Et sur la terre après lui, avec ce magnanime exemple qui égale s'il ne les surpasse les traits les plus sublimes de l'antiquité trop vantée, d'Assas laissait un renom immortel; car tant que la France sera la France, tant que dans nos armées le patriotisme et le dévouement seront en honneur, le souvenir du héros de Closter-Camp fera palpiter les cœurs généreux.

      D'Assas n'avait point de fortune; une pension de 1,000 livres fut assurée à sa famille. Cette pension, la Révolution, qui parlait si haut de patriotisme, eut l'indignité de la supprimer, mais les terroristes balayés, elle fut rétablie.

      II

      DESILLES

      Au nom de d'Assas, il nous semble juste d'associer celui de Desilles, beaucoup moins populaire, et qui cependant méritait de conserver la célébrité dont il a joui naguère, mais trop peu de temps. Car le dévouement de Desilles ne fut pas moins admirable, sinon plus admirable que l'héroïsme de d'Assas, puisqu'il fut conseillé par la réflexion, et se produisit dans des circonstances singulièrement difficiles et douloureuses. Comme on l'a dit, plût à Dieu qu'il eût eu alors un plus grand nombre d'imitateurs!

      Après la fédération du 14 juillet 1790, l'armée, ce fut le grand malheur de l'époque, se vit travaillée par l'esprit d'insubordination. À Nancy, notamment, la garnison, composée de trois régiments, ceux du Mestre-de-Camp, de Châteauvieux et de Roi-Infanterie, se mit en pleine révolte. Desilles (Antoine-Joseph-Marc), né à Saint-Malo le 7 mars 1767, et par conséquent âgé de vingt-trois ans seulement, était officier dans le dernier de ces régiments, mais absent par suite d'un congé. À peine a-t-il appris ce qui se passe à Nancy que, malgré les larmes de sa mère et de ses sœurs tourmentées de cruels pressentiments, il repart en poste pour sa garnison et vient rejoindre sa compagnie dans l'espérance de la ramener ou de la maintenir dans le devoir, tout au moins d'empêcher les violences et les excès. Le 31 août, le marquis de Bouillé, à la tête de troupes peu nombreuses, mais sur lesquelles il pouvait compter, se présente devant la place. Avant d'en venir à l'ultima ratio, il voulut essayer des négociations qui paraissaient devoir aboutir, lorsque les meneurs, inquiets de voir les dispositions meilleures de la populace et des soldats, s'efforcèrent de raviver la sédition, et par des calomnies et des mensonges, les provoquèrent à commencer les hostilités.

      – Feu, feu, sur ces brigands! balayez-nous cette canaille! criaient-ils aux artilleurs qui se tenaient mèche allumée devant une pièce chargée à mitraille, tandis qu'on voyait s'avancer, l'arme au bras, croyant tout arrangé, l'avant-garde de Bouillé, composée de gardes nationaux et de Suisses.

      Un artilleur, trop docile à la voix des furieux, approche du canon la mèche enflammée, qu'un officier, Desilles, lui arrache des mains, en même temps qu'il se précipite devant la bouche du canon en criant d'une voix vibrante:

      – Mes amis, à quoi pensez-vous? ne tirez pas! ce sont des braves comme vous, des compatriotes, des frères! L'Assemblée nationale les envoie; voulez-vous désobéir, déshonorer notre drapeau?

      Vaines supplications! on l'arrache violemment du canon, mais il se précipite aussitôt sur une pièce de vingt-quatre à laquelle on allait mettre le feu et s'asseoit sur la lumière en se campronnant des deux mains au bronze et murmurant:

      – Non, non, vous me tuerez plutôt! Au nom de la France, mes amis, ne permettez pas cette guerre fratricide, impie…

      Il СКАЧАТЬ