Création et rédemption: Le docteur mystérieux. Alexandre Dumas
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Название: Création et rédemption: Le docteur mystérieux

Автор: Alexandre Dumas

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 4064066081614

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СКАЧАТЬ qu'il entendait les reproches qu'on lui faisait et qu'il essayait de se disculper.

      —D'où viens-tu, misérable bandit? d'où viens-tu, affreux vagabond? disait l'homme.

      —Qu'as-tu fait pendant quinze grands jours que tu nous a laissés dans l'inquiétude? demandait la femme.

      —Nous t'avons cru mort ou enragé, ce qui revient au même, reprenait l'homme.

      —Mais, non, Dieu merci! Il se porte bien; pauvre Scipion! il a l'œil limpide comme une goutte d'eau et vif comme un ver luisant.

      —Tu dois avoir faim, mauvais drôle! tiens, mords là-dedans.

      Et l'enfant prodigue, fêté, caressé à son retour au logis, se voyait offrir le reste du déjeuner ou du souper de la vieille avec le même empressement et les mêmes excitations que s'il eût été un véritable convive.

      Alors seulement Scipion, dont le docteur venait d'apprendre le véritable nom—nom qu'il devait sans doute à un parrain plus lettré que ne l'était son maître—, Scipion, qui avait déjeuné avant de quitter la maison du docteur, ayant tout dédaigné, le bûcheron releva la tête et s'aperçut de la présence de Jacques Mérey.

      La vue de cet étranger parut lui déplaire; l'homme fronça le sourcil, et la femme eût pâli si sa peau n'eût pas été depuis longtemps tannée par l'âge et par le soleil.

      Jacques Mérey, voyant l'effet désagréable que causait à ses hôtes son apparition inattendue, s'empressa de leur raconter l'histoire de Scipion, et comment il l'avait sauvé des fourches et des fléaux des garçons d'écurie du château de Chazelay.

      Une larme se forma lentement dans l'œil aride de la vieille femme, et mouilla le lin de sa quenouille.

      Quant au bûcheron, il éprouva le même sentiment de reconnaissance sans doute pour l'homme qui avait sauvé son chien; cependant, un nuage sombre ne resta pas moins sur son front.

      Le docteur se croyait tombé, nous l'avons dit, dans une cabane de braconnier; il attribua le trouble de ces gens au métier qu'ils faisaient et à la crainte d'être découverts. Mais, avec le sourire d'un patriarche et les lèvres d'un jeune homme:

      —Rassurez-vous, mes amis, leur dit-il, je ne suis point un espion du château; le Seigneur, qui est au-dessus des seigneurs de la terre, a donné les animaux à l'homme pour que l'homme en fît sa nourriture. Or, Dieu n'a point établi de distinction entre le noble et le roturier; nos mauvaises lois sociales ont seules fait cela; elles ont donné le droit de chasse aux uns et l'ont refusé aux autres, et les nobles, qui ne respectent rien, pas même la parole de Dieu, ont violé la promesse que Jéhovah avait faite à Noé et à ses successeurs dans la personne de Noé. «Tout ce qui se meut sur la terre et dans les eaux vous appartient,» a dit le Seigneur.

      Mais, au moment où le docteur achevait sa démonstration du droit de chasse, droit universel, droit indestructible, puisqu'il est basé sur les Saintes Écritures, un spectacle aussi nouveau qu'inattendu frappa ses yeux.

      Une espèce d'alcôve pratiquée au fond de la cabane était voilée par des rideaux de serge; le chien venait de soulever et d'écarter ce rideau avec sa tête, et, dans la pénombre, Jacques Mérey distingua comme un paquet inerte de membres humains appartenant évidemment à un enfant qui avait l'air de vivre.

      —Qu'est cela? s'écria-t-il.

      Et il saisit le rideau pour l'écarter.

      Mais le braconnier se leva d'un air solennel.

      —Monsieur, lui dit-il, pour avoir vu ce que vous venez de voir, tout autre que vous ne sortirait pas vivant d'ici; mais je m'aperçois que mon chien vous aime; il vous doit de n'avoir pas été tué à coups de fourche et de ne pas être mort de la rage; or, mon chien, voyez-vous, c'est mon seul ami; en considération de mon chien, je vous fais grâce; mais jurez-moi que vous ne raconterez à personne ce que vous avez cru voir.

      —Monsieur, dit Jacques Mérey en lâchant le rideau, mais en croisant les bras en homme décidé à aller jusqu'au bout, vous oubliez que je suis médecin et qu'un médecin est le confesseur du corps: je veux savoir ce que c'est que cet enfant.

      Les yeux du bûcheron, qui avaient d'abord jeté une flamme, s'adoucirent.

      —Vous êtes médecin!... dit-il en devenant pensif. En effet, vous avez rendu la vie et la raison à mon chien qui avait déjà perdu l'une et qui allait perdre l'autre.

      Puis, tout à coup:

      —Oh! s'écria-t-il, quelle idée! si ce que vous avez pu pour un animal, vous le pouviez...

      Il secoua la tête avec découragement.

      —Mais non, dit-il, c'est impossible!

      —Rien n'est impossible à la science, mon ami, répondit le docteur d'un ton radouci! Jésus-Christ n'a-t-il pas dit: «Si vous avez la foi seulement gros comme un grain de sénevé, vous direz à cette montagne: "Remue-toi et jette-toi dans la mer," et la montagne se remuera et se jettera dans la mer.» Oh! s'écria le docteur, la foi n'est que le premier âge de la science; le second, c'est la volonté. Vouloir, c'est pouvoir. Jésus n'a-t-il pas ajouté: «Les œuvres que je fais, celui qui croit en moi les fera?» Or, brave homme, vous êtes chrétien: je le vois à ce crucifix placé à la tête de votre lit. Mais ou votre christianisme est faux, ou vous devez admettre que tout chrétien a le droit de faire ce qu'on appelle des miracles, et ce que moi, qui ne crois pas aux miracles, j'appelle le produit de la souveraineté de l'intelligence sur la matière.

      Ces paroles n'étaient pas très compréhensibles pour le braconnier; aussi, après avoir réfléchi un instant:

      —Je ne comprends rien à vos beaux raisonnements, monsieur, dit-il; mais je me dis comme ça à moi-même que ce serait une fière providence qui vous aurait amené.

      Il s'arrêta et toussa plusieurs fois comme si ce qu'il allait dire ne pouvait passer par sa gorge.

       Où le docteur trouve enfin ce qu'il cherchait

       Table des matières

      Le docteur attendit un instant, espérant que le braconnier achèverait sa phrase suspendue.

      Mais comme il continuait de garder le silence:

      —La providence qui m'a conduit ici, dit-il, la voilà. Et il montra Scipion.

      —Il est bien vrai que ce brave animal a toujours été l'âme, le défenseur, le bon génie, et je dirai même quelquefois le pourvoyeur de notre cabane. Et puis...

      Il s'arrêta de nouveau.

      —Et puis? insista le docteur.

      —Et puis, dit le braconnier, c'est stupide à dire, je le sais bien, mais il l'aime tant, elle!

      —Qui, elle? demanda le docteur, ne pouvant croire qu'il fût question de la petite idiote et de Scipion.

      —Eh! mon Dieu, oui, elle, dit le braconnier, СКАЧАТЬ