Название: Une Couronne Pour Des Assassins
Автор: Морган Райс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Жанр: Героическая фантастика
Серия: Un Trône pour des Sœurs
isbn: 9781640298255
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Le massacre fut aussi inévitable qu'absolu. Une poignée de milices mal armées ne pouvait pas espérer se défendre contre tant d'ennemis. Les combats s'arrêtèrent si vite qu'il était difficile de comprendre ce que les défenseurs avaient espéré accomplir en combattant. C'est probablement une histoire d'honneur ou une autre idiotie de ce genre.
“Ah”, se dit le Maître des Corbeaux quand, regardant par les yeux d'une de ses créatures, il vit un groupe de gens s'enfuir en direction du sud dans les collines avoisinantes. Revenant à lui-même, il se tourna vers le plus proche de ses capitaines. “Un groupe de villageois s'enfuit sur une piste assez proche d'ici. Emmenez des hommes et massacrez-les tous, je vous prie.”
“Oui, mon seigneur”, dit l'homme. Si tuer des innocents le gênait, il ne le montra pas. Cela dit, s'il avait été le type d'homme à craindre ce genre de pratique, le Maître des Corbeaux l'aurait tué pour cela depuis longtemps.
Le Maître des Corbeaux se tenait dans le sillage de la bataille et écoutait la sorte de silence qui ne vient qu'avec la mort. Il écoutait les corbeaux qui atterrissaient pour commencer leur travail et sentit que le pouvoir commençait à rentrer pendant qu'ils consommaient leur part. Par rapport à certaines des batailles qu'il avait connues auparavant, c'était vraiment très peu mais il en viendrait plus ensuite.
Il envoya sa conscience à ses créatures pour qu'elles puissent parler avec sa voix.
“Cette ville m'appartient”, dit-il. “Rendez-vous ou vous mourrez. Livrez tous ceux qui ont des pouvoirs magiques ou vous mourrez. Obéissez aux ordres ou vous mourrez. A présent, vous n'êtes plus rien, des esclaves et moins que des esclaves. Obéissez et vous repousserez un peu l'échéance finale où vous serez de la viande pour mes corbeaux. Désobéissez et vous mourrez.”
Il envoya ses créatures en l'air et inspecta les terres qu'il avait conquises lors de cette première avance. Il vit l'horizon s'étendre au loin, promettant plus de terres à conquérir et plus de morts pour nourrir ses animaux apprivoisés.
En temps normal, le Maître des Corbeaux ne recevait pas de visions. Dans le meilleur des cas, ses corbeaux lui révélaient assez de choses pour qu'il devine ce qui allait se passer. Il n'était pas la sorcière de la fontaine, qui lisait dans les fils de l'avenir mais qui, malgré ses pouvoirs, n'avait pas su prévoir sa propre mort. Cela dit, maintenant, la vision lui parvenait brusquement, portée sur les ailes de ses animaux apprivoisés.
Il vit un enfant dans les bras de sa mère, qu'il reconnut immédiatement. C'était la nouvelle reine du royaume, fraîchement couronnée. Il vit du danger derrière l'enfant puis pire que du danger. La mort qu'il avait repoussée si longtemps en consommant la vie des autres marchait d'un pas raide dans l'ombre de ce bébé. L'enfant tendit le bras vers lui, avec l'innocence de son âge, et le Maître des Corbeaux recula précipitamment et revint en lui-même.
Il resta au milieu de la ville qu'il avait prise en secouant la tête.
“Est-ce que tout va bien, mon seigneur ?” demanda son aide de camp.
“Oui”, dit le Maître des Corbeaux parce que, s'il admettait sa faiblesse, il serait obligé de tuer cet homme. Si ne serait-ce qu'une trace de la peur qui montait en lui sortait, alors, tous ceux qui la verraient mourraient. Oui, c'était une idée …
“J'ai changé d'avis”, dit-il. “Nous ne conquerrons que la prochaine ville. Rasez celle-là. Tuez chaque habitant, homme, femme ou … bébé. Aucun bâtiment ne doit rester debout.”
L'aide de camp ne remit pas plus cet ordre en question que son capitaine n'avait refusé de traquer les fuyards.
“Comme vous l'ordonnez, mon seigneur”, promit-il.
Le Maître des Corbeaux était certain que ses ordres seraient exécutés et que des gens mourraient pour cette raison. S'il devait naître un enfant susceptible de le menacer … eh bien, cet enfant pourrait mourir lui aussi, avec sa mère.
CHAPITRE TROIS
Au cœur de Stonehome, Emeline regardait tous les habitants qui se trouvaient dans le cercle de pierres et essayait de retenir un peu sa frustration. Cora et Aidan se tenaient à côté d'elle et cela l'aidait un peu mais, comme tous les autres étaient résolument contre eux, le soutien de ses deux amis ne lui paraissait pas suffisant.
“Sophia nous a envoyés pour vous persuader de revenir à Ashton”, dit Emeline en se concentrant sur l'endroit où Asha et Vincente étaient assis. Combien de fois s'était-elle disputée avec eux sur ce point ? Il lui avait fallu tout ce temps rien que pour les convaincre d'en discuter tous ensemble dans le cercle. “Vous n'aviez pas besoin de repartir à Stonehome après la bataille. Elle construit un royaume où les gens comme nous seront libres et n'auront rien à craindre.”
“Il y a toujours quelque chose à craindre tant que ceux qui nous haïssent existent”, répliqua Asha. “Elle aurait pu ordonner la fermeture des églises de la Déesse Masquée. Elle aurait pu faire pendre ses bouchers pour leurs crimes.”
“Et cela aurait relancé la guerre civile”, dit Cora à côté d'Emeline.
“Il vaut mieux la guerre que d'être obligé de vivre à côté de ceux qui nous détestent”, dit Asha, “et qui nous ont fait de telles choses qu'ils ne pourront jamais être pardonnés.”
Vincente était plus mesuré dans ses paroles mais ce n'était guère plus utile. “En cet endroit, nous avons créé une communauté, Emeline. En cet endroit, nous pouvons être sûrs que nous sommes en sécurité. Je ne doute nullement des bonnes intentions de Sophia mais avoir des bonnes intentions ne signifie pas que l'on peut changer les choses.”
Emeline dut se retenir de leur crier qu'ils étaient stupides. Cora, qui avait dû s'en apercevoir, posa une main sur le bras d'Emeline.
“Ça ira”, murmura-t-elle. “Ils finiront par comprendre.”
“Ce que vous appelez 'comprendre'”, dit sèchement Asha depuis l'autre côté du cercle de pierres, “c'est pour moi une trahison de notre peuple. Nous sommes en sécurité ici, pas dans le monde.”
Emeline lui lança un regard énervé. Comme Asha n'avait pas pu entendre le murmure de Cora de là où elle était, cela signifiait qu'elle avait lu dans les pensées de Cora. En plus d'être impoli, c'était dangereux, surtout parce qu'Asha était celle qui avait appris à Emeline à voler les souvenirs des autres.
“Les gens sont libres d'aller et de venir s'ils le veulent”, dit Vincente. “Si Sophia crée vraiment un royaume où les gens comme nous sont libres, les gens iront s'y installer volontairement sans avoir besoin d'émissaires.”
“Et avant ça, que se passera-t-il ?” répondit Emeline. “Quelle impression auront les gens si tous ceux qui ont des dons psychiques se cachent comme s'ils avaient honte ? Cela donnera-t-il l'impression que les gens de Stonehome ne sont pas dangereux ou cela encouragera-t-il les autres à affirmer que nous complotons en secret ? Cela ne fera-t-il pas réapparaître les vieilles rumeurs ?”
Ce qui causait le plus d'inquiétude à Emeline, c'était qu'elle n'avait aucun moyen d'évaluer l'effet des paroles qu'elle prononçait sur la foule qui les entourait. Avec une autre foule, elle aurait pu essayer de lire dans les pensées des gens ou au moins elle aurait pu écouter СКАЧАТЬ