Les aventures complètes d'Arsène Lupin. Морис Леблан
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Название: Les aventures complètes d'Arsène Lupin

Автор: Морис Леблан

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066387921

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СКАЧАТЬ il l’aperçut, par une porte ouverte, qui traversait le trottoir de la Chaussée d’Antin.

      Elle montait en auto quand il la rejoignit.

      La portière se referma sur elle.

      Il saisit la poignée et voulut tirer.

      Mais, de l’intérieur, un individu surgit, qui lui envoya son poing dans la figure, moins habilement, mais aussi violemment qu’il avait envoyé le sien dans la figure de Daubrecq.

      Si étourdi qu’il fût par le choc, il eut tout de même le temps, dans une vision effarée, de reconnaître cet individu, et de reconnaître aussi, sous son déguisement de chauffeur, l’individu qui conduisait l’automobile.

      C’étaient Grognard et Le Ballu, les deux hommes chargés des barques, le soir d’Enghien, deux amis de Gilbert et de Vaucheray, bref deux de ses complices à lui, Lupin.

      Quand il fut dans son logis de la rue Chateaubriand, Lupin, après avoir lavé son visage ensanglanté, resta plus d’une heure dans un fauteuil, comme assommé. Pour la première fois, il éprouvait la douleur d’être trahi. Pour la première fois, des camarades de combat se retournaient contre leur chef.

      Machinalement, dans le but de se distraire, il prit son courrier du soir et déchira la bande d’un journal. Aux dernières nouvelles, il lut ces lignes :

      « Affaire de la villa Marie-Thérèse. On a fini par découvrir la véritable identité de Vaucheray, un des assassins présumés du domestique Léonard. C’est un bandit de la pire espèce, un récidiviste, et deux fois sous un autre nom, condamné par contumace pour assassinat.

      Nul doute que l’on ne finisse par découvrir également le vrai nom de son complice Gilbert. Dans tous les cas le juge d’instruction est résolu à renvoyer l’affaire le plus vite possible devant la chambre des mises en accusation.

      On ne se plaindra pas des lenteurs de la justice. »

      Au milieu d’autres journaux et de prospectus, il y avait une lettre.

      Lupin, en l’apercevant, bondit. Elle était adressée à M. de Beaumont (Michel).

      – Ah ! balbutia-t-il, une lettre de Gilbert. Elle contenait ces quelques mots :

      « Patron, au secours ! J’ai peur… j’ai peur… »

      Cette nuit-là encore fut pour Lupin une nuit d’insomnie et de cauchemars. Cette nuit-là encore, d’abominables, de terrifiantes visions le torturèrent.

      4

       Le chef des ennemis

      Table des matières

      « Pauvre gosse murmura Lupin en relisant le lendemain la lettre de Gilbert. Comme il doit souffrir ! »

      Du premier jour où il l’avait rencontré, il avait pris de l’affection pour ce grand jeune homme insouciant et joyeux de vivre. Gilbert lui était dévoué jusqu’à se tuer sur un signe du maître. Et Lupin aimait aussi sa franchise, sa belle humeur, sa naïveté, sa figure heureuse.

      – Gilbert, lui disait-il souvent, tu es un honnête homme. À ta place, vois-tu, je lâcherais le métier, et je me ferais, pour de bon, honnête homme.

      – Après vous patron, répondit Gilbert en riant.

      – Tu ne veux pas ?

      – Non, patron. Un honnête homme, ça travaille, ça turbine, et moi c’est un goût que j’ai eu peut-être étant gamin, mais qu’on m’a fait passer.

      – Qui, on ?

      Gilbert se taisait. Il se taisait toujours quand on l’interrogeait sur les premières années de sa vie, et Lupin savait tout au plus qu’il était orphelin depuis son jeune âge et qu’il avait vécu de droite et de gauche, changeant de nom, accrochant son existence aux métiers les plus bizarres. Il y avait là tout un mystère que personne n’avait pu pénétrer, et il ne semblait pas que la justice fût en voie d’y parvenir.

      Mais il ne semblait pas non plus que ce mystère fût pour elle une raison de s’attarder. Sous son nom de Gilbert ou sous tel autre nom elle enverrait aux assises le complice de Vaucheray et le frapperait avec la même rigueur inflexible.

      « Pauvre gosse ! répétait Lupin. Si on le poursuit comme ça, c’est bien à cause de moi. Ils ont peur d’une évasion et ils se hâtent d’arriver au but, au verdict d’abord… et puis à la suppression… Un gamin de vingt ans et qui n’a pas tué, qui n’est pas complice du meurtre… »

      Hélas ! Lupin n’ignorait pas que c’était là chose impossible à prouver, et qu’il devait diriger ses efforts vers un autre point. Mais vers lequel ? Fallait-il renoncer à la piste du bouchon de cristal ?

      Il ne put s’y décider. Son unique diversion fut d’aller à Enghien, où demeuraient Grognard et Le Ballu, et de s’assurer qu’ils avaient disparu depuis l’assassinat de la villa Marie-Thérèse. Hors cela, il s’occupa et ne voulut s’occuper que de Daubrecq.

      Il refusa même de se livrer à la moindre considération sur les énigmes qui se posaient à lui, sur la trahison de Grognard et Le Ballu, sur les rapports avec la dame aux cheveux gris, sur l’espionnage dont il était l’objet, lui personnellement.

      « Silence, Lupin, disait-il, dans la fièvre on raisonne à faux. Donc, tais-toi. Pas de déduction, surtout ! Rien n’est plus bête que de déduire les faits les uns des autres avant d’avoir trouvé un point de départ certain. C’est comme cela que l’on se fiche dedans. Écoute ton instinct. Marche d’après ton intuition, et puisque, en dehors de tout raisonnement, en dehors de toute logique, pourrait-on dire, puisque tu es persuadé que cette affaire tourne autour de ce sacré bouchon, vas-y hardiment. Sus au Daubrecq et à son cristal ! »

      Lupin n’avait pas attendu d’aboutir à ces conclusions pour y conformer ses actes. À l’instant où il les énonçait en lui-même, il se trouvait assis, petit rentier muni d’un cache-nez et d’un vieux pardessus, il se trouvait assis trois jours après la scène du Vaudeville, sur un banc de l’avenue Victor-Hugo, à une distance assez grande du square Lamartine. Selon ses instructions, Victoire devait, chaque matin, à la même heure, passer devant ce banc.

      « Oui, se répéta-t-il, le bouchon de cristal, tout est là… Quand je l’aurai… »

      Victoire arrivait, son panier de provisions sous le bras. Tout de suite il nota son agitation et sa pâleur extraordinaires.

      – Qu’y a-t-il ? lui demanda Lupin, en marchant aux côtés de la vieille nourrice.

      Elle entra dans un grand magasin d’épicerie où il y avait beaucoup de gens, et, se retournant vers lui :

      – Tiens, dit-elle, d’une voix altérée par l’émotion, voilà ce que tu cherches.

      Et, tirant un objet de son panier, elle le lui donna. Lupin demeura confondu : il tenait en main le bouchon de cristal.

      – Est-ce possible ? Est-ce possible ? murmura-t-il, СКАЧАТЬ