Aventures d'Alice au pays des merveilles. Lewis Carroll
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Название: Aventures d'Alice au pays des merveilles

Автор: Lewis Carroll

Издательство: Bookwire

Жанр: Книги для детей: прочее

Серия:

isbn: 4064066074319

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СКАЧАТЬ temps après, elle entendit un petit bruit de pas dans le lointain; vite, elle s’essuya les yeux pour voir ce que c’était. C’était le Lapin Blanc, en grande toilette, tenant d’une main une paire de gants paille, et de l’autre un large éventail. Il accourait tout affairé, marmottant entre ses dents: “Oh! la Duchesse, la Duchesse! Elle sera dans une belle colère si je l’ai fait attendre!” Alice se trouvait si malheureuse, qu’elle était disposée à demander secours au premier venu; ainsi, quand le Lapin fut près d’elle, elle lui dit d’une voix humble et timide, “Je vous en prie, Monsieur—” Le Lapin tressaillit d’épouvante, laissa tomber les gants et l’éventail, se mit à courir à toutes jambes et disparut dans les ténèbres.

      Alice ramassa les gants et l’éventail, et, comme il faisait très-chaud dans cette salle, elle s’éventa tout en se faisant la conversation: “Que tout est étrange, aujourd’hui! Hier les choses se passaient comme à l’ordinaire. Peut-être m’a-t-on changée cette nuit! Voyons, étais-je la même petite fille ce matin en me levant?—Je crois bien me rappeler que je me suis trouvée un peu différente.—Mais si je ne suis pas la même, qui suis-je donc, je vous prie? Voilà l’embarras.” Elle se mit à passer en revue dans son esprit toutes les petites filles de son âge qu’elle connaissait, pour voir si elle avait été transformée en l’une d’elles.

      “Bien sûr, je ne suis pas Ada,” dit-elle. “Elle a de longs cheveux bouclés et les miens ne frisent pas du tout.—Assurément je ne suis pas Mabel, car je sais tout plein de choses et Mabel ne sait presque rien; et puis, du reste, Mabel, c’est Mabel; Alice, c’est Alice!—Oh! mais quelle énigme que cela!—Voyons si je me souviendrai de tout ce que je savais: quatre fois cinq font douze, quatre fois six font treize, quatre fois sept font—— je n’arriverai jamais à vingt de ce train-là. Mais peu importe la table de multiplication. Essayons de la Géographie: Londres est la capitale de Paris, Paris la capitale de Rome, et Rome la capitale de—Mais non, ce n’est pas cela, j’en suis bien sûre! Je dois être changée en Mabel!—Je vais tâcher de réciter Maître Corbeau.” Elle croisa les mains sur ses genoux comme quand elle disait ses leçons, et se mit à répéter la fable, d’une voix rauque et étrange, et les mots ne se présentaient plus comme autrefois:

      “Maître Corbeau sur un arbre perché,

       Faisait son nid entre des branches;

       Il avait relevé ses manches,

       Car il était très-affairé.

       Maître Renard, par là passant,

       Lui dit: ‘Descendez donc, compère;

       Venez embrasser votre frère.’

       Le Corbeau, le reconnaissant,

       Lui répondit en son ramage:

       ‘Fromage.’”

      “Je suis bien sûre que ce n’est pas ça du tout,” s’écria la pauvre Alice, et ses yeux se remplirent de larmes. “Ah! je le vois bien, je ne suis plus Alice, je suis Mabel, et il me faudra aller vivre dans cette vilaine petite maison, où je n’aurai presque pas de jouets pour m’amuser.—Oh! que de leçons on me fera apprendre!—Oui, certes, j’y suis bien résolue, si je suis Mabel je resterai ici. Ils auront beau passer la tête là-haut et me crier, ‘Reviens auprès de nous, ma chérie!’ Je me contenterai de regarder en l’air et de dire, ‘Dites-moi d’abord qui je suis, et, s’il me plaît d’être cette personne-là, j’irai vous trouver; sinon, je resterai ici jusqu’à ce que je devienne une autre petite fille.’—Et pourtant,” dit Alice en fondant en larmes, “je donnerais tout au monde pour les voir montrer la tête là-haut! Je m’ennuie tant d’être ici toute seule.”

      Comme elle disait ces mots, elle fut bien surprise de voir que tout en parlant elle avait mis un des petits gants du Lapin. “Comment ai-je pu mettre ce gant?” pensa-t-elle. “Je rapetisse donc de nouveau?” Elle se leva, alla près de la table pour se mesurer, et jugea, autant qu’elle pouvait s’en rendre compte, qu’elle avait environ deux pieds de haut, et continuait de raccourcir rapidement.

      Bientôt elle s’aperçut que l’éventail qu’elle avait à la main en était la cause; vite elle le lâcha, tout juste à temps pour s’empêcher de disparaître tout à fait.

      “Je viens de l’échapper belle,” dit Alice, tout émue de ce brusque changement, mais bien aise de voir qu’elle existait encore. “Maintenant, vite au jardin!”—Elle se hâta de courir vers la petite porte; mais hélas! elle s’était refermée et la petite clef d’or se trouvait sur la table de verre, comme tout à l’heure. “Les choses vont de mal en pis,” pensa la pauvre enfant. “Jamais je ne me suis vue si petite, jamais! Et c’est vraiment par trop fort!”

      A ces mots son pied glissa, et flac! La voilà dans l’eau salée jusqu’au menton. Elle se crut d’abord tombée dans la mer. “Dans ce cas je retournerai chez nous en chemin de fer,” se dit-elle. (Alice avait été au bord de la mer une fois en sa vie, et se figurait que sur n’importe quel point des côtes se trouvent un grand nombre de cabines pour les baigneurs, des enfants qui font des trous dans le sable avec des pelles en bois, une longue ligne de maisons garnies, et derrière ces maisons une gare de chemin de fer.) Mais elle comprit bientôt qu’elle était dans une mare formée des larmes qu’elle avait pleurées, quand elle avait neuf pieds de haut.

      “Je voudrais bien n’avoir pas tant pleuré,” dit Alice tout en nageant de côté et d’autre pour tâcher de sortir de là. “Je vais en être punie sans doute, en me noyant dans mes propres larmes. C’est cela qui sera drôle! Du reste, tout est drôle aujourd’hui.”

      Au même instant elle entendit patauger dans la mare à quelques pas de là, et elle nagea de ce côté pour voir ce que c’était. Elle pensa d’abord que ce devait être un cheval marin ou hippopotame; puis elle se rappela combien elle était petite maintenant, et découvrit bientôt que c’était tout simplement une souris qui, comme elle, avait glissé dans la mare.

      “Si j’adressais la parole à cette souris? Tout est si extraordinaire ici qu’il se pourrait bien qu’elle sût parler: dans tous les cas, il n’y a pas de mal à essayer.” Elle commença donc: “O Souris, savez-vous comment on pourrait sortir de cette mare? Je suis bien fatiguée de nager, O Souris!” (Alice pensait que c’était là la bonne manière d’interpeller une souris. Pareille chose ne lui était jamais arrivée, mais elle se souvenait d’avoir vu dans la grammaire latine de son frère:—“La souris, de la souris, à la souris, ô souris.”) La Souris la regarda d’un air inquisiteur; Alice crut même la voir cligner un de ses petits yeux, mais elle ne dit mot.

      “Peut-être ne comprend-elle pas cette langue,” dit Alice; “c’est sans doute une souris étrangère nouvellement débarquée. Je vais essayer de lui parler italien: ‘Dove è il mio gatto?’” C’étaient là les premiers mots de son livre de dialogues. La Souris fit un bond hors de l’eau, et parut trembler de tous ses membres. “Oh! mille pardons!” s’écria vivement Alice, qui craignait d’avoir fait de la peine au pauvre animal. “J’oubliais que vous n’aimez pas les chats.”

      “Aimer СКАЧАТЬ