Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. I. Чарльз Диккенс
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Читать онлайн книгу Aventures de Monsieur Pickwick, Vol. I - Чарльз Диккенс страница 23

СКАЧАТЬ lui faut l'antique poussière

      Que les siècles seuls ont pu faire,

      Pour contenter ses appétits.

      Oh! quelle plante singulière

      Que ce vieux gourmand de lierre!

      Dans son domaine solitaire,

      Tantôt il s'étend sur la terre,

      Rongeant la pierre des tombeaux;

      Et tantôt, relevant la tête,

      Il grimpe, d'un air de conquête,

      Au sommet des plus grands ormeaux.

      Oh! quelle plante singulière

      Que ce vieux gourmand de lierre!

      Par le cours fatal des années,

      Les nations sont ruinées,

      Mais lui, rien ne peut le flétrir.

      Les plus grands monuments de l'homme,

      A quoi donc servent-ils, en somme?

      A l'abriter, à le nourrir.

      Oh! quelle plante singulière

      Que ce vieux gourmand de lierre!

      Tandis que le bienveillant ecclésiastique répétait ses vers une seconde fois pour permettre à M. Snodgrass d'en prendre note, M. Pickwick étudiait avec un grand intérêt l'expression de sa physionomie. Il prit ensuite la parole et dit au vicaire:

      «Voulez-vous me permettre, monsieur, malgré la nouveauté de notre connaissance, de vous demander si, dans le cours de votre carrière, comme ministre de l'évangile, vous n'avez pas observé beaucoup d'événements dignes d'être conservés dans la mémoire des hommes?

      – Effectivement, monsieur, répliqua le ministre; j'ai observé beaucoup d'événements, mais dans une sphère étroite; et ils ont toujours été d'une nature simple et ordinaire.

      – Vous avez réuni, je pense, quelques notes sur John Edmunds?» reprit M. Wardle, qui désirait mettre son ami en évidence, pour l'édification de ses nouveaux hôtes.

      La vicaire fit un léger signe d'assentiment et se préparait à changer le sujet de la conversation, lorsque M. Pickwick lui dit: «Pardonnez-moi, monsieur; mais je vous serais obligé de m'apprendre qui était ce John Edmunds?

      – C'est précisément ce que j'allais demander; ajouta M. Snodgrass avec vivacité.

      – Vous êtes pris, s'écria le joyeux hôte. Il faudra, tôt ou tard, que vous satisfassiez la curiosité de ces messieurs; ainsi, vous feriez mieux de profiter de l'occasion et d'en finir sur-le-champ.»

      Le vieux ministre sourit avec bonhomie et rapprocha sa chaise de la cheminée. Les autres membres se serrèrent aussi, principalement M. Tupman et la tante demoiselle, qui avaient peut-être l'ouïe un peu dure. Le cornet de la vieille lady fut ajusté soigneusement; M. Miller, qui s'était endormi, fut réveillé par son ex-partner, au moyen d'un pinçon monitoire, administré par-dessous la table, et le ministre, sans autre préface, commença le récit suivant, auquel nous avons pris la liberté de donner pour titre:

LE RETOUR DU CONVICT

      «Lorsque je fus nommé vicaire de ce village, il y a juste vingt-cinq ans, j'y trouvai, parmi mes paroissiens, un certain Edmunds qui tenait à bail une petite ferme du voisinage. C'était un méchant homme, paresseux et dissolu par habitude, morose et féroce par disposition. Excepté quelques vagabonds abandonnés qui flânaient avec lui dans les champs ou qui s'abrutissaient à la taverne, il n'avait pas un seul ami, pas même une connaissance. En général on l'évitait, car personne ne se souciait de parler à un individu redouté par plusieurs, détesté par tous.

      Cet homme avait une femme et un fils âgé d'environ douze ans. Je vous attristerais sans nécessité en vous dépeignant les souffrances qu'avait endurées sa femme, et tout ce que je pourrais vous dire ne suffirait pas pour apprécier suffisamment la douceur et la résignation qu'elle déployait dans les circonstances les plus délicates, ni la sollicitude pleine de tendresse et de douleur avec laquelle elle élevait son enfant. Que Dieu me pardonne ce que je vais dire, si c'est un soupçon peu charitable, mais, dans mon âme et conscience, je crois que son mari essaya systématiquement, pendant plusieurs années, de la faire mourir de chagrin. Elle supporta tout, cependant, pour l'amour de son fils; et même, quoique cela puisse paraître étrange à bien des gens, pour l'amour de son mari. Elle l'avait aimé autrefois, et malgré ses brutalités, malgré la cruauté qu'il lui témoignait, le souvenir de ce qu'il avait été pour elle éveillait encore dans son sein des sentiments de douce indulgence, auxquels, excepté la femme, toutes les autres créatures de Dieu sont étrangères.

      Ils étaient pauvres: la conduite du mari ne permettait pas qu'il en fût autrement; mais le travail obstiné, incessant de la femme, les maintenait au-dessus du besoin. Cependant ses efforts étaient bien mal récompensés. Les gens qui passaient auprès de leur maison, le soir, entendaient souvent les pleurs, les gémissements de la malheureuse femme, et le bruit des coups qu'elle recevait. Plus d'une fois, après minuit, l'enfant vint frapper doucement à la porte de quelque maison voisine, où il était envoyé par sa mère, pour échapper à l'ivresse furieuse du père dénaturé.

      Pendant tout ce temps, et quoique la pauvre créature portât souvent des marques de mauvais traitements, qu'elle ne pouvait pas entièrement cacher, elle assistait régulièrement au service divin. Chaque dimanche, matin et soir, elle occupait avec son fils le même banc dans notre petite église; et quoique la mère et l'enfant fussent tous deux pauvrement habillés (plus pauvrement même que beaucoup de leurs voisins qui se trouvaient dans une position encore plus précaire), leur toilette était toujours décente et propre. Chacun avait un signe amical et une parole bienveillante pour cette pauvre madame Edmunds, et parfois quand, au sortir de l'église, elle s'arrêtait sous les ormes qui conduisaient au porche, pour échanger quelques mots avec un voisin; ou quand elle ralentissait le pas pour regarder, avec l'orgueil et la tendresse d'une mère, son enfant, rose et bien portant, qui jouait devant elle avec quelques petits camarades, sa figure fatiguée s'éclairait d'une expression de gratitude profondément ressentie, et elle paraissait être sinon heureuse ou gaie, du moins résignée et tranquille.

      Cinq ou six ans s'écoulèrent: l'enfant était devenu un jeune homme robuste et bien bâti, mais le temps, qui avait renforcé ses membres délicats, avait courbé la taille de sa mère et affaibli sa démarche; et cependant le bras qui aurait dû la supporter n'était plus enchaîné sous le sien, le visage qui aurait dû la réjouir ne la regardait plus en souriant. Elle occupait toujours le même banc, mais il y avait une place vacante à côté d'elle; sa bible était toujours tenue avec autant de soin, elle y faisait des signets pour l'ouvrir aux différentes lectures; mais il n'y avait plus personne pour la lire avec elle, et ses larmes coulaient sur son livre, et dérobaient à ses yeux le texte sacré. Ses voisins étaient encore aussi bienveillants qu'autrefois, mais maintenant elle détournait la tête pour éviter leur salut; elle ne s'arrêtait plus sous les vieux ormes, et elle n'enfermait plus dans son cœur des trésors de bonheur et d'espérance. Dans sa désolation elle enfonçait sa coiffe sur son visage et elle s'éloignait d'un pas précipité. Faut-il vous le dire? Ce jeune homme qui aurait dû conserver pieusement dans sa mémoire le souvenir des privations volontaires, des mauvais traitements que sa mère avait endurés pour lui; oubliant au contraire tout ce qu'il lui devait, et méprisant cruellement les angoisses de son cœur brisé, s'était lié avec les hommes les plus dépravés, les plus abandonnés de Dieu, et suivait une carrière de vices et de crimes, qui devait aboutir à la mort pour lui, à la honte pour elle. Hélas! pauvre nature humaine! Vous avez déjà deviné cela depuis longtemps.

      La malheureuse femme était sur le point de voir compléter la mesure de ses infortunes. Des délits nombreux avaient été commis dans le voisinage. Les coupables étaient restés impunis, et leur СКАЧАТЬ