Название: La Cité Ravagée
Автор: Scott Kaelen
Издательство: Tektime S.r.l.s.
Жанр: Ужасы и Мистика
isbn: 9788893986496
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"Il y a une chose dont j'ai peur," admit-elle. "C'est de perdre."
"Perdre quoi ?"
Elle le regarda tout droit. "Les gens que j'aime."
Il poussa un grognement et sa barbe se fendit d'un sourire forcé mais chaleureux. "Eh bien, il est peu probable que tu ne nous perdes de sitôt. Pas à moins qu'une araignée monstre ne descende par la cheminée et n'avale Orik."
"Ou," dit Oriken tout en frappant un silex contre une pierre à feu, "à moins que le cadavre dans la maison là-bas ne vienne dans la nuit pour réclamer Dag à la porte."
Dagra s'emporta contre lui. "Il a fallu que tu le dises, hein ?"
"Je suis sérieuse," leur dit Jalis. "Nous allons vers l'inconnu et je déteste ne pas savoir. On a failli perdre Maros cette année. La formidable équipe de quatre est passée à trois et nous pouvons nous considérer chanceux de nous en être sortis."
"C'est vrai," acquiesça Dagra. "Ça, nous le sommes."
"C'est un métier dangereux." Jalis se leva, dégrafa son matelas de son paquetage et le déroula sur la palette. "C'est vrai, en onze ans au sein de la guilde, je n'ai vu qu'une poignée de sabreurs mourir pendant un contrat. La plupart était des compagnons, ou moins que ça." Elle jeta une couverture sur son matelas puis se retourna vers les deux hommes. "Statistiquement, plus vous gravissez les échelons, moins vous risquez de mourir comme sabreur ; vous êtes en chemin pour devenir maîtres-lames au cours des deux années qui viennent mais bon, vous n'y êtes pas encore, alors, pas d'arrogance. Et pour l'amour du ciel, essayez de contrôler vos réactions. Dag, dans ta panique, tu aurais pu aveuglément courir depuis ce cadavre et te jeter dans les mâchoires d'une créature bien vivante. Comment expliquerais-tu ça aux Dyades dans l'au-delà ?"
Dagra gonfla ses joues et souffla. "C'est noté."
"Et Oriken, il y a peu d'araignées hostiles à Himaera. Tu devrais voir celles de Sardaya. Avec des gros corps boudinés et rayés de rouge et de blanc. Une morsure et on finit boursouflé comme un cadavre mûr." Oriken et Dagra marmonnèrent à l'unisson et, dans la sombre lumière du crépuscule, Jalis crut voir leurs visages prendre une teinte plus pâle. "Voyez comment ceci est facile ?"
"Facile et inutile." Oriken se concentra sur les outils qu'il avait à la main et recommença à frapper sa pierre à feu sur les brindilles.
"Sans parler des Danseurs de Pierre qui infestent les Terres Plates de Ghalendi," poursuivit Jalis en hochant la tête vers Oriken. "Les adultes font la moitié de ta taille. Et ils peuvent abattre une araignée d'un simple coup de leurs jambes dotées de lames. Sans armure et une bonne arme assez lourde pour les écraser, une seule de ces arachnides pourrait régler ton sort en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire."
Oriken lui tourna le dos. "Tu inventes, là."
"Alors, tu l'allumes ce feu ou non ?"
Avec un grognement, il redoubla d'effort. "Ce maudit bois n'est pas des plus secs. Et alors, tu as déjà vu une de ces créatures ?"
"Non, mais je connais des gens qui en ont vu. Il y a peut-être un tout petit peu d'embellissement autour mais je ne doute pas de l'existence des Danseurs de Pierre. Mon propos est que ta peur n'est pas naturelle. Les petites araignées d'ici ne peuvent pas te faire du mal."
"Ce n'est pas ça qui m'énerve, c'est leur façon de— Voilà !" Une petite flamme se matérialisa sur les brindilles. Oriken souffla dessus doucement et le feu prit, radiant une lueur d'ambre dans la grisaille de la salle. "Ce qui m'énerve avec les araignées, c'est leur aspect et la façon dont elles bougent. Des créatures dégoûtantes." Il s'entoura de ses propres bras et se les frotta. "On peut changer de sujet ?"
"Chut !" Dagra leva la main pour faire silence.
"Quoi ?" dit Oriken, après un moment. "Je n'entends que des grincements de bois."
"Là, à nouveau." Dagra gardait sa voix basse. "Pendant que tu étais en train de parler."
Jalis attrapa son ceinturon sur la table à côté d'elle. "J'ai entendu." Encore faible mais immanquable, un cri de meute. "Des cravants. Dag, ferme la porte. Orik, aide-moi à pousser le garde-manger contre la porte." Elle attacha son ceinturon autour des hanches et s'avança vers le meuble imposant. Alors qu'Oriken prenait position à ses côtés, Dagra referma les portes du chalet ainsi que les volets en toute hâte. Jalis et Oriken s'abaissèrent derrière le garde-manger et placèrent leurs épaules contre le meuble. Puis, ils se mirent à pousser mais rien n'y fit. Plantant ses pieds plus fermement, Jalis mit tout son poids dans l'effort et sentit Oriken en faire de même. Le garde-manger racla et grinça sur le plancher, son contenu cliquetant à chaque poussée. Assez vite, ils parvinrent à le coincer fermement contre la porte.
"Il faut qu'on renforce les volets !" Dagra scanna des yeux le contenu de la pièce.
Jalis secoua la tête. "Il n'y a rien."
Oriken tordit le bord de son chapeau. "En général, les cravants laissent les humains tranquilles, mais ici, au-delà des dernières terres habitées..."
"C'est leur domaine," dit Dagra d'un air sombre. Les cris des créatures se faisaient de plus en plus pressants. Il tira son glaive. "Ils sont sortis des bois."
"Ils nous ont entendus et maintenant ils ont trouvé notre odeur." Jalis sortit leur mini arbalète de son paquetage. "Si nous restons silencieux, il se pourrait qu'ils s'en aillent après un moment."
Mais les volets sans renforts constituaient le point faible de la défense du chalet. Jalis chargea et arma l'arbalète, puis se tint prête derrière les deux hommes alors que ces derniers prenaient position près des volets. Ils attendirent en silence, écoutant les cravants bondir à travers la clairière, leurs cris gutturaux résonnant vaguement comme ceux des singes propres à l'extrême sud de l'Arkh. Jalis pouvait les imaginer dehors, leurs mâchoires proéminentes armées de chaotiques amas de crocs et cette deuxième paire d'yeux plus petits, telles des billes d'obsidienne sur les côtés de leur tête. Le cravant était une bête hideuse mais en dépit de son apparence, Oriken avait raison, ces primates qui chassaient en meute avaient tendance à éviter les humains, préférant rester invisibles et à couvert dans les profondeurs des bois. Mais ici, aux confins du Plateau de Scapa, il était possible que ces cravants n'aient jamais vu d'humains, les habitations les plus proches se trouvant à une demi-journée de marche vers le nord.
Quelque chose s'écrasa à l'extérieur et Jalis imagina les créatures se précipitant dans la première des maisons, suivant l'odeur des hommes mais ne trouvant qu'un cadavre mort depuis longtemps. Le bruit étouffé des pieds et des poings martelant le sol s'approcha du chalet et, malgré elle, Jalis tressauta lorsque des poings s'abattirent contre la porte, le bois partant en éclats lorsqu'il heurta le garde-manger. Les cravants rugissaient, sentant la proximité des sabreurs.
Le meuble bougea d'un pouce. Au-delà du seuil, la créature assaillante grogna de frustration et frappa plus fort contre la porte. Une charnière explosa de son support et une étroite ouverture apparut. Au travers, Jalis vit un corps massif recouvert d'une masse de poils noirs. Le cravant était de la même taille que Dagra, un peu plus court que Jalis. Un œil noir et rond scruta à l'intérieur puis le cravant se mit à rugir.
Jalis décocha son carreau. C'était un bon tir. Le projectile traversa l'ouverture et se ficha directement dans la gueule de la créature. Elle hurla СКАЧАТЬ