Les Aventures d'Arsène Lupin (La collection complète). Морис Леблан
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Читать онлайн книгу Les Aventures d'Arsène Lupin (La collection complète) - Морис Леблан страница 299

Название: Les Aventures d'Arsène Lupin (La collection complète)

Автор: Морис Леблан

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066308377

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СКАЧАТЬ le résultat effroyable, le meurtre de Léonard, l’arrestation de mon fils. Aussitôt j’eus l’intuition de l’avenir. L’épouvantable prédiction de Daubrecq se réalisait, c’étaient les assises, c’était la condamnation. Et cela par ma faute, par la faute de moi, la mère, qui avait poussé mon fils vers l’abîme d’où rien ne pouvait plus le tirer.

      Clarisse se tordait les mains et des frissons de fièvre la secouaient. Quelle souffrance peut se comparer à celle d’une mère qui tremble pour la tête de son fils. Ému de pitié, Lupin lui dit :

      – Nous le sauverons. Là-dessus il n’y pas l’ombre d’un doute. Mais il est nécessaire que je connaisse tous les détails. Achevez, je vous en prie… Comment avez-vous su, le soir même, les événements d’Enghien ?

      Elle se domina et, le visage contracté d’angoisse, elle répondit :

      – Par deux de vos complices, ou plutôt par deux complices de Vaucheray à qui ils étaient entièrement dévoués et qu’il avait choisis pour conduire les deux barques.

      – Ceux qui sont là dehors, Grognard et Le Ballu ?

      – Oui. À votre retour de la villa, lorsque, poursuivi sur le lac par le commissaire de police, vous avez abordé, vous leur avez jeté quelques mots d’explication tout en vous dirigeant vers votre automobile. Affolés, ils sont accourus chez moi, où ils étaient déjà venus et m’ont appris l’affreuse nouvelle. Gilbert était en prison ! Ah ! L’effroyable nuit ! Que faire ? Vous chercher ? Certes, et implorer votre secours. Mais où vous retrouver ? C’est alors que Grognard et Le Ballu, acculés par les circonstances, se décidèrent à m’expliquer le rôle de leur ami Vaucheray, ses ambitions, son dessein longuement mûri…

      – De se débarrasser de moi, n’est-ce pas ? ricana Lupin.

      – Oui. Gilbert ayant toute votre confiance, il surveillait Gilbert et, par là, il connut tous vos domiciles. Quelques jours encore, une fois possesseur du bouchon de cristal, maître de la liste des vingt-sept, héritier de la toute puissance de Daubrecq, il vous livrait à la police, sans que votre bande, désormais la sienne, fût seulement compromise.

      – Imbécile ! murmura Lupin… un sous-ordre comme lui !

      Et il ajouta :

      – Ainsi donc, les panneaux des portes…

      – Furent découpés par ses soins, en prévision de la lutte qu’il entamait contre vous et contre Daubrecq, chez qui il commença la même besogne. Il avait à sa disposition une sorte d’acrobate, un nain d’une maigreur extrême auquel ces orifices suffisaient et qui surprenait ainsi toute votre correspondance et tous vos secrets. Voilà ce que ses deux amis me révélèrent. Tout de suite j’eus cette idée me servir, pour sauver mon fils aîné, de son frère, de mon petit Jacques, si mince lui aussi et si intelligent, si brave comme vous avez pu le voir. Nous partîmes dans la nuit. Sur les indications de mes compagnons, je trouvai, au domicile personnel de Gilbert, les doubles clefs de votre appartement de la rue Matignon, où vous deviez coucher, paraît-il. En route, Grognard et Le Ballu me confirmèrent dans ma résolution, et je pensais beaucoup moins à vous demander secours qu’à vous reprendre le bouchon de cristal, lequel évidemment, s’il avait été découvert à Enghien, devait être chez vous. Je ne me trompais pas. Au bout de quelques minutes, mon petit Jacques, qui s’était introduit dans votre chambre, me le rapportait. Je m’en allai, frémissante d’espoir. Maîtresse à mon tour du talisman, le gardant pour moi seule, sans en prévenir Prasville, j’avais tout pouvoir sur Daubrecq. Je le faisais agir à ma guise et, dirigé par moi, esclave de ma volonté, il multiplierait les démarches en faveur de Gilbert, obtiendrait qu’on le laissât évader, ou tout au moins qu’on ne le condamnât pas. C’était le salut.

      – Eh bien ?

      Clarisse se leva dans un élan de tout son être, se pencha sur Lupin, et lui dit d’une voix sourde :

      – Il n’y avait rien dans ce morceau de cristal, rien, vous entendez, aucun papier, aucune cachette. Toute l’expédition d’Enghien était inutile ! Inutile, le meurtre de Léonard ! Inutile, l’arrestation de mon fils ! Inutiles, tous mes efforts !

      – Mais pourquoi ? Pourquoi ?

      – Pourquoi ? Vous aviez volé à Daubrecq, non pas le bouchon fabriqué sur son ordre, mais le bouchon qui avait servi de modèle au verrier John Howard, de Stourbridge.

      Si Lupin n’avait pas été en face d’une douleur aussi profonde, il n’eût pu retenir quelqu’une de ces boutades ironiques que lui inspirent les malices du destin.

      Il dit entre ses dents :

      – Est-ce bête ! Et d’autant plus bête qu’on avait donné l’éveil à Daubrecq.

      – Non, dit-elle, le jour même, je me rendis à Enghien. Dans tout cela Daubrecq n’avait vu et ne voit encore aujourd’hui qu’un cambriolage ordinaire, qu’une mainmise sur ses collections. Votre participation l’a induit en erreur.

      – Cependant le bouchon a disparu…

      – D’abord cet objet ne peut avoir pour lui qu’une importance secondaire, puisque ce n’est que le modèle.

      – Comment le savez-vous ?

      Il y a une éraflure à la base de la tige, et je me suis renseignée depuis en Angleterre.

      – Soit, mais pourquoi la clef du placard où il fut volé ne quittait-elle pas le domestique ? Et pourquoi, en second lieu, l’a-t-on retrouvé dans le tiroir d’une table chez Daubrecq, à Paris ?

      – Évidemment Daubrecq y fait attention, et il y tient comme on tient au modèle d’une chose qui a de la valeur. Et c’est précisément pourquoi j’ai remis ce bouchon dans le placard, avant qu’il n’en eût constaté la disparition. Et c’est pourquoi aussi, la seconde fois, je vous fis reprendre le bouchon par mon petit Jacques, dans la poche même de votre pardessus, et le fis replacer par la concierge.

      – Alors, il ne soupçonne rien ?

      – Rien, il sait qu’on cherche la liste, mais il ignore que Prasville et moi nous connaissons l’objet où il la cache.

      Lupin s’était levé et marchait à travers la pièce en réfléchissant. Puis il s’arrêta près de Clarisse Mergy.

      – En somme, depuis les événements d’Enghien, vous n’avez pas fait un seul pas en avant ?

      – Pas un seul, dit-elle. J’ai agi au jour le jour, conduite par ces deux hommes ou bien les conduisant, tout cela sans plan précis.

      – Ou du moins, dit-il, sans autre plan que d’arracher à Daubrecq la liste des vingt-sept.

      – Oui, mais comment ? En outre, vos manœuvres me gênaient, nous n’avions pas tardé à reconnaître, dans la nouvelle cuisinière de Daubrecq, votre vieille servante Victoire, et à découvrir, grâce aux indications de la concierge, que Victoire vous donnait asile, et j’avais peur de vos projets.

      – C’est vous, n’est-ce pas, qui m’écriviez de me retirer de la lutte ?

      – Oui.

      – Vous également qui me demandiez de ne pas aller au théâtre le soir du Vaudeville ?

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