Название: Le Déguisement Idéal
Автор: Блейк Пирс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Жанр: Современные детективы
Серия: Un thriller psychologique avec Jessie Hunt
isbn: 9781094342634
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– À force, on va finir par avoir une autre crise de nerfs style Olivet.
Elle virevolta, prête à engueuler ce créateur de rumeurs aussi vertement que le réalisateur mais, avant qu’elle n’ait pu l’identifier, Anton avança.
– Corinne, je t’en prie … commença-t-il.
– Tais-toi, je t’en prie, interrompit-elle. Voici ce qui va se passer. Je vais décompresser dans mon mobile home. Toi, tu vas trouver quelqu’un d’autre que Terry Slauson pour m’étouffer sans causer des contusions permanentes à ma trachée. Si ce n’est pas fait ce soir, on devra recommencer la scène demain. De toute façon, il se fait tard. Et puis, tant que tu y es, tu pourras peut-être ordonner à ton équipe de taire ses railleries et ses récriminations jusqu’à ce que j’aie quitté le plateau. Je suis peut-être une garce, Anton, mais je suis la garce qui commande. Ne l’oublie pas.
Elle quitta furieusement le studio, hâtivement suivie par Monica, son assistante. Corinne se retourna vers elle avec mépris.
– Tu devrais peut-être faire un peu plus de sport, Monica, dit-elle pour la réprimander. Comme ça, tu arrêterais de souffler comme un phoque. Et puis, ce pantalon t’irait mieux. On croirait que tu caches une miche de pain, sous cette ceinture.
Monica ne dit rien, ce qui rendit Corinne heureuse. Cette fille était boulotte, mais elle apprenait vite les leçons les plus importantes : obéis et tais-toi.
Ils atteignirent le mobile home Star Waggon de Corinne juste derrière le studio 32, à côté du quartier de New York installé au fond des Studios Sovereign. Corinne ouvrit la porte, monta, se retourna vers Monica et leva une main pour lui interdire d’entrer.
– Tu dis à Anton qu’il a dix minutes pour trouver un nouveau Maraudeur pour la scène. Après ça, je rentre chez moi.
– Mais, Mme Weatherly, supplia Monica.
– Le compte à rebours est enclenché, dit Corinne en levant son téléphone avant de claquer la porte au nez de l’idiote.
Elle alla à sa table à maquillage, s’assit et se regarda dans le miroir. Ses cheveux blonds teints avaient l’air cassants. Dans la lumière crue, toutes les rides qu’elle avait si désespérément tenté de cacher semblaient briller. Son corps était encore ferme, mais elle avait de plus en plus de mal à ce qu’il le reste. Cela faisait maintenant cinq ans qu’elle se retenait d’avoir recours à la chirurgie esthétique. Même si le chirurgien était très bon, quand un visage était affiché sur un écran de cinéma de grande taille, elle voyait presque toujours quelle actrice s’était fait opérer. Cependant, il était peut-être temps d’appeler finalement quelqu’un.
Ça dépendrait beaucoup de ce film. S’il marchait bien, elle pourrait attendre quelques années de plus avant de se soumettre au bistouri. Si c’était un échec commercial, dans un avenir proche, il faudrait qu’elle se fasse opérer. Quand elle avait été la nouvelle ingénue sexy d’Hollywood, elle n’avait jamais eu ces sortes d’inquiétudes.
Il y a dix ans, elle était devenue célèbre grâce à la comédie romantique Pétales et Irritabilité. Alors, elle avait obtenu le précieux premier rôle dans Maraudeur, le thriller intellectuel et psycho-sexuel. Son personnage, Chastity Ronin, était à la base une victime, mais elle était aussi une coriace qui finissait par se rebeller contre l’assassin qui la poursuivait.
Ce film avait été un succès financier et critique et, comme il était venu juste après Pétales et Irritabilité, il avait fait d’elle une véritable star montante. Malheureusement, la suite avait été un flop. Dans les onze ans qui avaient suivi, Corinne n’avait obtenu que des rôles moins glamour puis plus aucun rôle. Récemment, elle avait dû se contenter de devenir l’animatrice d’un jeu télévisé de première partie de soirée au cours duquel elle avait dû prétendre qu’elle trouvait des enfants aux talents moyens absolument adorables.
Cependant, ensuite, elle avait découvert cette pépite d’or fugace, avec quelque assistance et en mettant la pression sur les bonnes personnes, certes. On relançait la franchise Maraudeur et un réalisateur de films d’horreur acclamé qui venait d’Europe, Zyskowski, avait été nommé réalisateur d’un film qui aurait l’esprit de l’original très sophistiqué. Enfin, on allait redemander à Corinne de jouer Chastity. C’était très intéressant, la sorte de rôle susceptible de la replacer sous les feux de la rampe si tout se passait bien.
Cependant, les gens comme Terry Slauson foutaient le bordel. Comme elle était entourée d’incompétents et comprenait peu à peu que le script n’avait pas le punch qu’elle avait attendu à l’origine, ce film ne lui semblait plus être gagné d’avance. De plus, alors qu’elle aimait contrôler la situation, elle commençait à se demander si insister pour que le studio embauche un réalisateur manipulable n’était pas une erreur. Si le film n’était pas un succès, elle en serait réduite à jouer dans des téléfilms du style le plus pitoyable qui soit.
J’aurais peut-être dû les laisser choisir un réalisateur doté non seulement d’une vision mais aussi d’une autorité suffisante.
Son moment d’introspection fut interrompu quand quelqu’un frappa à la porte.
– Qui c’est ? beugla-t-elle.
– Monica, dit une voix timide.
Cette fille devrait apprendre à s’affirmer.
Elle se leva et ouvrit la porte du mobile home.
– Que se passe-t-il ?
La fille avait l’air au bord des larmes.
– Anton dit qu’on arrête pour aujourd’hui. Quand il a dit à Terry qu’il ne finirait pas la scène, Terry a quitté le plateau. Quand il est parti, je l’ai entendu dire qu’il allait porter plainte.
– Qu’il le fasse, répliqua Corinne. De mon côté, je porterai plainte parce qu’il m’a maltraitée.
Monica hocha humblement la tête. Visiblement, elle ne voulait pas protester.
– Anton a dit que nous ne pourrions pas avancer tant que les producteurs n’auraient pas résolu le problème …
– Je suis productrice, répliqua Corinne.
– Je crois qu’il voulait parler des producteurs du studio, ceux qui paient les factures. De toute façon, il a dit qu’on en avait fini pour aujourd’hui. Il dit que vous recommencez demain matin à neuf heures et qu’il espère qu’il aura tout résolu à ce moment-là.
– Bien. J’ai besoin de sommeil, de toute façon.
Monica hocha la tête. Visiblement, elle avait envie de dire autre chose mais avait peur de le faire.
– Dites-le, dit Corinne d’un ton irritable.
– C’est juste que … Avez-vous besoin d’autre chose ce soir, Mme Weatherly ? J’espérais passer à la pharmacie pour y récupérer mes médicaments. Ils ferment dans vingt minutes.
Corinne se retint de dire quelque chose СКАЧАТЬ