Название: L'autre Tartuffe, ou La mère coupable
Автор: Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais
Издательство: Public Domain
Жанр: Зарубежная драматургия
isbn: http://www.gutenberg.org/ebooks/34841
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Et moi, je n'en veux point. Croyez-vous que, sur des soupçons… peut-être encor très peu fondés, j'irai me rendre le complice de la spoliation entière de l'héritier de votre nom? d'un jeune homme plein de mérite; car il faut avouer qu'il en a…
Plus que mon fils, voulez-vous dire? Chacun le pense comme vous; cela m'irrite contre lui!..
Si votre pupille m'accepte; et si, sur vos grands biens, vous prélevez, pour la doter, ces trois millions d'or, du Mexique, je ne supporte point l'idée d'en devenir propriétaire, et ne les recevrai qu'autant que le contrat en contiendra la donation que mon amour sera censé lui faire.
Loyal et franc ami! quel époux je donne à ma fille!..
MONSIEUR, voilà le coffre aux diamans; ne le gardés pas trop long-temps; que je puisse le remettre en place avant qu'il soit jour chez madame!
Susanne, en t'en allant, défends qu'on entre, à moins que je ne sonne.
Avertissons Figaro de ceci. (Elle sort.)
QUEL est votre projet sur l'examen de cet écrin?
Je ne veux plus te déguiser tous les détails de mon affront; écoute. Un certain Léon d'Astorga, qui fut jadis mon page, et que l'on nommait Chérubin…
Je l'ai connu; nous servions dans le régiment dont je vous dois d'être major. Mais il y a vingt ans qu'il n'est plus.
C'est ce qui fonde mon soupçon. Il eut l'audace de l'aimer. Je la crus éprise de lui; je l'éloignai d'Andalousie, par un emploi dans ma légion. – Un an après la naissance du fils… qu'un combat détesté m'enlève. (Il met la main à ses yeux.) Lorsque je m'embarquai vice-roi du Mexique; au lieu de rester à Madrid, ou dans mon palais à Séville, ou d'habiter Aguas frescas, qui est un superbe séjour; quelle retraite, Ami, crois-tu que ma femme choisit? Le vilain château d'Astorga, chef-lieu d'une méchante terre, que j'avais achetée des parens de ce page. C'est-là qu'elle a voulu passer les trois années de mon absence; qu'elle y a mis au monde… (après neuf ou dix mois, que sais-je?) ce misérable enfant, qui porte les traits d'un perfide! Jadis, lorsqu'on m'avait peint pour le bracelet de la Comtesse, le peintre ayant trouvé ce page fort joli, desira d'en faire une étude; c'est un des beaux tableaux de mon cabinet…
Oui… (Il baisse les yeux.) à telles enseignes que votre épouse…
Ne veut jamais le regarder? Eh bien! sur ce portrait, j'ai fait faire celui-ci, dans ce bracelet, pareil en tout au sien, fait par le même jouaillier qui monta tous ses diamans; je vais le substituer à la place du mien. Si elle en garde le silence; vous sentez que ma preuve est faite. Sous quelque forme qu'elle en parle, une explication sévère éclaircit ma honte à l'instant.
Si vous demandez mon avis, Monsieur, je blâme un tel projet.
Pourquoi?
L'honneur répugne à de pareils moyens. Si quelque hasard, heureux ou malheureux, vous eût présenté certains faits, je vous excuserais de les approfondir. Mais tendre un piége! des surprises! Eh! quel homme, un peu délicat, voudrait prendre un tel avantage sur son plus mortel ennemi?
Il est trop tard pour reculer; le bracelet est fait, le portrait du page est dedans…
Monsieur, au nom du véritable honneur…
Ah! mon cher portrait, je te tiens! J'aurai du moins la joie d'en orner le bras de ma fille, cent fois plus digne de le porter!.. (Il y substitue l'autre.)
Ah! voilà la boîte brisée!
Non; ce n'est qu'un secret que le débat a fait ouvrir. Ce double fond renferme des papiers!
Je me flatte, Monsieur, que vous n'abuserez point…
«Si quelque heureux hasard vous eût présenté certains faits, me disais-tu dans le moment, je vous excuserais de les approfondir»… Le hasard me les offre, et je vais suivre ton conseil. (Il arrache les papiers.)
Pour l'espoir de ma vie entière, je ne voudrais pas devenir complice d'un tel attentat! Remettez ces papiers, Monsieur, ou souffrez que je me retire. (Il s'éloigne.)
Je n'en veux pas apprendre davantage; renferme tous les autres, et moi je garde celui-ci.
Non; quel qu'il soit, vous avez trop d'honneur pour commettre une…
Une?.. Achevez; tranchez le mot, je puis l'entendre.
Pardon, Monsieur, mon bienfaiteur! et n'imputez qu'à ma douleur l'indécence de mon reproche.
Loin de t'en savoir mauvais gré, je t'en estime davantage. (Il se jette sur un fauteuil.) Ah perfide Rosine!.. Car, malgré mes légèretés, elle est la seule pour qui j'aye éprouvé… J'ai subjugué les autres femmes! Ah! je sens à ma rage combien cette indigne passion!.. Je me déteste de l'aimer!
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