Название: Le corsaire rouge
Автор: James Fenimore Cooper
Издательство: Bookwire
Жанр: Языкознание
isbn: 4064066319045
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–Vraiai! Suis-je ce que la renommée m’a fait? regardez bien le monstre, afin que rien ne vous échappe, reprit le Corsaire avec un sourire amer, comme si le mépris s’efforçait d’apaiser les sentiments de l’orgueil blessé.–Où sont les cornes et le pied fourchu? Humez l’air: est-il imprégné de soufre! Mais c’est assez de toutes ces fadaises. Je soupçonnai vos projets, et votre air me convint. Je résolus de vous étudier, et quoique je misse quelque réserve dans mes démarches, cependant je vous vis d’assez près pour être content. Vous me plûtes, Wilder, et j’espère que cette satisfaction sera mutuelle.
Le nouveau flibustier inclina la tête à ce compliment de son chef, et il parut assez embarrassé de répondre. Comme pour éloigner ce sujet et mettre fin à la conversation, il dit précipitammentt:
–Maintenant que tout est d’accord, je ne vous dérangerai pas plus longtemps. Je vais me retirer, et je reviendrai prendre mes fonctions demain matin.
–Vous retirer! répéta le Corsaire en s’arrêtant tout à coup dans sa marche, et en regardant fixement le jeune homme.–Il n’est pas d’usage que mes officiers me quittent à cette heure. Un marin doit aimer son vaisseau, et il doit toujours coucher à bord à moins qu’il ne soit retenu de force à terre.
–Entendons-nous, dit Wilder avec feu; si c’est pour être esclave, et pour être cloué comme l’une de ces ferrures à votre vaisseau, que vous me prenez, il n’y a rien de fait entre nous.
–Hem! J’admire votre vivacité, Monsieur, beaucoup plus que votre prudence. Vous trouverez en moi un ami dévoué, qui n’aime guère les séparations, quelque courtes qu’elles puissent être. N’y a-t-il pas ici de quoi vous contenter? Je ne vous parlerai pas de ces considérations viles et subalternes qu’il faut faire briller à des yeux tout matériels; mais vous avez de l’esprit, voici des livres pour le cultiver;–vous avez du goût, tout ici respire l’élégance; –vous êtes pauvre, ici est la fortune.
–Tout cela n’est rien sans la liberté, reprit froidement le jeune aventurier.
–Et quelle est cette liberté que vous demandez? J’espère, jeune homme, que vous ne voudriez pas trahir si vite la confiance qui vous a été accordée. Notre connaissance date de bien peu de temps, et je me suis trop pressé petit-être de vous parler à cœur ouvert.
–Il faut que je retourne à terre, dit Wilder d’un ton ferme, ne fût-ce que pour savoir si l’on se fie à moi et si je ne suis pas prisonnier.
–Il y a dans tout ceci des sentiments généreux ou une profonde scélératesse, reprit le Corsaire après avoir mûrement réfléchi; j’aime mieux croire aux premiers. Promettez-moi que, tant que vous serez dans la ville de Newport, vous n’apprendrez à âme qui vive quel est véritablement ce vaisseau.
–Je suis prêt à le jurer, interrompit Wilder avec empressement.
–Sur cette croix, reprit le Corsaire avec un sourire ironique, sur cette croix montée en diamants! Non, monsieur, ajouta-t-il en fronçant fièrement le sourcil, tandis qu’il rejetait avec dédain sur la table ce précieux emblème, les serments sont faits pour les hommes qui ont besoin de lois qui les forcent à garder leurs promesses; il ne me faut que la parole franche et sincère d’un homme d’honneur.
–Eh bien! c’est avec autant de sincérité que de franchise que je vous promets que, tant que je serai à Newport, je ne dirai à personne quel est ce vaisseau, à moins que vous ne m’ordonniez le contraire. Bien plus…
–Non, rien de plus. Il est prudent d’être avare de sa parole, et de ne pas la prodiguer inutilement. Il peut venir un temps où il vous serait avantageux, sans inconvénients pour moi, de ne pas être lié par une promesse. Dans une heure, vous irez à terre; cet intervalle est nécessaire pour que vous ayez le temps de prendre connaissance des conditions de votre engagement, et de le signer.
–Roderick! ajouta-t-il en touchant de nouveau le gong, on a besoin de vous, enfant.
Le même garçon jeune et actif qui avait déjà paru au premier appel accourut de la cabine de dessous, et annonça sa présence comme la première fois.
–Roderick, continua le Corsaire, voici mon futur lieutenant, et par conséquent votre officier et mon ami. Voulez-vous prendre quelque chose, Monsieur? Il n’est presque rien qu’on puisse désirer, que Roderick ne soit à même de fournir.
–Je vous remercie, je n’ai besoin de rien.
–Alors, ayez la bonté de le suivre en bas. Il vous conduira dans la grande salle, et vous donnera un code écrit. Dans une heure vous en aurez achevé la lecture, et alors je vous rejoindrai.
–Éclairez mieux l’échelle, Roderick, quoique vous sachiez très-bien descendre sans échelle, monsieur Wilder, à ce qu’il paraît, ou je n’aurais pas en ce moment le plaisir de vous voir.
Le Corsaire sourit d’un air d’intelligence; mais Wilder ne parut pas se rappeler avec la même satisfaction la position embarrassante où il avait été laissé dans la tour, et loin de répondre à ce sourire, sa physionomie s’était singulièrement rembrunie au moment où il se préparait à suivre son guide, qui était déjà au milieu de l’escalier, une lumière à la main. Le premier s’en aperçut, et, s’avançant d’un pas, il dit aussitôt avec autant de grâce que de dignité:
–Monsieur Wilder, je vous dois des excuses pour la manière un peu cavalière dont je me suis séparé de vous sur la colline. Quoique je vous crusse à moi, je n’étais pourtant pas sûr de mon acquisition; vous comprenez sans peine combien il était essentiel pour un homme dans ma position de se débarrasser d’un compagnon dans un pareil moment. 1•
Wilder se retourna vers lui, et, avec un air d’où toute trace de déplaisir était effacée, il lui fit signe de n’en pas dire davantage.
–Il était assez désagréable, sans doute, de se trouver ainsi emprisonné; mais je sens la justesse de ce que vous dites, et j’en aurais fait autant moi-même en pareil cas, si j’avais eu la même présence d’esprit.
–Le bonhomme qui moud du blé dans ces ruines doit faire mal ses affaires, puisque tous les rats abandonnent son moulin, s’écria gaiement le Corsaire tandis que son compagnon descendait l’escalier.
Pour cette fois, Wilder lui rendit son sourire franc et cordial, et il laissa, en se retirant, son nouveau maître seul en possession de la cabine.
CHAPITRE VII.
Est-il quelque loi qui puisse t’enrichir?–Eh
bien! romps avec elle, et prends ceci.–Ma
pauvreté y consent, mais non ma volonté.
SHAKSPEARE. Roméo et Juliette.
Le Corsaire s’arrêta au moment où Wilder disparut, et il resta plus d’une minute dans l’attitude du triomphe. Il était évident qu’il se félicitait de son succès; mais, quoique sa figure expressive peignît la satisfaction de l’homme intérieur, ce n’étaient pas les élans d’une joie СКАЧАТЬ