La coucaratcha. III. Эжен Сю
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Название: La coucaratcha. III

Автор: Эжен Сю

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ dut éprouver Cécile tant que dura l’accès de gaîté de monsieur de Noirville; lorsqu’il eut fini sa narration, madame de Noirville lui dit seulement:

      – Voulez-vous avoir la bonté, Monsieur, de m’ouvrir cette porte?..

      – Pas de cela, Lisette…; ou bien si… mais je ne t’ouvrirai qu’à une condition, oui, ma petite chatte, à une condition, c’est que tu viendras baiser ton gros geôlier… ton Adolphe… ton Dodophe… comme dit Dumont.

      – En vérité, Monsieur, je vous dis que j’ai besoin de respirer…; j’étouffe ici; je voudrais aller dans la serre… ouvrez-moi par pitié, Monsieur… encore une fois, je souffre…

      A ce moment, le maître d’hôtel, qui avait en vain cherché la clé dans la serrure, fit entendre ces mots derrière la porte du parloir:

      – Madame est servie…

      – Ah ciel! Monsieur, et vos gens qui me trouvent enfermée avec vous! – s’écria Cécile en rougissant d’indignation.

      – Eh bien! après?.. tiens! est-ce qu’un mari… ne peut pas…

      Un regard rempli de dignité, de hauteur et d’écrasant mépris… stupéfia M. de Noirville et arrêta sur ses lèvres je ne sais quelle triviale brutalité prête à lui échapper.

      Il ouvrit la porte du parloir, offrit le bras à sa femme et l’accompagna dans la salle à manger.

      M. et madame de Noirville se mirent à table.

      C'était un vendredi, et Cécile, d’une piété profonde, suivait exactement les lois de l'Église.

      M. de Noirville, lui, mettait sa vanité d’esprit fort à taquiner sa femme sur les scrupules religieux qui l’empêchaient de faire comme lui, qui s’acharnait à ne manger ce jour-là ni poissons ni légumes, quoiqu’il les aimât beaucoup, préférant se gorger de viande, pour humilier les jésuites, disait-il, et narguer les prêtres.

      – Cécile, qui mangeait comme un oiseau, prit quelques cuillerées d’un potage qu’on lui avait servi à part, et retomba dans sa rêverie.

      Elle en fut tirée par un retentissant éclat de rire de M. de Noirville, qui s’écria: Devine ce que tu viens de manger là!..

      – Je ne vous comprends pas, Monsieur, répondit Cécile.

      – Ah! ah! dit Noirville – en redoublant ses éclats de rires, – c’est ça… qui prouve bien la bêtise de faire maigre; tu ne sais pas ce que j’ai fait? je suis descendu moi même à la cuisine pour mettre dans ta soupe maigre une grande cuillerée de bouillon gras. Eh bien! croiras-tu encore qu’il faut faire maigre maintenant?.. Te voilà bien attrapée… Ah! la bonne farce!.. tu as commis un péché… un fameux péché… fameux… C'est encore ça qui fera rire Dumont!

      Cécile rougit, ne répondit pas un mot, et se leva de table en disant à son mari:

      – Vous m’excuserez, Monsieur; mais je me retire chez moi… je suis souffrante.

      Et elle disparut, malgré les supplications de Noirville, qui s’écriait la bouche pleine:

      – Mais ma femme… ma femme, ne te fâche pas, c’est une farce; on peut bien rire un peu aussi… Puis il ajouta: – C'est égal, elle a fait gras; son confesseur sera joliment enfoncé quand il saura qu’elle a fait gras; car je l’ai en horreur ce vieux jésuite-là, et je recommande toujours à mes domestiques de rire quand il passe… le tartufe qu’il est…

      Monsieur de Noirville, après avoir exhalé sa haine contre les jésuites et le maigre, dîna parfaitement comme toujours, puis alla dormir au ballet de l'Opéra.

      Cécile, en rentrant chez elle, trouva une lettre de Dresde: c’était la réponse de la baronne d'Herlmann à la lettre si triste et si désolée qu’elle lui avait écrite.

      Enfin – dit Cécile – après tout ce que j’ai souffert aujourd’hui, le ciel me devait bien cette consolation. Que deviendrais-je, mon Dieu, si je n’avais pas au moins une amie qui comprît tous mes chagrins!..

      Et brisant le cachet avec émotion, elle lut:

      CHAPITRE VII

UNE LETTRE RAISONNABLE

      «Grâce au mariage d’une de mes belles-sœurs qui s’unit à un homme qu’elle aime depuis cinq ans, je n’ai pu, ma chère Cécile, répondre à votre lettre, d’autant plus que je voulais le faire très longuement, afin de vous prouver toute votre folie, toute votre mauvaise volonté à ne pas jouir d’un bonheur réel que vous méprisez par cela peut-être que vous le possédez.

      «Oui, ma chère Cécile, je vous parais peut-être bien sévère; mais en vérité votre dernière lettre est tellement remplie d’exagérations et d’idées chimériques, que je suis obligée de vous gronder bien sérieusement cette fois; car vos autres lettres n’étaient rien auprès de celle-ci, et je me croirais réellement coupable si je vous laissais plus longtemps accuser le ciel parce qu’il lui plaît de vous combler de ses dons.

      «En résumé, en fait, en positif, de quoi vous plaignez-vous? que vous manque-t-il pour être heureuse? oui, que vous manque-t-il? Vous le voyez, Cécile, je dis comme ce monde que vous accusez à tort d’égoïsme et de cruauté, car il ne faut pas ainsi, ma chère amie, répudier la logique et l’appréciation du monde, elle est ordinairement marquée d’un cachet de profonde vérité.

      «Si vous n’aviez pas cette admirable pureté de principes que je vous connais, si votre conscience pouvait vous faire le moindre reproche… je comprendrais le chagrin vague et indéterminé que vous croyez ressentir; mais vous, d’une piété sincère, d’une vertu si angélique, pourquoi vous tourmenter ainsi quand vous savez n’avoir rien à vous reprocher?

      «Le plus grand de vos griefs, dites-vous, est de n'être pas comprise par M. de Noirville…; mais cela est un mot, ma chère enfant. En quoi n'êtes-vous pas comprise? Votre mari comprend vos goûts, vos volontés, quand vous les lui exprimez; je suis sûre que vous lui diriez demain que votre terre de Normandie vous déplaît et que vous en voulez une en Touraine, qu’il vous comprendrait à merveille, et qu’il ne serait fâché que d’une chose, ce serait de n’avoir pas prévenu votre désir.

      «Encore une fois, ne pas être comprise c’est un mot romanesque, une chimère, un prétexte à désespoir, et pas autre chose… Vous vous plaignez de ce que M. de Noirville vous tutoie devant vos gens; sans doute il manque de savoir-vivre, mais, ma chère amie, les hommes ne sont pas parfaits, et, selon moi, vaut encore mieux un homme comme votre mari, bon, dévoué, aux façons un peu vulgaires, j’en conviens, qu’un homme à la mode, charmant, rempli de tact et d’exquisitisme, qui vous rendrait la plus malheureuse des femmes avec le meilleur air du monde et toutes les grâces possibles.

      «Voyez-vous, ma chère amie, vous vous souvenez trop de notre âge de jeune fille. Eh! mon Dieu.. moi aussi, vous le savez, comme vous j’ai aimé les promenades sur le golfe, la rêverie du soir et le clair de la lune; mais, encore une fois, il y a un âge pour cela, c’est quand l’âme et l’esprit sont vides de soins sérieux… car, au résumé, que prouve toute cette poésie-là pour le bonheur réel?.. C'est un rêve, et tout rêve a son réveil… Pourquoi donc rêver quand on peut s’en passer? La vie positive a ses charmes, et surtout depuis mon mariage, je les conçois; le secret est seulement de savoir, ou plutôt de vouloir se faire heureuse: imitez-moi donc, СКАЧАТЬ