Название: Arsène Lupin contre Herlock Sholmès
Автор: Морис Леблан
Издательство: Bookwire
Жанр: Языкознание
isbn: 4064066387945
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– S’il s’échappe ?…
– On ne s’échappe pas de la Santé.
– Mais lui…
– Lui pas plus qu’un autre.
– Cependant…
– Eh bien, s’il s’échappe, tant mieux, je le repincerai. En attendant, dormez sur vos deux oreilles, et n’effarouchez pas davantage cette ablette.
La conversation était finie. Le baron retourna chez lui, un peu rassuré par l’insouciance de Ganimard. Il vérifia les serrures, espionna les domestiques, et quarante-huit heures se passèrent pendant lesquelles il arriva presque à se persuader que, somme toute, ses craintes étaient chimériques. Non, décidément, comme l’avait dit Ganimard, on ne prévient pas les gens que l’on veut dépouiller.
La date approchait. Le matin du mardi, veille du 27, rien de particulier. Mais à trois heures, un gamin sonna. Il apportait une dépêche.
« Aucun colis en gare Batignolles. Préparez tout pour demain soir. Arsène. »
De nouveau, ce fut l’affolement, à tel point qu’il se demanda s’il ne céderait pas aux exigences d’Arsène Lupin.
Il courut à Caudebec. Ganimard pêchait à la même place, assis sur un pliant. Sans un mot, il lui tendit le télégramme.
– Et après ? fit l’inspecteur.
– Après ? Mais c’est pour demain !
– Quoi ?
– Le cambriolage ! Le pillage de mes collections !
Ganimard déposa sa ligne, se tourna vers lui, et, les deux bras croisés sur sa poitrine, s’écria d’un ton d’impatience :
– Ah ! Ca, est-ce que vous vous imaginez que je vais m’occuper d’une histoire aussi stupide !
– Quelle indemnité demandez-vous pour passer au château la nuit du 27 au 28 septembre ?
– Pas un sou, fichez-moi la paix.
– Fixez votre prix, je suis riche, extrêmement riche.
La brutalité de l’offre déconcerta Ganimard qui reprit, plus calme :
– Je suis ici en congé et je n’ai pas le droit de me mêler…
– Personne ne le saura. Je m’engage, quoi qu’il arrive, à garder le silence.
– Oh ! Il n’arrivera rien.
– Eh bien, voyons, trois mille francs, est-ce assez ?
L’inspecteur huma une prise de tabac, réfléchit, et laissa tomber :
– Soit. Seulement, je dois vous déclarer loyalement que c’est de l’argent jeté par la fenêtre.
– Ça m’est égal.
– En ce cas… Et puis, après tout, est-ce qu’on sait, avec ce diable de Lupin ! Il doit avoir à ses ordres toute une bande… Êtes-vous sûr de vos domestiques ?
– Ma foi…
– Alors, ne comptons pas sur eux. Je vais prévenir par dépêche deux gaillards de mes amis qui nous donneront plus de sécurité… Et maintenant, filez, qu’on ne nous voie pas ensemble. À demain, vers les neuf heures.
Le lendemain, date fixée par Arsène Lupin, le baron Cahorn décrocha sa panoplie, fourbit ses armes, et se promena aux alentours du Malaquis. Rien d’équivoque ne le frappa.
Le soir, à huit heures et demie, il congédia ses domestiques. Ils habitaient une aile en façade sur la route, mais un peu en retrait, et tout au bout du château. Une fois seul, il ouvrit doucement les quatre portes. Après un moment, il entendit des pas qui s’approchaient.
Ganimard présenta ses deux auxiliaires, grands gars solides, au cou de taureau et aux mains puissantes, puis demanda certaines explications. S’étant rendu compte de la disposition des lieux, il ferma soigneusement et barricada toutes les issues par où l’on pouvait pénétrer dans les salles menacées. Il inspecta les murs, souleva les tapisseries, puis enfin il installa ses agents dans la galerie centrale.
– Pas de bêtises, hein ? On n’est pas ici pour dormir. À la moindre alerte, ouvrez les fenêtres de la cour et appelez-moi. Attention aussi du côté de l’eau. Dix mètres de falaise droite, des diables de leur calibre, ça ne les effraye pas.
Il les enferma, emporta les clefs, et dit au baron :
– Et maintenant, à notre poste.
Il avait choisi, pour y passer la nuit, une petite pièce pratiquée dans l’épaisseur des murailles d’enceinte, entre les deux portes principales, et qui était, jadis, le réduit du veilleur. Un judas s’ouvrait sur le pont, un autre sur la cour. Dans un coin on apercevait comme l’orifice d’un puits.
– Vous m’avez bien dit, monsieur le baron, que ce puits était l’unique entrée des souterrains, et que, de mémoire d’homme, elle est bouchée ?
– Oui.
– Donc, à moins qu’il n’existe une autre issue ignorée de tous, sauf d’Arsène Lupin, ce qui semble un peu problématique, nous sommes tranquilles.
Il aligna trois chaises, s’étendit confortablement, alluma sa pipe et soupira :
– Vraiment, monsieur le baron, il faut que j’aie rudement envie d’ajouter un étage à la maisonnette où je dois finir mes jours, pour accepter une besogne aussi élémentaire. Je raconterai l’histoire à l’ami Lupin, il se tiendra les côtes de rire.
Le baron ne riait pas. L’oreille aux écoutes, il interrogeait le silence avec une inquiétude croissante. De temps en temps il se penchait sur le puits et plongeait dans le trou béant un œil anxieux.
Onze heures, minuit, une heure sonnèrent.
Soudain, il saisit le bras de Ganimard qui se réveilla en sursaut.
– Vous entendez ?
– Oui.
– Qu’est-ce que c’est ?
– C’est moi qui ronfle.
– Mais non, écoutez…
– Ah ! Parfaitement, c’est la corne d’une automobile.
– Eh bien ?
– Eh bien ! Il est peu probable que Lupin se serve d’une automobile comme d’un bélier pour démolir votre château. Aussi, monsieur le baron, à votre place, je dormirais… comme je vais avoir l’honneur de le faire à nouveau. Bonsoir.
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