Le tour de la France par deux enfants. Bruno G.
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Название: Le tour de la France par deux enfants

Автор: Bruno G.

Издательство: Public Domain

Жанр: Книги о Путешествиях

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isbn: http://www.gutenberg.org/ebooks/27782

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СКАЧАТЬ Julien; peut-être, si nous l'abandonnons ainsi, le verront-ils rapporter chez eux blessé, sanglant, comme l'était notre père.

      En entendant ces paroles, Julien se jeta au cou de son frère: – Tu es meilleur que moi, André, s'écria-t-il; mais comment faire?

      – Marchons à côté du cheval, nous le tiendrons par la bride. Si le voiturier s'éveille, nous nous sauverons.

      – Et s'il ne s'éveille point?

      – Nous verrons alors ce qu'il y a de mieux à faire. En tout cas, nous avons commis une étourderie ce matin en nous liant avec lui si rapidement; ne faisons pas ce soir une mauvaise action en l'abandonnant sur la grande route. Un honnête homme ne laisse point sans secours un autre homme en danger, quel qu'il soit. Nous sommes tous frères.

      XXXII. – Une rencontre sur la route. – Les gendarmes. – Loi Grammont, protectrice des animaux

Quand on n'a rien à se reprocher, on n'a point sujet d'avoir peur

      Les deux enfants hâtèrent le pas et rejoignirent le cheval; ils marchèrent auprès de lui, le dirigeant et l'empêchant de heurter la voiture aux tas de pierres.

      Ils allèrent ainsi longtemps, et l'ivrogne ne s'éveillait point. Julien était exténué de fatigue, car le pas du cheval était difficile à suivre pour ses petites jambes, mais il avait repris son courage habituel. – Ce que nous faisons est bien, pensait-il, il faut donc marcher bravement.

      Enfin nos enfants aperçurent deux gendarmes qui arrivaient à cheval derrière eux. André, aussitôt, s'avança à leur rencontre, et simplement il leur raconta ce qui était arrivé, leur demandant conseil sur ce qu'il y avait de mieux à faire.

      Les gendarmes, d'un ton sévère, commencèrent par dire à André de montrer ses papiers. Il les leur présenta aussitôt. Lorsqu'ils les eurent vérifiés, ils se radoucirent.

      – Allons, dit l'un d'eux, qui avait un fort accent alsacien, vous êtes de braves enfants, et j'en suis bien aise, car je suis du pays moi aussi.

      Les gendarmes descendirent de cheval et secouèrent l'ivrogne; mais ils ne purent le réveiller. – Il est ivre-mort, dirent-ils.

      – Enfants, reprit l'Alsacien, nous allons ramener l'homme, ne vous en inquiétez pas; nous savons qui il est, nous lui avons déjà fait un procès pour la brutalité avec laquelle il traite son cheval, car la loi défend de maltraiter les animaux. Mais vous, où allez-vous coucher?

      – Je ne sais pas, monsieur, dit André; nous nous arrêterons au premier village.

      – Parbleu! s'écria l'autre gendarme, puisque les enfants ont payé pour aller à Besançon et que nous ramenons la carriole jusque-là, qu'ils remontent; nous ferons route ensemble, et si l'ivrogne s'éveillait, nous sommes là pour le surveiller: ils n'ont rien à craindre.

      Les gendarmes poussèrent l'ivrogne tout au fond de la carriole. André et Julien s'assirent devant sur le banc du cocher.

      – Prenez les guides, mon garçon, dit à André le gendarme alsacien, et conduisez; nous remontons à cheval et nous vous suivrons.

      André ne savait guère conduire; mais le gendarme lui expliqua comment faire, et il s'appliqua si bien que tout alla à merveille. On arriva à Besançon le plus gaîment du monde. Julien remarqua que cette ville est une place forte et qu'elle est tout entourée par le Doubs, sauf d'un côté; mais, de ce côté-là, la citadelle se dresse sur une grande masse de rochers pour défendre la ville. Julien, quoique bien jeune, avait déjà assisté au siège de Phalsbourg: aussi les places fortes l'intéressaient. Il admira beaucoup Besançon, et, en lui-même, il était content de voir que la France avait l'air bien protégée de ce côté.

      Le gendarme alsacien recommanda ses jeunes compatriotes chez une brave femme qui leur donna un lit à bon marché.

      – Oh! André, s'écria alors naïvement le petit Julien, je ne me serais pas douté combien ces deux gendarmes devaient être bons pour nous; j'aurais plutôt eu peur d'eux.

      – Julien, répondit doucement André, quand on fait ce qu'on doit et qu'on n'a rien à se reprocher, on n'a jamais sujet d'avoir peur, et on peut être sûr d'avoir tout le monde pour soi.

      XXXIII. – Une proposition de travail faite à André. – Le parapluie de Julien

Celui qui se fait reconnaître pour un honnête garçon trouve aide et sympathie partout où il passe

      Le lendemain, au moment où les enfants achevaient de s'habiller, leur hôtesse entr'ouvrit la porte.

      – Jeunes gens, leur dit-elle, vous allez, paraît-il, jusqu'à Marseille; peut-être seriez-vous bien aises d'avoir une occasion de faire la route jusqu'à Saint-Étienne, sans qu'il vous en coûtât rien que la peine de travailler pendant un mois. Il y a soixante lieues d'ici à Saint-Étienne: c'est un fameux bout de chemin.

      – Madame, dit André, pourvu que ce soit en compagnie de braves gens, nous ne demandons qu'à travailler.

      – Soyez tranquilles, dit l'hôtesse; celui qui vous emploiera est un ami des gendarmes qui vous ont recommandés à moi hier soir. C'est un bien honnête homme, mais proche de ses intérêts. Descendez, vous lui parlerez.

      André et Julien descendirent dans la cuisine et se trouvèrent en face d'un grand montagnard jurassien qui, le dos à la cheminée, se chauffait debout, vis-à-vis de la porte par où arrivaient les enfants.

      Il les regarda rapidement et parut satisfait de son examen.

      – Voici ce qu'il y a, dit-il à André. Tous les ans, à cette époque, je faisais avec ma femme une tournée de Besançon à Saint-Étienne pour vendre et transporter les marchandises du pays; mais cette année-ci ma femme est malade: elle vient de me donner un fils, et je vais avoir de la peine à faire mes affaires tout seul. Pourtant ce n'est pas le moment de se reposer, puisque j'ai une bouche de plus à nourrir. Si vous voulez tous les deux travailler avec moi de bonne volonté, je me charge de vous pour quinze jours. Au bout de ces quinze jours vous serez à Saint-Étienne. Je vous coucherai et je vous nourrirai tout le long du chemin, mais je ne puis vous payer.

      Le petit Julien ouvrait de grands yeux et souriait à l'étranger.

      – Monsieur, dit André en montrant Julien, mon frère n'a pas huit ans, il ne peut guère faire autre chose que des commissions.

      – Justement, dit le Jurassien, il ne fera pas autre chose. Vous qui êtes grand et fort, vous m'aiderez à charger ma voiture, à soigner le cheval et à vendre.

      – Volontiers, dit André; mais si vous pouviez ajouter quelque chose, ne fût-ce que cinq francs, nous serions bien aises.

      – Pas un centime, dit l'homme, c'est à prendre ou à laisser.

      Julien sourit gentiment: – Oh! fit-il, vous me donnerez bien un parapluie, n'est-ce pas? si je vous contente bien: cela fait que nous pourrons voyager après cela même par la pluie.

      Le marchand ne put s'empêcher de rire à cette demande de l'enfant. – Allons, dit-il, mon petit homme, tu auras ton parapluie si les affaires marchent bien.

      XXXIV. – Le cheval. – Qualités d'un bon cheval. – Soins à donner aux chevaux

Un bon animal ne coûte pas plus à nourrir qu'un mauvais et rapporte beaucoup plus

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