Название: Masques De Cristal
Автор: Terry Salvini
Издательство: Tektime S.r.l.s.
Жанр: Зарубежные детективы
isbn: 9788835411376
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–C'est un coup bas!
–Et le tien, tu le définirais comment? Il lui montra son ventre.
Discuter dans ces conditions était compliqué, mais elle devait essayer.
–Je ne l'ai pas fait exprès. Je n'ai jamais cessé de prendre la pilule, tu dois me croire!
–Désolé, mais je n'y arrive pas.» John attrapa son petit bagage, se dirigea vers la porte et quitta la chambre, sans plus lui accorder un regard.
Loreley resta immobile quelques secondes. Elle aurait dû l'envoyer au diable et dire qu'elle s'occuperait seule de l'enfant, mais elle devait tenter de le convaincre qu'elle était sincère avant d'en arriver là; car si la situation était telle, et si cet homme ne méritait pas d'avoir un enfant, l'enfant, lui, méritait d'avoir un père. Il changerait peut-être d'avis un jour: c'était arrivé à d'autres hommes de se raviser après avoir vu leur bébé. Le tribunal lui avait appris qu'il était parfois nécessaire de mettre son orgueil de côté.
Non, s'il y avait le plus infime espoir, elle sentait qu'elle devait faire au moins une tentative pour arranger les choses.
Elle enfila son jean, un pull et ses bottines, prit son blouson et se précipita dehors.
L'ascenseur près de la chambre était occupé et le signal était allumé sur celui d'en face également.
Elle devait prendre les escaliers. Si elle descendait assez rapidement, elle réussirait à le rejoindre avant qu'il ait le temps de prendre un taxi.
Quatrième étage.
Escalier, palier, escalier.
Troisième étage.
Escalier, palier, escalier. Plus vite, plus vite…
Deuxième étage.
Escalier, palier, vide…
Un de ses pieds manqua une marche et elle dégringola les suivantes. Elle lança un cri de terreur.
Une douleur atroce, puis un tourbillon d'ombres noires l'engloutit dans le néant.
La légère brûlure au bras et la douleur aux reins tirèrent peu à peu ses sens de leur obscur brouillard. Elle n'arrivait pas à ouvrir les yeux.
«Miss Lehmann… Vous m'entendez?»
Les mots avaient été prononcés dans un anglais hésitant, avec un fort accent étranger, et la voix féminine semblait provenir de très loin.
Seules quelques syllabes sans aucun sens sortirent de sa bouche. Sa langue était collée au palais et ses lèvres étaient sèches. Elle se limita à acquiescer.
«Elle reprend ses esprits. Vous pouvez l'emmener dans le service.» C'était une voix d'homme qui parlait maintenant, mais dans un français parfait cette fois. Loreley remercia son père de l'avoir obligée à apprendre cette langue quand ils vivaient encore à Zurich.
Elle se raidit: où se trouvait-elle? La question resta en suspens dans le bref silence qui suivit, jusqu'à ce que quelques souvenirs confus l'assaillent avec la violence d'un coup de massue. L'ambulance, les urgences, l'examen… Et le vide à nouveau.
Elle était à l'hôpital!
Un tremblement violent la saisit.
Quelqu'un tenta de la tenir immobile, mais elle n'arrivait pas à contrôler les intenses frissons qui secouaient son corps.
«Je crois que c'est une réaction au stress du traumatisme» entendit-elle dire.
Que lui avaient-ils fait? se demanda-t-elle, en proie à un soupçon terrible. Elle voulait savoir, mais n'arrivait pas à demander. Ses dents claquaient avec la force d'un marteau-piqueur et son coeur semblait vouloir les vaincre à toute vitesse; comme si elle avait un nid de vipères enragées dans la tête. Elle s'imposa le calme en respirant à fond plusieurs fois.
«Voilà, bien… comme ça. N'ayez pas peur.»
Cette voix masculine de nouveau, si rassurante.
«Docteur, le professeur Leyrac vous demande dans la salle deux.» Une femme était intervenue.
«Oui, j'arrive immédiatement. Emmenez mademoiselle Lehmann dans une chambre» répéta l'homme.
Loreley perçut des pas qui s'éloignaient. La légère torpeur qui enveloppait encore son esprit s'évanouissait. Quelques instants plus tard, elle put ouvrir les yeux.
La première chose qu'elle vit furent les portes d'un grand ascenseur qui se fermaient, puis la silhouette d'une femme en blouse blanche qui s'apprêtait à appuyer sur un bouton.
Peu après, ils la déplacèrent du brancard à un lit.
«Vous vous sentirez mieux demain» la rassura une infirmière en installant la perfusion sur la potence.
«Mon enfant…» parvint-elle à dire en se touchant le ventre.
Loreley eut du mal à s'éveiller. Bien que la matinée soit déjà bien avancée, elle avait encore sommeil: il lui avait été impossible de dormir tranquillement cette nuit, entre alarmes qui sonnaient avec insistance, pas pressés dans les couloirs, voix chuchotantes et lumières allumées.
Une main se posa sur son bras. C'était une infirmière.
«Mademoiselle Lehmann, vous devez venir avec moi: le médecin voudrait vous parler. Vous savez, pour la sortie.
–Oh! Je pars, alors!
–Le médecin vous expliquera tout.» Elle se pencha pour l'aider à descendre du lit.
Bien qu'elle ait la tête douloureuse et le genou gonflé, Loreley refusa son aide et la suivit en boitant.
Tandis qu'elles avançaient, elle entendit une discussion provenir d'une pièce le long du couloir.
«Je ne comprends pas, il doit y avoir eu une erreur…
–Docteur Duval, je vous avais demandé de contrôler les résultats des examens, en particulier la valeur des hCG; et c'est justement ce qu'il manque.»
Elle avait déjà entendu cette voix.
«Voilà… Entrez ici, Madame» lui dit l'infirmière en indiquant la porte entrouverte de la pièce dont provenaient les voix. Elle l'ouvrit en grand pour faciliter son passage.
Une odeur de désinfectant au chlore flottait dans la petite pièce. La personne assise derrière le bureau ne leva même pas les yeux des feuilles qu'elle examinait; Loreley ne remarqua que ses cheveux courts et bruns, les larges épaules sous la chemise blanche et les mains à la peau légèrement dorée. L'image de ce médecin lui causa un sentiment d'inquiétude, à la différence de sa voix, qui arrivait à la rassurer.
La jeune doctoresse blonde debout à ses côtés lui lança un rapide coup d'oeil et l'invita à s'asseoir.
«Miss Lehmann, il semble que vous soyez en bonne santé et…, СКАЧАТЬ