Un Trône pour des Sœurs . Морган Райс
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Читать онлайн книгу Un Trône pour des Sœurs - Морган Райс страница 13

СКАЧАТЬ lui servait de justificatif pour le suivant parce que le propriétaire de la nouvelle boutique se disait que ses collègues ne pouvaient pas avoir donné ces choses à la mauvaise personne. Quand elle arriva à la boutique où l'on vendait des masques, le commerçant lui plaça quasiment ses marchandises dans les mains avant qu'elle n'ait passé les portes. C'était un demi-masque d'ébène sculpté qui montrait plusieurs scènes de la vie de la Déesse Masquée qui cherchait l'hospitalité et dont les bords étaient décorés de plumes et les contours des yeux de pointes d'épingle en bijoux probablement conçues pour donner l'impression que les yeux de celle qui portait le masque reflétaient la lumière ambiante.

      Sophia se sentit un peu coupable en prenant ce masque et en l'ajoutant à la pile considérable de paquets qu'elle avait sur les bras. Elle volait tant de gens, prenait des choses qu'ils avaient produites avec leur travail et que d'autres avaient payées ou paieraient un jour ou n'avaient pas vraiment payées : Sophia n'avait pas encore compris comment les nobles faisaient pour avoir l'air d'acheter des choses sans vraiment les payer.

      Cela dit, sa culpabilité fut de courte durée parce que ces nobles avaient toutes tant de choses par rapport aux orphelines de la Maison des Oubliés. Rien que les bijoux sur ce masque leur auraient changé la vie.

      Pour l'instant, il fallait que Sophia se change. Ayant dormi à côté de la rivière, elle était très sale et elle ne pouvait pas aller à la fête dans cet état. Elle se dirigea vers les bains publics, attendant jusqu'à ce qu'elle en trouve un avec des calèches qui attendaient près de la porte et qui offraient des bains séparés pour les dames de la haute société. Elle n'avait pas d'argent pour payer mais elle avança quand même jusqu'aux portes sans tenir compte du regard que lui adressa le propriétaire grand et musclé.

      “Ma maîtresse est à l'intérieur”, dit-elle. “Elle m'a ordonné d'être de retour avec tout cela quand elle aurait fini de se baigner, sans quoi j'aurais des problèmes.”

      Il la toisa. Une fois de plus, les paquets que Sophia portait semblèrent lui servir de sauf-conduit. “Dans ce cas, tu ferais mieux d'entrer, n'est-ce pas ? Les vestiaires sont à ta gauche.”

      Sophia s'y rendit, déposa son butin dans une pièce pleine de la vapeur des bains. Des femmes allaient et venaient vêtues des serviettes qui servaient à les sécher. Elles ignorèrent toutes Sophia.

      Elle se déshabilla, s'enveloppa d'une serviette et se dirigea vers les bains. Ils étaient conçus de la façon qui était à la mode de l'autre côté de l'océan, avec plusieurs bassins chauds, tièdes et froids et des masseuses et des domestiques qui attendaient à côté.

      Sophia était extrêmement consciente du tatouage qu'elle avait au mollet et qui proclamait ce qu'elle était mais il y avait des domestiques liées par contrat synallagmatique en ce lieu, venues masser leurs maîtresses avec des huiles parfumées ou les peigner. Si quelqu'un remarquait la marque, il se dirait probablement que Sophia était venue ici pour cette raison.

      Malgré cela, elle ne prit pas le temps de savourer le confort des lieux comme elle aurait pu le faire. Elle voulait sortir de là avant que quelqu'un ne lui pose des questions. Elle s'immergea dans l'eau et se frotta avec du savon en essayant de s'enlever la plus grande partie de sa crasse. Quand elle sortit du bain, elle s'assura que sa serviette descende jusqu'à ses chevilles.

      De retour dans les vestiaires, elle habilla son nouveau personnage étape par étape. Elle commença par les bas et les jupons en soie puis poursuivit par la corseterie et les jupes extérieures, les gants et le reste.

      “Est-ce que madame a besoin qu'on l'aide à se coiffer ?” demanda une femme, et Sophia se tourna et vit une domestique qui la regardait.

      “Si tu veux”, dit Sophia en essayant de se souvenir de la façon dont les nobles parlaient. Elle se dit que ce serait plus facile si on s'imaginait qu'elle n'était pas d'ici et adopta donc un soupçon de l'accent des États Marchands qu'elle avait entendu chez la couturière. A sa grande surprise, ce fut facile à faire et sa voix s'ajusta aussi vite que le reste.

      La fille lui sécha et lui tressa les cheveux en un nœud élaboré que Sophia trouva fort complexe. Quand ce fut fini, Sophia se mit son masque puis sortit entre les calèches jusqu'à ce qu'elle en repère une qui était libre.

      “Toi, là !” cria-t-elle, trouvant sa nouvelle voix étrange à ce moment-là. “Oui, toi ! Emmène-moi au palais tout de suite et sans t'arrêter. Je suis pressée. Et ne me demande pas de payer. Tu peux envoyer la note à Lord Dunham et il pourra se sentir heureux que je ne lui coûte pas plus cher ce soir.”

      Elle ne savait même pas s'il existait un Lord Dunham mais le nom lui semblait bon. Elle s'attendait à ce que le conducteur du chariot discute ou essaie au moins de négocier le prix de la course. En fait, il ne fit qu'incliner la tête.

      “Oui, madame.”

      Le trajet en ville fut plus confortable que Sophia aurait pu l'imaginer. C'était certainement plus confortable que de bondir sur le haut des chariots, et beaucoup plus rapide. En quelques minutes, elle vit approcher les portes du palais. Sophia sentit son cœur se serrer car c'était encore le même domestique qui y était de garde. Allait-elle y arriver ? Allait-il la reconnaître ?

      Le chariot ralentit et Sophia se força à se pencher à l'extérieur en espérant bien jouer son rôle.

      “Le bal bat-il déjà son plein ?” demanda-t-elle avec son nouvel accent. “Suis-je arrivée au bon moment pour produire une impression ? Et surtout, est-ce que je suis bien habillée ? Mes domestiques me disent que cette robe convient à votre cour mais j'ai l'impression d'être vêtue comme une putain des quais.”

      Elle ne put pas se retenir : il lui fallait sa petite vengeance. Le domestique de garde à la porte s'inclina très bas.

      “Madame n'aurait pas pu arriver à un meilleur moment”, lui assura-t-il avec le genre de fausse sincérité que Sophia imaginait que les nobles aimaient. “Et Madame a l'air absolument charmante, bien sûr. Je vous en prie, entrez donc.”

      Sophia ferma le rideau du chariot quand il avança mais seulement pour dissimuler son soulagement et sa stupéfaction. Ça marchait. Ça marchait vraiment.

      Elle espérait seulement que les choses marchaient aussi bien pour Kate.

      CHAPITRE SIX

      Kate appréciait la ville plus qu'elle n'aurait cru pouvoir le faire toute seule. Elle souffrait encore de sa séparation avec sa sœur et elle voulait encore partir explorer la campagne mais, pour l'instant, c'était Ashton qu'elle voulait voir.

      Elle parcourait les rues de la ville et adorait se noyer dans la foule. Personne ne la regardait et elle regardait tout aussi peu les autres gamins ou apprentis, les fils cadets ou les soldats en herbe de la ville. Dans son costume de garçon manqué et avec ses cheveux à courtes pointes, Kate aurait pu passer tous ces jeunes mâles.

      Il y avait tant à voir en ville, et pas seulement les chevaux que Kate regardait avec envie à chaque fois qu'elle en croisait un. Elle s'arrêta devant le chariot d'un vendeur d'armes et les arbalètes légères et les quelques mousquets avaient l'air incroyablement fascinants. Si Kate avait pu en voler un, elle l'aurait fait mais l'homme scrutait prudemment tous les gens qui s'approchaient de lui.

      Cela dit, tout le monde n'était pas aussi prudent. Elle réussit à voler un gros morceau de pain qui trônait sur une table de café et un couteau que quelqu'un avait utilisé pour punaiser une brochure religieuse. СКАЧАТЬ