Название: Canaille, Prisonnière, Princesse
Автор: Морган Райс
Издательство: Lukeman Literary Management Ltd
Жанр: Героическая фантастика
Серия: De Couronnes et de Gloire
isbn: 9781632918789
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“Toi et toi”, dit-il aux hommes, “emmenez notre nouvel ami. Peut-être a-t-il un peu de valeur pour nos ennemis.” Il sourit. “Et s'il n'en a pas, je le tuerai moi-même.”
La dernière chose que ressentit Thanos, ce fut plusieurs mains fortes qui l'agrippaient sous les bras et le soulevaient violemment pour l'emporter, après quoi il replongea finalement dans les ténèbres.
CHAPITRE TROIS
Alors que Berin progressait sur la route de Delos, il avait le mal du pays. La seule chose qui le faisait avancer, c'était de penser à sa famille, à Ceres. Les journées de marche l'avaient éreinté, la route sous ses pieds était pleine d'ornières et de cailloux mais l'idée de retrouver sa fille suffisait à le convaincre qu'il devait poursuivre son chemin. Ses os ne rajeunissaient pas et il sentait déjà que son genou souffrait du voyage, douleur qui s'ajoutait à celles qui venaient d'une vie passée à marteler et à chauffer le métal.
Cela dit, ça valait vraiment la peine de rentrer à la maison, de voir sa famille. Pendant tout le temps qu'il avait passé au loin, c'était tout ce qu'il avait voulu. Il pouvait se l'imaginer, maintenant. Marita serait en train de faire la cuisine à l'arrière de son humble demeure en bois et l'odeur s'échapperait par la porte de devant. Sartes serait en train de jouer quelque part derrière, Nasos serait probablement en train de le regarder même si son fils aîné prétendrait qu'il n'en était rien.
Et puis il y aurait Ceres. Il aimait tous ses enfants mais, avec Ceres, il avait toujours eu plus d'affinités. C'était elle qui l'avait aidé à la forge, elle qui lui ressemblait le plus et qui semblait le plus susceptible de lui succéder. Le devoir avait exigé qu'il quitte Marita et les garçons et cela avait été dur et nécessaire pour subvenir aux besoins de sa famille. En partant, quand il avait laissé Ceres, il avait eu l'impression de laisser une partie de lui-même.
Maintenant, il était temps de retrouver cette partie.
Berin aurait voulu apporter de meilleures nouvelles. Marchant le long de la piste en gravier qui menait chez lui, il fronçait les sourcils. Ce n'était pas encore l'hiver mais il viendrait bien assez vite. Il avait eu pour projet de partir chercher du travail. Les seigneurs avaient toujours besoin de forgerons car il leur fallait des armes pour leurs gardes, leurs guerres, leurs Tueries. Pourtant, il s'était avéré qu'ils n'avaient pas besoin de lui. Ils avaient leurs propres hommes, plus jeunes, plus forts. Même le roi qui avait semblé désirer son travail avait finalement voulu Berin comme il avait été dix ans auparavant.
Même si l'idée lui faisait de la peine, il savait quand même qu'il aurait dû deviner qu'ils n'auraient que faire d'un homme dont la barbe était plus grise que noire.
Ça lui aurait fait encore plus de peine si ça n'avait pas signifié qu'il pouvait rentrer chez lui. La maison était la chose qui comptait le plus pour Berin, même si ce n'était guère mieux qu'un carré de murs en bois grossièrement sciés surmonté d'un toit de gazon. La maison, c'était être attendu et il lui suffisait de penser à ceux qui l'attendaient pour marcher plus vite.
Cependant, quand il passa de l'autre côté d'une colline et revit sa maison, Berin sut que quelque chose n'allait pas. Le découragement l'envahit. Berin savait à quoi ressemblait sa maison. Malgré toute la désolation des terres environnantes, la maison était un endroit qui débordait de vie. Il y avait toujours du bruit chez lui, que ce soit un bruit de joie ou de disputes. De plus, en cette période de l'année, il y avait toujours au moins quelques cultures qui poussaient dans le lopin de terre des alentours, des légumes et des petits buissons de baies, des plantes résistantes qui produisaient toujours au moins un peu de nourriture pour eux.
Ce n'était pas ce qu'il voyait devant lui.
Berin se mit à courir aussi vite qu'il le pouvait après une si longue marche. Il était rongé par l'idée que quelque chose allait mal, avait l'impression d'avoir un de ses étaux serré autour du cœur.
Il atteignit la porte et l'ouvrit brusquement. Peut-être, se disait-il, que tout irait bien. Peut-être l'avaient-ils repéré et faisaient-ils tout pour que son arrivée soit une surprise.
Il faisait sombre à l'intérieur. Les fenêtres étaient encrassées. Et là, il y avait quelqu'un.
Marita se tenait dans la pièce principale. Elle remuait le contenu d'un pot qui lui semblait avoir tourné. Quand Berin entra brusquement, elle se retourna vers lui et, quand elle le fit, Berin sut qu'il avait eu raison. Quelque chose n'allait pas. Quelque chose n'allait vraiment pas.
“Marita ?” commença-t-il.
“Mon époux.” Même le ton monotone dont elle le disait lui indiquait que rien n'était normal. Toutes les autres fois où il était retourné de voyage, Marita l'avait pris dans ses bras dès qu'il avait franchi la porte. Elle avait toujours semblé pleine de vie. Maintenant, elle semblait … vide.
“Qu'est-ce qui se passe ici ?” demanda Berin.
“Je ne sais pas de quoi tu parles.” Une fois de plus, il y avait moins d'émotion qu'il n'aurait dû y en avoir, comme si quelque chose s'était brisé en son épouse et l'avait vidée de toute sa joie.
“Pourquoi tout ce … ce silence ?” demanda Berin. “Où sont nos enfants ?”
“Ils ne sont pas ici à l'instant”, dit Marita. Elle se remit face au pot comme si tout était parfaitement normal.
“Où sont-ils, alors ?” Berin n'avait aucune intention de se laisser faire. Il pouvait croire que les garçons étaient allés jouer au ruisseau le plus proche ou qu'ils avaient des commissions à faire, mais il y avait au moins un de ses enfants qui l'aurait vu rentrer et aurait été là pour l'accueillir. “Où est Ceres ?”
“Évidemment”, dit Marita, et maintenant, Berin pouvait entendre son amertume. “Évidemment, c'est d'elle que tu veux des nouvelles. Pas de ma propre situation. Pas de tes fils. Pas de ton fils.”
Berin n'avait jamais entendu son épouse s'exprimer sur ce ton. Oh, il avait toujours su que Marita avait un côté dur, qu'elle se souciait plus d'elle-même que des autres mais, maintenant, on aurait dit qu'elle avait le cœur en cendres.
Alors, Marita sembla se calmer et la vitesse surprenante à laquelle elle le fit rendit Berin soupçonneux.
“Tu veux savoir ce qu'a fait ta fille chérie ?” dit-elle. “Elle s'est enfuie.”
Berin sentit s'accroître son appréhension. Il secoua la tête. “Je n'en crois rien.”
Marita poursuivit. “Elle s'est enfuie. Sans dire où elle allait. Elle s'est contentée de nous voler ce qu'elle pouvait puis elle est partie.”
“Nous n'avons pas d'argent à voler”, dit Berin, “et Ceres ne ferait jamais ça.”
“Évidemment, tu la défends”, dit Marita. “Pourtant, elle a pris … des choses qui se trouvaient ici, des biens. Tout ce qu'elle a cru pouvoir revendre dans la ville d'à côté. Je la connais, cette fille. Elle nous a abandonnés.”
Si c'était là ce que pensait Marita, alors, Berin était sûr qu'elle n'avait jamais vraiment connu sa fille, ni son mari, si elle s'imaginait qu'il allait croire un mensonge aussi transparent. Berin la prit par les épaules et, СКАЧАТЬ