Название: Le roi Lear
Автор: Уильям Шекспир
Издательство: Public Domain
Жанр: Драматургия
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KENT. – Du service.
LEAR. – Qui voudrais-tu servir?
KENT. – Vous.
LEAR. – Me connais-tu, maraud?
KENT. – Non, seigneur; mais vous avez dans votre physionomie quelque chose qui fait que j'aimerais à vous dire: Mon maître.
LEAR. – Qu'est-ce que c'est?
KENT. – De l'autorité.
LEAR. – De quel service es-tu capable?
KENT. – Je puis garder d'honnêtes secrets; courir à cheval, à pied; gâter une histoire intéressante en la racontant, et rendre platement un simple message. Je suis propre à tout ce que peut faire le commun des hommes. Ce que j'ai de mieux, c'est l'activité.
LEAR. – Quel âge as-tu?
KENT. – Je ne suis pas assez jeune, seigneur, pour m'amouracher d'une femme à l'entendre chanter, ni assez vieux pour en raffoler n'importe pour quelle raison. J'ai sur les épaules quelque quarante-huit ans.
LEAR. – Suis-moi, tu vas me servir: si après le dîner tu ne me déplais pas plus qu'à présent, je ne te congédierai pas de sitôt. – Le dîner, holà! le dîner. – Où est mon petit drôle, mon fou? Allez me chercher mon fou. (Entre Oswald.) – Eh! vous, l'ami, où est ma fille?
OSWALD. – Avec votre permission…
LEAR. – Qu'est-ce qu'il a dit là? Rappelez-moi ce manant. – Où est mon fou? Holà! je crois que tout dort ici. – Eh bien! où est-il donc ce métis?
UN CHEVALIER. – Il dit, seigneur, que votre fille ne se porte pas bien.
LEAR. – Pourquoi ce gredin-là n'est-il pas revenu sur ses pas quand je l'ai appelé?
LE CHEVALIER. – Seigneur, il m'a déclaré tout bonnement qu'il ne le voulait pas.
LEAR. – Qu'il ne le voulait pas!
LE CHEVALIER. – Seigneur, je ne sais pas quelle en est la raison; mais, à mon avis, Votre Grandeur n'est pas accueillie avec cette affection respectueuse qu'on avait coutume de vous montrer. J'aperçois une grande diminution de bienveillance chez tous les gens de la maison, aussi bien que chez le duc lui-même et chez votre fille.
LEAR. – Vraiment! le penses-tu?
LE CHEVALIER. – Je vous prie de me pardonner, seigneur, si je me suis trompé; mais mon devoir ne peut se taire quand je crois Votre Majesté offensée.
LEAR. – Tu ne fais que me rappeler mes propres idées. Je me suis bien aperçu depuis peu de beaucoup de négligence; mais j'étais disposé plutôt à m'accuser moi-même d'une exigence trop soupçonneuse, qu'à y voir une conduite et une intention désobligeantes. J'y regarderai de plus près. – Mais où est mon fou? Je ne l'ai pas vu depuis deux jours.
LE CHEVALIER. – Depuis que ma jeune maîtresse est partie pour la France, seigneur, votre fou a bien dépéri.
LEAR. – En voilà assez là-dessus. Je l'ai bien remarqué. Allez, et dites à ma fille que je veux lui parler. (Sort un chevalier.)– Vous, allez me chercher mon fou. (Sort un chevalier; rentre Oswald.) – Eh! vous, l'ami! l'ami! approchez. Qui suis-je, s'il vous plaît?
OSWALD. – Le père de ma maîtresse.
LEAR. – Le père de ma maîtresse! et vous le valet de votre maître. Chien de bâtard! esclave! mâtin!
OSWALD. – Je ne suis rien de tout cela: je vous demande pardon, seigneur.
LEAR. – Je crois que tu t'avises de me regarder en face, insolent!
OSWALD. – Je ne veux pas être battu, seigneur.
KENT. – Ni donner du nez en terre non plus, mauvais joueur de ballon8.
LEAR. – Je te remercie, ami; tu me rends service, et je t'aimerai.
KENT. – Allons, relevez-vous, mon maître, et dehors. Je vous apprendrai votre place. Hors d'ici! hors d'ici! Si vous voulez prendre encore la mesure d'un lourdaud, restez ici. Mais, dehors! allons, y pensez-vous? Dehors!
LEAR. – Tu es un garçon dévoué; je te remercie. Voilà les arrhes de ton service.
LE FOU, à Lear. – Laisse-moi le prendre aussi à mes gages. – Tiens, voici ma cape9.
LEAR. – Eh bien! pauvre petit, comment vas-tu?
LE FOU, à Kent. – Tu ferais bien de prendre ma cape.
KENT. – Pourquoi, fou?
LE FOU. – Pourquoi? parce que tu prends le parti de celui qui est dans la disgrâce. Vraiment, si tu ne sais pas sourire du côté où le vent souffle, tu auras bientôt pris froid. Allons, mets ma cape. – Eh! oui, cet homme a éloigné de lui deux de ses filles, et a rendu la troisième heureuse bien malgré lui. Si tu t'attaches à lui, il faut de toute nécessité que tu portes ma cape. —(A Lear.) Ma foi, noncle10, je voudrais avoir deux capes et deux filles.
LEAR. – Pourquoi, mon garçon?
LE FOU. – Si je leur donnais tout mon bien, je garderais pour moi mes deux capes. Mais tiens, voilà la mienne; demandes-en une autre à tes filles.
LEAR. – Prends garde au fouet, petit drôle.
LE FOU. – La vérité est le dogue qui doit se tenir au chenil, et qu'on chasse à coups de fouet; pendant que Lady, la chienne braque, peut venir nous empester au coin du feu.
LEAR. – C'est une peste pour moi que ce coquin-là.
LE FOU. – Mon cher, je veux t'enseigner une sentence.
LEAR. – Voyons.
LE FOU. – Écoute bien, noncle.
Aie plus que tu ne montres;
Parle moins que tu ne sais;
Prête moins que tu n'as;
Va plus à cheval qu'à pied;
Apprends plus de choses que tu n'en crois;
Parie pour un point plus bas que celui qui te vient;
Quitte ton verre et ta maîtresse,
Et tiens-toi coi dans ta maison;
Et tu auras alors
Plus de deux dizaines à la vingtaine.
LEAR. – Cela ne signifie rien, fou.
LE FOU. – C'est, en ce cas, comme la harangue d'un avocat sans salaire: vous ne m'avez rien donné pour cela. Est-ce que vous СКАЧАТЬ
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