Une Concession d’Armes . Морган Райс
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Читать онлайн книгу Une Concession d’Armes - Морган Райс страница 4

СКАЧАТЬ ne sait si le Canyon a un fond, renchérit Serna. Pour ce qu’on en sait, l’Épée a traversé un nuage de brume et continue de dégringoler.

      – C’est ridicule, s’agaça Reece. Tout a un fond. Même l’océan.

      – Eh bien, même si ce fond existe, rétorqua Krog, comment descendre jusque là alors que nous ne pouvons ni l’apercevoir, ni l’entendre ? Ça prendrait des jours… même des semaines peut-être !

      – Sans parler du fait que ce ne sera pas une promenade de santé, dit Serna. Tu as vu comme c’est abrupt ?

      Reece se retourna vers la falaise dont la pierre millénaire disparaissait partiellement derrière les volutes de brume. Verticales. Vertigineuses. Ses compagnons avaient raison : ce ne serait pas facile. Cependant, ils n’avaient pas le choix.

      – C’est pire que vous ne le pensez, dit-il. La brume rend la pierre humide et glissante. Même si nous atteignons le fond, nous ne serons pas sûrs de pouvoir remonter.

      Tous lui jetèrent un regard stupéfait.

      – Alors, tu es d’accord : c’est de la folie, dit Krog.

      – C’est de la folie, dit Reece d’une voix tonnante, pleine d’assurance et d’autorité. Mais nous sommes nés pour ce genre de folie. Nous ne sommes pas seulement des hommes. Nous ne sommes pas seulement des citoyens de l’Anneau. Nous sommes d’une autre race : celle des guerriers. Nous sommes des soldats. Nous sommes des hommes de la Légion. Nous avons fait un vœu. Nous avons prêté serment. Nous avons promis de ne jamais refuser une quête sur le prétexte qu’elle est difficile ou dangereuse, de ne jamais hésiter devant une entreprise qui pourrait nous coûter la vie. C’est cela qui fait de nous des guerriers. L’essence même du courage : s’engager dans une quête qui nous dépasse, car c’est la bonne chose à faire, la chose honorable, même si le but à atteindre parait inaccessible. Après tout, ce n’est pas le résultat qui fait de nous des braves, mais le fait d’essayer. C’est plus grand que nous. C’est ce que nous sommes.

      Un lourd silence suivit ces mots, comme le vent sifflait autour d’eux.

      Enfin, Indra fit un pas en avant.

      – Je suis avec Reece, dit-elle.

      – Moi aussi, ajouta Elden en faisant à son tour un pas en avant.

      – Et moi, dit O’Connor.

      Conven se porta en silence à la hauteur de Reece, les doigts refermés sur la poignée de son épée.

      – Pour Thorgrin, dit-il, j’irai jusqu’au bout du monde.

      D’avoir à ses côtés ses amis de la Légion, Reece sentit soudain la fierté et l’optimisme l’envahir. Ses compagnons étaient devenus sa famille. Ils l’avaient accompagné jusqu’au bout de l’Empire. Les cinq se tournèrent alors vers les nouvelles recrues, Krog et Serna. Reece se demanda s’ils se joindraient à eux. Ils en auraient bien besoin mais, si les deux gaillards souhaitaient faire demi-tour, il en serait ainsi. Reece ne demanderait pas deux fois.

      Krog et Serna renvoyèrent leurs regards, visiblement hésitants.

      – Je suis une femme, leur dit Indra, comme vous me le rappeliez en riant. Et, pourtant, je suis là, prête à entreprendre la quête d’un guerrier, tandis que vous, avec tous vos muscles, vous hésitez…

      Serna grogna, repoussa ses longs cheveux bruns et fit à son tour un pas en avant.

      – J’irai, dit-il, mais seulement pour Thorgrin.

      Krog resta seul de son côté, le visage cramoisi et le regard plein de défi.

      – Vous êtes tous des idiots, dit-il, vous tous.

      Mais il fit à son tour un pas en avant pour se joindre au groupe.

      Reece, satisfait, se tourna vers la paroi du Canyon. Il n’y avait plus un instant à perdre.

*

      Reece se cramponnait à la paroi tout en descendant, centimètre par centimètre. Les autres le suivaient, quelques mètres au-dessus de sa tête. Il semblait qu’ils étaient là depuis des heures. Le cœur de Reece battait à tout rompre chaque fois que son pied cherchait un appui. Ses doigts douloureux, engourdis par le froid, et ses semelles ne cessaient de glisser. Il n’aurait jamais imaginé que ce serait si dur. Il avait soigneusement étudié le terrain et la forme des rochers. Par endroits, la falaise était lisse et il était impossible de l’escalader. Cependant, ça et là, elle était recouverte d’une mousse épaisse et la roche dentelée présentait des prises, des trous, des fissures qui lui permettaient de poser les pieds et les mains. Reece avait même repéré quelques saillies pour se reposer un instant.

      Pourtant, l’escalade était encore plus difficile que prévue. La brume les empêchait d’y voir clair. En baissant les yeux à la recherche d’une prise, Reece avala sa salive avec difficulté. Sans parler du fait qu’après tout ce temps, il était toujours impossible d’apercevoir le fond…

      En son for intérieur, Reece était de plus en plus inquiet et pessimiste. Sa gorge était sèche. Une partie de lui ne pouvait s’empêcher de se demander s’il n’avait pas commis une grave erreur.

      Il n’osait pas en parler aux autres. Depuis la capture de Thor, il était le chef et il devait donner l’exemple. Laisser sa peur le contrôler ne serait pas bon… Il fallait qu’il reste fort et concentré sur sa quête. La peur ne lui servirait à rien.

      Les mains de Reece tremblaient. Il s’obligea à ne pas penser à ce qui se trouvait en contrebas et à se concentrer sur la paroi.

      Un pied après l’autre, songea-t-il. Cette pensée le rassura.

      Il glissa le pied dans une fissure, puis trouva une autre prise. Il commençait à trouver son rythme.

      – ATTENTION ! cria quelqu’un.

      Reece se prépara et une pluie de gravillons tomba soudain sur lui, en rebondissant sur sa tête et ses épaules. Il leva les yeux et vit un énorme caillou filer dans sa direction. Il s’aplatit sur la paroi, manquant de peu d’être assommé.

      – Désolé ! cria O’Connor. J’ai mis le pied sur un caillou !

      Le cœur de Reece battit à tout rompre. Il se força à se calmer. Il brûlait de savoir s’ils se rapprochaient enfin du but. Il saisit un petit caillou tombé sur son épaule et le fit tomber par-dessus son épaule.

      Il attendit le bruit de l’impact.

      Ce bruit ne vint jamais.

      Son mauvais pressentiment ne fit que s’accentuer. Il était toujours impossible de savoir jusqu’où descendait ce Canyon. Ses mains et ses pieds commençaient à trembler. Y arriveraient-ils ? Et si Krog avait eu raison ? Et s’il n’y avait pas de fond ? Et si tout cela n’était qu’une mission suicidaire ?

      Comme Reece poursuivait sa descente, progressait de quelques mètres et retrouvait son rythme, il entendit soudain le bruit d’un corps raclant contre la paroi rocheuse, puis un cri. En levant les yeux, il s’aperçut que Elden avait perdu l’équilibre et tombait près de lui.

      Instinctivement, il tendit la main et réussit à agripper le poignet de son camarade avant СКАЧАТЬ