À Genoux. Shanae Johnson
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Название: À Genoux

Автор: Shanae Johnson

Издательство: Tektime S.r.l.s.

Жанр: Вестерны

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isbn: 9788835429029

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СКАЧАТЬ meilleur effet.

      Elle avait laissé claquer derrière elle la porte de la chambre de l’hôpital militaire. En l’espace des six derniers mois, elle s’était fiancée à un autre homme et l’avait épousé. Dylan avait entendu dire que ce type était une star de la télé-réalité, et qu’Hilary l’était donc devenue, elle aussi.

      Il aurait aimé se dire qu’il l’avait échappé belle, mais il avait échappé à bien pire pendant la guerre. Son rejet n’en était pas moins douloureux.

      Mais cette vie était derrière lui. Sa réalité était ici désormais. Et il s’y épanouissait.

      Dylan chassa ces souvenirs amers et balaya le ranch du regard. Il avait renoncé à la haute société pour curer des écuries et labourer la terre. La meilleure décision de sa vie.

      Le ranch battait de l’aile avant qu’il n’y injecte ce qui correspondait à une toute petite partie de son héritage. Ses parents avaient d’abord rechigné à cette idée avant de se rendre compte que leur fils difforme serait ainsi camouflé aux yeux de la société, ainsi qu’aux leurs. Comme Hilary, les Banks tenaient à préserver les apparences. Un soldat décoré au service de son pays avait fière allure. Un amputé clopinant, beaucoup moins.

      Pour la deuxième fois ce jour-là, le bruit des sabots lui rappela celui de l’artillerie. Mais le stress post-traumatique de Dylan ne l’affectait pas comme les autres. Il avait été bien plus traumatisé par le rejet de sa famille que par la guerre. Il ne put donc que sourire en voyant Sean Jeffries arriver au trot.

      Sean était rentré de la guerre avec tous ses membres. Mais, comme tous les hommes qui vivaient au ranch, il avait laissé une part de lui-même au front. Sean salua Dylan d’un hochement de tête, abaissant son chapeau de cow-boy sur son front à la peau brune. Des lunettes de soleil noires cachaient son visage, obscurcissant presque toute sa personne du haut de sa monture. Sean n’aimait pas que les gens voient les cicatrices qui barraient son visage.

      Pourtant, il se tenait bien droit, la tête haute. La vie prenait un nouvel aspect depuis le dos d’un cheval. La thérapie n’aidait pas seulement à guérir les blessures physiques ; elle rétablissait aussi l’équilibre, la précision des mouvements et la coordination. Diriger un animal aussi imposant et regagner le contrôle de son corps augmentait l’estime que les soldats avaient d’eux-mêmes et leur redonnait une part de liberté.

      Le ranch ne proposait pas uniquement de l’hippothérapie. Le jardinage était très utile pour les fonctions sensorielles et tactiles. Les tâches du quotidien, comme pousser une brouette, ratisser, bêcher, désherber, planter et même arranger des fleurs participaient au rétablissement des fonctions motrices.

      À genoux dans le jardin, Reed Cannon déplaçait la terre pour planter des fleurs qu’il espaçait régulièrement. D’une main, il travaillait le terreau fertile, tandis que l’autre reposait, raide, dans la terre. La main raide était une prothèse. Il avait perdu la vraie dans la même explosion qui avait emporté la jambe de Dylan.

      Dylan traversa leur havre de paix, passant devant les campanules violettes auxquelles le ranch devait son nom. Il n’y avait pas que des fleurs et des légumes dans les jardins de ce sanctuaire : un jardin de papillons offrait aux vétérans un espace paisible où se retirer. Le ranch n’était pas là pour guérir uniquement leurs troubles physiques ou psychologiques, mais aussi leurs séquelles émotionnelles. Dylan et les autres soldats avaient dégagé des chemins pour les fauteuils roulants pour rendre le tout accessible à tous.

      Des vétérans plus âgés venaient parfois aussi au ranch pour soigner des blessures rapportées de guerres terminées depuis longtemps mais aux cicatrices encore fraîches. Dylan espérait pouvoir un jour ouvrir le ranch à des jeunes en difficulté pour leur offrir l’attention dont ils avaient besoin pour avoir l’espoir d’un avenir radieux. C’est pour cela que, non, il ne regrettait pas d’avoir laissé la haute société derrière lui. La société dont il rêvait, c’était celle qu’il créait ici.

      Alors que Dylan s’éloignait des jardins, l’odeur du bétail lui envahit les narines. Francisco DeMonti traversait le troupeau de moutons. Prendre soin d’animaux de taille moyenne aidait les vétérans à réapprendre à former des relations. Les animaux étaient les cobayes parfaits ; la plupart offraient un amour inconditionnel, surtout si la main qui leur était tendue contenait de la nourriture.

      Fran n’avait aucune cicatrice visible. Ses blessures étaient toutes internes, mais ne risquaient pas moins de le tuer pour autant.

      « Ta sortie de ce matin s’est bien passée ? »

      Fran sortit de l’enclot et rejoignit Dylan sur le chemin qui menait au bâtiment principal. Dylan hocha la tête.

      « Un vieux copain du centre pour les vétérans m’a appelé, expliqua Fran. Ils se demandent si on pourrait héberger quelques soldats de plus ?

      – On a la place. »

      Il y avait plusieurs logements sur le ranch, même si la plupart des soldats repartaient à la fin de leur thérapie ou de leur rééducation. Beaucoup avaient des familles à retrouver ou se rendaient compte que la vie au ranch ne leur convenait pas sur le long terme. Les cinq vétérans qui avaient fait du ranch leur foyer n’avaient nulle part où aller ou n’avaient pas envie d’y retourner. Leur vie était ici désormais. Dylan réaffirma :

      « On accueillera tous ceux qui ont besoin d’aide. »

      Et ils pouvaient se le permettre à moindre coût. Entre leurs pensions, que Dylan interdisait aux autres de dépenser pour le ranch, les aides du gouvernement, que Dylan reversait en bonus de salaires aux employés, et ses propres fonds, qui absorbaient le plus gros des dépenses, ils n’auraient jamais besoin de refuser qui que ce soit. Contrairement à ce que sa famille lui avait fait subir.

      « Bonne soirée les garçons ! »

      Le docteur Patel retournait à sa voiture, sa mallette dans une main et une Bible dans l’autre. Outre son statut de psychologue agréé, le docteur était également membre du clergé.

      « Vous allez à l’église ? demanda Fran.

      - Tout à fait, répondit le docteur avec un sourire. J’ai de la place sur le siège passager si vous voulez m’accompagner.

      - Une autre fois. »

      Dylan ne dit rien. Il n’avait toujours pas retrouvé une excellente relation avec celui d’en haut, et n’était pas tout à fait prêt à y travailler ce jour-là. Mais le docteur Patel se contenta de leur adresser un sourire entendu. Si Dylan n’avait pas eu autant de respect pour cet homme, il aurait détesté son attitude perpétuellement optimiste, sa patience infinie face à l’adversité, et sa confiance constante en toute chose.

      Alors que le docteur Patel ouvrait la portière, une autre voiture se gara. C’était un modèle de luxe haut-de-gamme. Pendant un instant, Dylan se demanda s’il s’agissait de son père. Mais il savait que son père ne quitterait jamais Manhattan pour venir dans un trou perdu au beau milieu des États-Unis.

      L’homme qui descendit de la voiture portait un costume hors-de-prix. Du prêt-à-porter, pas du sur mesure. Son père n’aurait jamais supporté d’être vu vêtu d’une tenue qui n’aurait pas été cousue main pour lui. Dylan reconnut Michael Haskell, l’agent immobilier en charge du ranch.

      Michael Haskell était quelqu’un de pragmatique СКАЧАТЬ