Recherches nouvelles sur l'histoire ancienne, tome II. Constantin-François Volney
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Recherches nouvelles sur l'histoire ancienne, tome II - Constantin-François Volney страница 11

СКАЧАТЬ target="_blank" rel="nofollow" href="#i000001560000.png"/>

      Il n’est pas nécessaire de discuter l’extravagante chronologie de ces règnes; nous remarquerons seulement que les auteurs arabes et persans ont une foule de variantes sur la durée des règnes, parce qu’il n’y a point d’autorités réelles. Si, selon notre espoir, nous parvenons à reconnaître la personne de ces rois, malgré leur déguisement, les temps se classeront d’eux-mêmes.... Raisonnons sur les faits, et d’abord rappelons-nous la suppression ordonnée par Ardéchir. Il est évident qu’elle a nécessité la perquisition, la saisie de tous les manuscrits existants dans la Perse: l’autorité royale s’étant coalisée avec l’influence ecclésiastique, il y a eu inquisition civile et religieuse sur tous les livres; et il a dû en échapper d’autant moins, qu’étant tous manuscrits, ils ont toujours été rares en Asie, et que, de plus, on y sait en quelles mains ils existent. A cette époque (en 226), ils devaient être d’autant plus rares, que des guerres non interrompues depuis Alexandre, tantôt extérieures, tantôt civiles, avaient produit sur les esprits cet abattement et ce dégoût de tout travail, qui en sont l’effet constant. Les censeurs préposés par Ardéchir ont donc détruit les anciens livres, et ils en ont refait de nouveaux, tels qu’il leur a plu. Qu’on juge des altérations introduites alors! et cependant ce ne sont pas là les livres que nous possédons; ceux-là ont encore été détruits par les musulmans, 400 ans après, ensuite de leur invasion en 1651. Ce n’est que plus de trois siècles après (vers l’an 1000), qu’un conquérant étranger, plus généreux, ordonna, pour son instruction, que l’on recueillît de toute part avec soin ce qui restait de traditions populaires consignées dans les romances, uniques monuments.... Et c’est de cette source que nous tenons des histoires composées en vers et en prose par des musulmans! Telle est la profonde ignorance des Persans modernes sur l’histoire ancienne de leur pays, que non-seulement ils n’ont pas la plus légère idée de Kyrus, de Xercès et de leurs actions, mais qu’encore on ne trouve chez eux aucune trace d’une ère conservée à la Chine par une colonie de Persans pyrolâtres, qui s’y réfugièrent l’an 519 de notre ère. Ce fait curieux mérite d’être plus connu; nous le devons au savant Fréret, qui l’a consigné dans les Mémoires de l’Académie53. Anquetil y a joint des explications dans le tome XXXVII, pag. 732.

      «On lit dans les annales chinoises, que dans une année correspondante à l’an 599 de J.-C. (commencée le 25 décembre 598), il arriva à la Chine une colonie d’hommes occidentaux qui s’établirent (à tel endroit) et qui conservèrent, avec leurs lois une forme d’année et une ère particulière à eux. Or, un auteur chinois remarque que l’année correspondante à 1384 de J.-C. (commencée au solstice d’hiver 1383) était 586e depuis l’arrivée de cette colonie à la Chine, et la 1942e de leur ère, formée d’années de 365 jours

      Si de l’an 1384 nous remontons au delà de notre ère pour compléter une somme de 1,942, nous aurons 558 pour première année de l’ère de ces Occidentaux. Fréret veut trouver 560, et il voit ici l’époque de Kyrus, qui en effet parvint à l’empire cette année là; mais puisque l’an 558 est le résultat naturel, n’est-ce pas plutôt l’époque de cette conversion des Perses à la religion de Zoroastre, dont nous avons parlé page 250, et qui réellement tombe à la jonction des années 557 et 55854? Toujours est-il certain que ces Occidentaux furent des Perses zoroastriens, comme le démontre Anquetil, par les noms de leurs mois, et que cette époque est entièrement oubliée en Perse. Maintenant que nous avons le secret de l’ignorance et de l’audace des compilateurs de ce pays, procédons à l’analyse de leurs listes, et voyons de quels rois factices ils ont composé leurs premières dynasties.

      D’abord, partant d’un point connu, c’est-à-dire de Kestasp, pris pour Darius Hystasp, remontons, et voyons si les rois mentionnés par Mirkhond et par Ferdousi, ne répondent pas à quelques rois cités par Hérodote et par les autres Grecs.

      § V.

      Dynastie Kêan ou Kaian

      Le mot ou kai signifie géant et grand en pehlevi, nous disent les auteurs; et nous ajoutons qu’en arménien skai signifie la même chose.

      Selon Mirkhond,

      «L’art de tirer l’arc fut porté à sa perfection sous ces princes; et de là s’est établi le proverbe persan, un arc kêanien, pour dire un arc très-fort, dont peu de gens sont capables de tirer.»

      Ce fait remarquable nous rappelle l’anecdote de Kyaxar, qui ayant donné l’hospitalité aux Scythes chasseurs, leur confia des jeunes gens de sa cour, pour être instruits à tirer l’arc à la manière scythe. De cette école a dû venir la supériorité des Parthes, qui furent un peuple mêlé de Kurdes et de Mèdes. Ces rois kêaniens doivent donc être les Mèdes d’Hérodote: nous trouvons le persan dans kyaxar, qui s’explique très-bien: le grand vainqueur.

      Selon Ferdousi et selon Mirkhond, Kê Qobâd ne fut point fils de roi; il vivait simple particulier retiré. L’Iran était dévasté par des étrangers. Zâl, gouverneur de Zablestan, et père du célèbre Roustam, ayant rassemblé une armée pour les repousser et rétablir l’ordre, forma un grand conseil de guerre, et tint ce discours aux chefs:-

      «Guerriers magnanimes, instruits par l’expérience et les dangers, j’ai assemblé cette armée et tâché de la rendre formidable; mais tous les cœurs sont découragés faute d’un roi qui unisse leurs bras: les affaires roulent sans guide; l’armée agit et marche sans chef; lorsque Zou occupait le trône, notre situation avait un meilleur aspect. Choisissons un homme de race royale; donnons-lui les marques distinctives (de la royauté). Un roi établira l’ordre dans le monde. Un corps de nation ne peut exister sans chef. Les prêtres nous indiquent pour cette dignité un descendant de Feridon, un homme éminent par sa grandeur d’ame et par sa justice

      Maintenant comparons ce qu’Hérodote nous dit de l’élection de Déïokès, liv. Ier, § XCVI et suivants.

      Après que les Mèdes eurent détruit l’empire assyrien, devenus indépendants, ils furent bientôt tourmentés de tous les désordres de l’anarchie:

      «Or il y avait chez eux un sage appelé Déïokès, qui, s’étant fait remarquer par ses bonnes mœurs et par sa justice, fut établi juge de sa bourgade, par le suffrage de ses concitoyens....

      «Lorsqu’il vit sa réputation répandue, et les clients affluer, il se retira… Les brigandages recommencèrent; les Mèdes s’assemblèrent, tinrent conseil sur leur situation; les amis de Déïokès y parlèrent, je pense, en ces termes:—Puisque la vie (troublée) que nous menons ne nous permet plus d’habiter ce pays, choisissons un roi.... La Médie étant alors gouvernée par de sages lois, nous pourrons cultiver en paix nos campagnes, sans crainte d’être chassés par l’injustice et la violence....—Ce discours persuada les Mèdes de se donner un roi.»

      L’on voit que le fond des deux récits est semblable..... Aussi Kê Qobâd est-il peint comme un roi pacifique, livré aux soins administratifs..... Il fit le premier poser sur les chemins les bornes milliaires appelées farsang (de 2,568 toises); il établit une dîme pour payer les troupes réglées; il fit sa résidence dans l’Irâq Adjàmi, c’est-à-dire en Médie; et comme les Perses n’ont aucune idée d’Ecbatanes, ils supposent que ce fut à Ispahan: tout cela convient à Déïokès.

      Le second roi, Kai Kaôus, fut fils de Qobâd selon les uns, mais la chronique Madjmal-el-Taoûarik, СКАЧАТЬ



<p>53</p>

Mémoires de l’Acad. des Inscript., tom. XVI, p. 245.

<p>54</p>

Il faut qu’il y ait erreur dans les 599 cités par Fréret.