Tu Sens Battre Mon Coeur ?. Andrea Calo'
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Название: Tu Sens Battre Mon Coeur ?

Автор: Andrea Calo'

Издательство: Tektime S.r.l.s.

Жанр: Воспитание детей

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isbn: 9788835406402

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СКАЧАТЬ ?”. Ne pas trouver de réponse à ces questions avait abattu mes barrières, anéanti en un éclair toutes mes défenses. C’était ma reddition sans conditions, celle que mon cœur attendait tant. L’ogre était mort et ne me ferait plus de mal. Oui, l’ogre était enfin mort, tué par un autre ogre. Il brûlerait dans les flammes de l’enfer, ne rencontrerait plus jamais ma mère parce qu’elle, j’en étais sûre, demeurait au paradis. J’en étais certaine maintenant. Mort, tué le seul soir où il n’était pas ivre, fait étrange ! Peut-être parce que ce soir-là, l’ogre était resté un homme, il n’avait pas endossé son costume de scène, celui qui le rendait fort, agressif. Il avait commis une grave erreur, une légèreté fatale. Il n’aurait pas dû baisser la garde. Quand on choisit le mal comme parcours de vie, il faut apprendre à regarder autour de soi, parce que le mal viendra. Peut-être parce que l’homme, fatigué de jouer un rôle, fatigué de tout, avait brûlé son costume. Peut-être voulait-il tuer l’ogre lui-même pour se transformer en héros, se dénudant devant la foule et se postant devant ses ennemis en criant : « Vous ne me voyez pas ? Je suis ici ! Allez mauviettes, qu’est-ce que vous attendez pour me tuer ? » Peut-être voulait-il ressentir la douleur que l’on éprouve quand la peau est lacérée, quand le métal déchire les chairs et pénètre le corps. Peut-être voulait-il comprendre ce que l’on éprouve quand le sang s’échappe des veines, quand les sens s’altèrent et les sons se font lointains, et que tout devient sombre sous les yeux écarquillés qui fixent l’asphalte, près d’une crotte laissée par un chien errant passé par-là quelques minutes auparavant. Oui, peut-être que tout s’était passé comme ça. J’ai jeté la nourriture à la poubelle et suis allée dormir. J’ai fait un beau rêve cette nuit-là, mais je ne m’en souviens pas.

      Le jour suivant, j’ai rempli mes devoirs envers cet homme, mon père, pour la dernière fois. Quand ils m’ont demandé si je préférais une sépulture ou une crémation, j’ai répondu sans hésiter. Je l’ai fait incinérer, lui ai donné un avant-goût de ce qu’il allait bientôt subir, pour l’éternité. Je voulais assister au macabre spectacle. Voir cette caisse de bois entrer dans le four pour en sortir réduite en cendres m’a excitée de façon morbide. Je n’ai pas montré pas mes émotions, je n’ai pas versé une larme. J’ai contenu mes sentiments en les enfermant dans un bloc de glace, mon cœur transformé en chambre froide pour l’occasion.

      J’ai pris possession de la maison et du peu d’argent qu’il restait, celui que mon père n’avait pas dépensé en alcool et autres vices. J’ai posé l’urne au sol, dans un endroit caché, pour que personne ne la voie. Je me suis m’enfermée dans la maison, à écouter les bruits du silence, observant les empreintes de main laissées dans la poussière sur les meubles. J’entendais les cris et les pleurs de ma mère, ceux que j’étouffais dans la nuit sous une comptine, ma peluche dans les bras. J’entendais les plaintes et les sanglots qui suivaient les tempêtes. En regardant le fauteuil de mon père, je pouvais voir un homme seul, un vieux privé de vie. Dans un angle, j’ai remarqué un bâton, et je l’ai imaginé serré entre ses mains tandis qu’il marchait péniblement dans la maison, peut-être à la recherche de quelqu’un à frapper. Quelqu’un qui n’était plus là. Un homme obligé de défouler sa colère contre lui-même, jusqu’au dernier jour. Sur une étagère, j’ai trouvé un portefeuille, l’ai pris et ouvert. Il contenait un peu de monnaie et une photo de ma mère qui me tenait dans ses bras. Elle souriait, heureuse, et moi aussi. J’ai tourné la photo, elle était datée. C’était le jour de mon anniversaire, celui où j’avais reçu la peluche en cadeau. À dater de ce moment, quelque chose avait changé, la fable de la famille heureuse avait fait place au cauchemar d’une existence sans futur. Mes souvenirs, vagues et flous, ne me permirent jamais de visualiser ce moment, l’accident de parcours qui a changé pour toujours le cours des choses et de nos vies. “Il en passera du temps avant que je ne devienne de l’engrais pour les plantes ! ” criait souvent mon père dans ses instants de colère. Ce temps était passé pour lui comme il passerait pour tous. Le moment était venu pour lui de se transformer en ce qu’il avait toujours refusé. J’ai pris l’urne et brisé le scellé. Je l’ai ouverte et en ai versé le contenu dans une bassine avec de l’eau. Je l’ai mélangé avec une cuillère, dégoûtée. Je suis sortie dans le jardin et ai versé cette bouillie boueuse sur les racines des plantes, curieuse de voir ce qu’il se passerait. Mais je suis restée déçue parce rien ne s’est passé.

      J’ai dormi à la maison cette nuit-là, puis une seconde et une troisième. Sans pouvoir fermer l’œil. Je ne pouvais plus y rester, elle ne m’appartenait plus. Je l’ai mise en vente et n’ai pas dû attendre longtemps pour m’en débarrasser. Elle a été achetée en quelques semaines par une famille de trois personnes, le père, la mère et une fillette. Sans rien dire, je leur ai souhaité une vie meilleure de celle que j’y avais eue. Quand je les ai salués, j’ai confié mon ours à la petite fille.

      « Tiens petite, c’est pour toi.

      — Oh, comme il est beau ! Maman, papa, regardez ce que la madame m’a offert ! a crié la petite en se tournant vers ses parents qui, heureux, ont souri pour me remercier.

      — Je te souhaite de ne jamais en avoir besoin, ma chérie, mais souviens-toi que s’il t’arrive quelque chose de mauvais, il te protègera toujours, il prendra soin de toi !

      — D’accord ! »

      Je lui ai fait une caresse, les ai salués et suis partie.

      3.

      Le jour où j’ai fermé la porte derrière moi, je n’étais pas prête. J’étais une dilettante dans la vie, un tas animé de chair et d’os en fuite, à la recherche de quelque chose qui n’était pas clair. Je manquais de dignité. En avançant à bonne allure, je me suis obligée à ne pas me retourner, sous aucun motif, pensant que tout se terminerait et, qu’à partir de ce moment, ma vie changerait et une nouvelle Melanie naîtrait. Dix pas, cent pas, puis deux cents. Je me suis retournée, comme trahie par derrière par une main invisible. J’ai regardé la maison. La lanterne sur la façade oscillait dans le vent, son mouvement m’hypnotisait. J’ai repris mes esprits et j’ai pleuré. J’ai rendu les armes, ai fait demi-tour et suis enfin partie. Les pleurs avaient effacé la peur, peut-être que ce que l’on disait était faux. Ou peut-être pas.

      Mon wagon de seconde classe était presque vide. Il n’y avait qu’une jeune femme et un homme âgé pour me tenir compagnie. Impassible, l’homme lisait son “Daily Telegraph” et le regard de la fille allait de la fenêtre à mon visage, essayant de comprendre quelle image la surprenait le plus, quel était le meilleur panorama, le plus amusant, à observer pour tromper le temps. Elle mastiquait énergiquement un chewing-gum, son visage émergeant du col relevé de sa chemise blanche à carreaux rouges. Elle portait une paire de jeans assez étroits pour l’époque. Je les ai trouvés plutôt inconfortables à première vue, une des rares fois où je l’ai regardée. Mais ils lui allaient bien, mettant en valeur son corps presque parfait. Je quittais une vie que je ne reconnaissais plus, mile après mile, j’essayais d’oublier l’endroit dont je venais. Et j’y arrivais sans peine, ou je le croyais du moins. Je ne voulais pas qu’une inconnue me fasse retomber dans mon passé en me posant la stupide question “D’où viens-tu ? ”, dont la réponse n’intéresserait de toute façon personne. Je ne l’ai plus regardée. J’ai fermé les yeux et me suis replongée dans le brouillard dense de mes pensées, perdue dans une succession d’images qui dessinaient des expressions involontaires sur mon visage. Elle en a été très intriguée et a décidé de le choisir comme spectacle à regarder, parce que tout compte fait, ce qui se déroulait dehors n’était qu’un paysage statique qu’elle avait déjà souvent vu dans sa vie. Elle me l’a confié quelques mois après notre première rencontre dans ce wagon, quand nous étions devenues bonnes amies. Le contrôleur est entré pour nous demander nos billets et j’ai dû ouvrir les yeux. Je l’ai regardée, elle aussi. Nous avons commencé à discuter СКАЧАТЬ