Le Tour du monde en quatre-vingts jours. Jules Verne
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Название: Le Tour du monde en quatre-vingts jours

Автор: Jules Verne

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066074579

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СКАЧАТЬ facilement, le sous-gouverneur Gauthier Ralph se bornait à répondre qu'à ce moment même, le caissier s'occupait d'enregistrer une recette de trois shillings six pence, et qu'on ne saurait avoir l'œil à tout.

      Mais il convient de faire observer ici—ce qui rend le fait plus explicable—que cet admirable établissement de «Bank of England» paraît se soucier extrêmement de la dignité du public. Point de gardes, point d'invalides, point de grillages! L'or, l'argent, les billets sont exposés librement et pour ainsi dire à la merci du premier venu. On ne saurait mettre en suspicion l'honorabilité d'un passant quelconque. Un des meilleurs observateurs des usages anglais raconte même ceci: Dans une des salles de la Banque où il se trouvait un jour, il eut la curiosité de voir de plus près un lingot d'or pesant sept à huit livres, qui se trouvait exposé sur la tablette du caissier; il prit ce lingot, l'examina, le passa à son voisin, celui-ci à un autre, si bien que le lingot, de main en main, s'en alla jusqu'au fond d'un corridor obscur, et ne revint qu'une demi-heure après reprendre sa place, sans que le caissier eût seulement levé la tête.

      Mais, le 29 septembre, les choses ne se passèrent pas tout à fait ainsi. La liasse de bank-notes ne revint pas, et quand la magnifique horloge, posée au-dessus du «drawing-office», sonna à cinq heures la fermeture des bureaux, la Banque d'Angleterre n'avait plus qu'à passer cinquante-cinq mille livres par le compte de profits et pertes.

      Le vol bien et dûment reconnu, des agents, des «détectives», choisis parmi les plus habiles, furent envoyés dans les principaux ports, à Liverpool, à Glasgow, au Havre, à Suez, à Brindisi, à New-York, etc., avec promesse, en cas de succès, d'une prime de deux mille livres (50,000 fr.) et cinq pour cent de la somme qui serait retrouvée. En attendant les renseignements que devait fournir l'enquête immédiatement commencée, ces inspecteurs avaient pour mission d'observer scrupuleusement tous les voyageurs en arrivée ou en partance.

      Or, précisément, ainsi que le disait le Morning-Chronicle, on avait lieu de supposer que l'auteur du vol ne faisait partie d'aucune des sociétés de voleurs d'Angleterre. Pendant cette journée du 29 septembre, un gentleman bien mis, de bonnes manières, l'air distingué, avait été remarqué, qui allait et venait dans la salle des payements, théâtre du vol. L'enquête avait permis de refaire assez exactement le signalement de ce gentleman, signalement qui fut aussitôt adressé à tous les détectives du Royaume-Uni et du continent. Quelques bons esprits—et Gauthier Ralph était du nombre—se croyaient donc fondés à espérer que le voleur n'échapperait pas.

      Comme on le pense, ce fait était à l'ordre du jour à Londres et dans toute l'Angleterre. On discutait, on se passionnait pour ou contre les probabilités du succès de la police métropolitaine. On ne s'étonnera donc pas d'entendre les membres du Reform-Club traiter la même question, d'autant plus que l'un des sous-gouverneurs de la Banque se trouvait parmi eux.

      L'honorable Gauthier Ralph ne voulait pas douter du résultat des recherches, estimant que la prime offerte devrait singulièrement aiguiser le zèle et l'intelligence des agents. Mais son collègue, Andrew Stuart, était loin de partager cette confiance. La discussion continua donc entre les gentlemen, qui s'étaient assis à une table de whist, Stuart devant Flanagan, Fallentin devant Phileas Fogg. Pendant le jeu, les joueurs ne parlaient pas, mais entre les robbres, la conversation interrompue reprenait de plus belle.

      «Je soutiens, dit Andrew Stuart, que les chances sont en faveur du voleur, qui ne peut manquer d'être un habile homme!

      —Allons donc! répondit Ralph, il n'y a plus un seul pays dans lequel il puisse se réfugier.

      —Par exemple!

      —Où voulez-vous qu'il aille?

      —Je n'en sais rien, répondit Andrew Stuart, mais, après tout, la terre est assez vaste.

      —Elle l'était autrefois...» dit à mi-voix Phileas Fogg. Puis: «A vous de couper, monsieur,» ajouta-t-il en présentant les cartes à Thomas Flanagan.

      La discussion fut suspendue pendant le robbre. Mais bientôt Andrew Stuart la reprenait, disant:

      «Comment, autrefois! Est-ce que la terre a diminué, par hasard?

      —Sans doute, répondit Gauthier Ralph. Je suis de l'avis de Mr. Fogg. La terre a diminué, puisqu'on la parcourt maintenant dix fois plus vite qu'il y a cent ans. Et c'est ce qui, dans le cas dont nous nous occupons, rendra les recherches plus rapides.

      —Et rendra plus facile aussi la fuite du voleur!

      —A vous de jouer, monsieur Stuart!» dit Phileas Fogg.

      Mais l'incrédule Stuart n'était pas convaincu, et, la partie achevée:

      «Il faut avouer, monsieur Ralph, reprit-il, que vous avez trouvé là une manière plaisante de dire que la terre a diminué! Ainsi parce qu'on en fait maintenant le tour en trois mois...

      —En quatre-vingts jours seulement, dit Phileas Fogg.

      —En effet, messieurs, ajouta John Sullivan, quatre-vingts jours, depuis que la section entre Rothal et Allahabad a été ouverte sur le «Great-Indian peninsular railway», et voici le calcul établi par le Morning-Chronicle:

De Londres à Suez par le Mont-Cenis et Brindisi, railways et paquebots 7 jours.
De Suez à Bombay, paquebot 13
De Bombay à Calcutta, railway 3
De Calcutta à Hong-Kong (Chine), paquebot 13
De Hong-Kong à Yokohama (Japon), paquebot 6
De Yokohama à San-Francisco, paquebot 22
De San-Francisco à New-York, railroad 7
De New-York à Londres, paquebot et railway 9
Total 80 jours.

      —Oui, quatre-vingts jours! s'écria Andrew Stuart, qui, par inattention, coupa une carte maîtresse, mais non compris le mauvais temps, les vents contraires, les naufrages, les déraillements, etc.

      —Tout compris, répondit Phileas Fogg en continuant de jouer, car, cette fois, la discussion ne respectait plus le whist.

      —Même si les Indous ou les Indiens enlèvent les rails! s'écria Andrew Stuart, s'ils arrêtent les trains, pillent les fourgons, scalpent les voyageurs!

      —Tout compris,» répondit Phileas Fogg, qui, abattant son jeu, ajouta: «Deux atouts maîtres.»

      Andrew Stuart, à qui c'était le tour de «faire», ramassa les cartes en disant:

      «Théoriquement, vous avez raison, monsieur Fogg, mais dans la pratique...

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