Le magasin d'antiquités, Tome II. Чарльз Диккенс
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СКАЧАТЬ ou la force, à mesure qu'ils marchaient, mais gardant tout entière sa ferme résolution de ne témoigner par aucune parole, par aucun regard son état de souffrance aussi longtemps qu'elle conserverait assez d'énergie pour se mouvoir, Nelly, à travers le reste de ce jour cruel, se contraignit à marcher. Elle ne s'arrêtait même plus pour se reposer aussi fréquemment qu'auparavant, car elle voulait compenser jusqu'à un certain point la lenteur obligée de son pas.

      Le soir s'avançait, mais la nuit n'était point encore descendue quand, passant toujours au milieu des mêmes objets repoussants, ils arrivèrent à une ville populeuse.

      Faibles, abattus comme ils l'étaient, les rues de cette ville leur parurent insupportables. Après avoir humblement imploré du secours à un petit nombre de portes et s'être vus repoussés, ils se décidèrent à sortir de ce lieu le plus tôt possible, et à essayer si les habitants de quelque maison isolée auraient plus de compassion pour leur état d'épuisement.

      Ils se traînaient le long de la dernière rue, et l'enfant sentait que le temps approchait où ses ressorts affaiblis ne pourraient plus la soutenir. En ce moment, apparut devant eux un voyageur à pied suivant la même direction. Il portait sur son dos sa valise attachée avec une courroie, s'appuyait sur un gros bâton et lisait dans un livre qu'il tenait de l'autre main.

      Ce n'était pas chose aisée que de le rejoindre et de lui demander assistance, car il marchait rapidement, et il était à quelque distance en avant. Enfin, il s'arrêta pour lire avec plus d'attention un passage de son livre.

      Animée d'un rayon d'espérance, l'enfant se mit à courir avec son grand-père, et étant arrivée près de l'étranger sans avoir éveillé son attention par le bruit de ses pas, elle commença à solliciter son assistance par quelques mots prononcés faiblement.

      Il tourna la tête; l'enfant joignit les mains, poussa un cri perçant et tomba sans connaissance aux pieds de l'étranger.

      CHAPITRE IX

      C'était le pauvre maître d'école; oui, le pauvre maître d'école en personne. À peine moins ému et moins surpris par la vue de l'enfant que celle-ci n'avait éprouvé de surprise et d'émotion en le reconnaissant, il garda un moment le silence, confondu par cette apparition inattendue, sans trouver même la présence d'esprit nécessaire pour relever Nelly étendue à terre.

      Mais revenant bientôt à lui-même, il jeta livre et bâton; et s'agenouillant auprès de l'enfant, il essaya avec les simples moyens qu'il pouvait avoir en son pouvoir de lui rendre l'usage de ses sens, tandis que le grand-père, debout devant lui et incapable d'agir, se tordait les mains et suppliait sa petite-fille avec toutes les expressions de la plus vive tendresse de lui parler, ne fût-ce que pour lui dire un mot.

      «Elle est presque épuisée de fatigue, dit le maître d'école, en examinant le visage de Nelly. Vous avez trop présumé de ses forces, mon ami.

      – Elle se meurt de besoin! répondit le vieillard. Jusqu'à ce moment je ne me doutais pas qu'elle fût si faible et si malade.»

      Le maître d'école, jetant sur lui un regard moitié de reproche, moitié de compassion, prit l'enfant dans ses bras; puis invitant le vieillard à ramasser le petit panier et à le suivre, il emporta Nelly de son pas le plus rapide.

      Il y avait en vue une modeste auberge, vers laquelle, selon toute apparence, l'instituteur se dirigeait quand il avait été surpris d'une manière si inattendue. Ce fut de ce côté qu'il courut avec son fardeau inerte; il entra à la hâte dans la cuisine, et invoquant pour l'amour de Dieu l'assistance des gens qui se trouvaient là, il déposa Nelly sur une chaise devant le feu.

      La compagnie, qui s'était levée en désordre à l'approche du maître d'école, fit ce qu'on a l'habitude de faire en pareille circonstance. Chacun ou chacune indiquait son remède, que personne n'apportait; chacun criait qu'il fallait donner plus d'air, et en même temps on avait soin de raréfier l'air qu'il y avait dans la salle en formant un cercle pressé autour de l'objet de cette sympathie, et tous s'étonnaient que personne n'eût fait ce que nul d'entre eux n'avait l'idée de faire.

      Cependant l'hôtesse, plus alerte, plus active qu'aucun des assistants, et qui avait compris aussi plus vite les causes de l'accident, ne tarda pas à revenir avec un peu d'eau chaude mêlée d'eau-de-vie. Elle était suivie de sa servante qui portait du vinaigre, de la corne de cerf, des sels odorants et autres ingrédients propres à restaurer les forces. Ces secours, administrés à propos, mirent l'enfant en état de remercier d'une voix faible et de tendre sa main au pauvre maître d'école, qui se tenait tout près d'elle, l'anxiété peinte dans tous ses traits. Sans laisser Nelly prononcer un mot de plus ou remuer seulement un doigt, les femmes aussitôt la portèrent au lit; puis après l'avoir chaudement couverte, après lui avoir bassiné les pieds qu'elles enveloppèrent de flanelle, elles dépêchèrent un exprès chez le docteur.

      Le docteur, gentleman au nez rubicond, porteur d'un gros paquet de breloques qui dansaient au-dessous de son gilet de satin noir à côtes, arriva en toute hâte, s'assit près du lit où était la pauvre Nelly, tira sa montre et tâta le pouls de la malade. Puis il regarda sa langue, tâta de nouveau son pouls, et après toutes ces formalités il jeta un coup d'oeil comme au hasard sur le verre à moitié vidé.

      «Je lui donnerais de temps en temps, dit-il enfin, une cuillerée d'eau-de-vie chaude mêlée avec de l'eau.

      – Eh bien, c'est justement ce que nous avons fait, monsieur! dit l'hôtesse enchantée.

      – Je voudrais aussi, dit d'un ton d'oracle le docteur, qui en montant l'escalier avait frôlé la bassinoire, je voudrais aussi qu'on lui fit prendre un bain de pieds, qu'ensuite on les lui enveloppât de flanelle. Je lui donnerais encore, ajouta-t-il avec une solennité croissante, quelque chose de léger pour son souper, une aile de poulet rôti, par exemple.

      – Eh bien! monsieur, s'écria l'hôtesse, voilà qui se trouve à merveille; justement il y a un poulet qui rôtit en ce moment au feu de la cuisine.»

      Et c'était vrai; c'était un poulet commandé par le maître d'école; et il était présumable que le docteur, avant d'ordonner le poulet, en avait d'abord flairé l'odeur.

      «Vous pourrez enfin, dit le docteur se levant avec gravité, lui donner un verre de vin de Porto chaud et épicé, si elle aime le vin.

      – Et avec cela une rôtie? insinua l'hôtesse.

      – Hum! dit le docteur, du ton d'un homme qui fait une grande concession… Et une rôtie de pain. Mais ayez bien soin, madame, qu'elle soit de pain, s'il vous plaît.»

      Le docteur partit sur cette dernière recommandation prononcée lentement et d'un accent très-solennel, laissant tous les gens de la maison dans l'admiration de cette science profonde qui s'accordait si bien avec leur première inspiration. Chacun disait que c'était un docteur habile, qui savait très-bien connaître le tempérament des malades; et, dans ce cas du moins, il faut admettre qu'il ne s'était peut-être pas trompé.

      Tandis que son souper se préparait, l'enfant tomba dans un sommeil réparateur d'où l'on fut obligé de la tirer quand le repas fut prêt. Comme elle témoignait une grande anxiété en apprenant que son grand-père était en bas, et qu'elle était extrêmement troublée, à l'idée qu'il resterait séparé d'elle, le vieillard vint souper avec sa petite-fille. On fit encore, à sa demande, un lit au vieillard dans une chambre intérieure où il s'installa. Heureusement, cette chambre se trouvait communiquer avec celle de Nelly: l'enfant eut soin d'enfermer à clef son compagnon dès que l'hôtesse se fut retirée, et elle se mit au lit le coeur soulagé.

      Le maître d'école resta longtemps СКАЧАТЬ