La grande ombre. Артур Конан Дойл
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу La grande ombre - Артур Конан Дойл страница 9

Название: La grande ombre

Автор: Артур Конан Дойл

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

Серия:

isbn:

isbn:

СКАЧАТЬ parmi ces collines!

      Une vague brûlante de honte me monta à la figure, et je me levai soudain, plein d'ardeur de partir, et de jouer dans le monde le rôle d'un homme.

      Pendant deux jours, je ne fis que songer à cela.

      Le troisième, il survint un événement qui condensa mes résolutions, et aussitôt les dissipa, comme un souffle de vent fait disparaître une fumée.

      J'étais allé faire une promenade dans l'après-midi avec la cousina Edie et Rob.

      Nous étions arrivé au sommet de la pente qui descend vers la plage.

      L'automne tirait à sa fin.

      Les herbes, en se flétrissant, avaient pris des teintes de bronze, mais le soleil était encore clair et chaud.

      Une brise venait du sud par bouffées courtes et brûlantes et ridait de lignes courbes la vaste surface bleue de la mer.

      J'arrachai une brassée de fougère pour qu'Edie pût s'asseoir. Elle s'installa de son air insouciant, heureuse, contente, car de tous les gens que j'ai connus, il n'en fut aucun qui aimait autant la chaleur et la lumière.

      Moi, je m'assis sur une touffe d'herbe, avec la tête de Rob sur mon genou.

      Comme nous étions seuls dans le silence de ce désert, nous vîmes, même en cet endroit, s'étendre sur les eaux, en face de nous, l'ombre du grand homme de là bas qui avait écrit son nom en caractères rouges sur toute la carte d'Europe.

      Un vaisseau arrivait poussé par le vent.

      C'était un vieux navire de commerce à l'aspect pacifique, qui, peut-être avait Leith pour destination.

      Il avait les vergues carrées et allait toutes voiles déployées.

      De l'autre côté, du nord est, venaient deux grands vilains bateaux, gréés en lougres, chacun avec un grand mât et une vaste voile carrée de couleur brune.

      Il était difficile d'avoir sous les yeux un plus joli coup d'oeil que celui de ces trois navires qui marchaient en se balançant, par une aussi belle journée.

      Mais tout à coup partit d'un des lougres une langue de flamme, et un tourbillon de fumée noire.

      Il en jaillit autant du second.

      Puis le navire riposta: rap, rap, rap!

      En un clin d'oeil l'enfer avait, d'une poussée du coude, écarté le ciel, et sur les eaux se déchaînaient la haine, la férocité, la soif de sang.

      Au premier coup de feu, nous nous étions relevés, et Edie, toute tremblante, avait posé sa main sur mon bras.

      – Ils se battent, Jock, s'écria-t-elle. Qui sont-ils? Qui sont- ils?

      Les battements de mon coeur répondaient aux coups de canon, et tout ce que je pus dire, avec ma respiration entrecoupée, ce fut:

      – Ce sont deux corsaires français, des chasse-marée, comme ils les appellent là-bas, c'est un de nos navires de commerce, et aussi sûr que nous sommes mortels, ils s'en empareront, car le major dit qu'ils sont toujours pourvus de grosse artillerie et qu'ils sont aussi bourrés d'hommes qu'il y a de nourriture dans un boeuf. Pourquoi cet imbécile ne bat-il pas en retraite vers la barre à l'embouchure de la Tweed?

      Mais il ne diminua pas un pouce de toile.

      Il se balançait toujours de son air entêté, pendant qu'une petite boule noire était hissée à la pointe de son grand mât, et que le magnifique vieux drapeau apparaissait tout à coup et ondulait à ses drisses.

      Puis se fit entendre de nouveau le rap, rap, rap! de ses petits canons, suivi du boum! boum! des grosses caronades qui armaient les baux du lougre.

      Un instant plus tard, les trois navires formaient un groupe.

      Le navire-marchand oscilla comme un cerf avec deux loups accrochés à ses hanches.

      Tous trois ne formaient plus qu'une confuse masse noire enveloppée dans la fumée, d'où pointaient çà et là les vergues. D'en haut et du centre de ce nuage partaient, comme l'éclair, de rouges langues de flammes.

      C'était un tapage si infernal de gros et de petits canons, de cris de joie, de hurlements, que pendant bien des semaines mes oreilles en tintèrent encore.

      Pendant une heure d'horloge, le nuage poussé par l'enfer se déplaça lentement sur les flots, et nous restâmes là, le coeur saisi, à regarder le battement du pavillon, nous écarquillant les yeux pour voir s'il était toujours à sa place.

      Puis, tout à coup, le vaisseau, plus fier, plus noir, plus ferme que jamais, se remit en marche.

      Quand la fumée se fut un peu dissipée, nous vîmes un des lougres vacillant comme un canard qui tombe à l'eau, avec une aile cassée, tandis que sur l'autre, on se hâtait d'embarquer l'équipage avant qu'il ne coulât à pic.

      Pendant toute cette heure, toute ma vie avait été concentrée dans la bataille.

      Le vent avait emporté ma casquette, mais je n'y avais pas pris garde.

      Alors, le coeur débordant, je me tournai vers ma cousine Edie, et rien qu'en la voyant je me retrouvai en arrière de six ans.

      Son regard avait repris sa fixité, ses lèvres étaient entrouvertes, comme quand elle était toute petite, et ses mains menues étaient jointes si fort que la peau luisait aux poignets comme de l'ivoire.

      – Ah! ce capitaine! dit-elle, en parlant à la bruyère et aux buissons de genêts, quel homme fort, quelle résolution! Quelle est la femme qui ne serait pas fière d'un tel mari?

      – Ah! oui, il s'est bien conduit! m'écriai-je avec enthousiasme.

      Elle me regarda. On eût dit qu'elle avait oublié mon existence.

      – Je donnerais un an de ma vie pour rencontrer un pareil homme dit-elle, mais voilà où on en est quand on habite la campagne. On n'y voit jamais d'autres gens que ceux qui ne sont bons à rien faire de mieux.

      Je ne sais si elle avait l'intention de me faire de la peine, bien qu'elle ne se fit jamais beaucoup prier pour cela, mais quelle que fût son intention, ses paroles me donnèrent la même sensation que si elles avaient traversé tout droit un nerf mis à nu.

      – C'est très bien, cousine Edie, dis-je en m'efforçant de parler avec calme, voilà qui achève de me décider. J'irai ce soir m'enrôler à Berwick.

      – Quoi! Jock, vous voulez vous faire soldat?

      – Oui, si vous croyez que tout homme qui reste à la campagne est nécessairement un lâche.

      – Oh! Jock, comme vous seriez beau en habit rouge, comme vous avez meilleur air quand vous êtes on colère. Je voudrais voir toujours vos yeux étinceler ainsi. Comme cela vous va bien, comme cela vous donne l'air d'un homme! Mais j'en suis sûre, c'est pour plaisanter, que vous parlez de vous faire soldat.

      – Je vous ferai voir si je plaisante.

      Puis, je traversai la lande en courant, et j'arrivai ainsi à la cuisine, ou ma mère et mon père étaient assis de chaque côté de la cheminée.

СКАЧАТЬ