Robinson Crusoe. I. Defoe Daniel
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Читать онлайн книгу Robinson Crusoe. I - Defoe Daniel страница 6

Название: Robinson Crusoe. I

Автор: Defoe Daniel

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ qui était basse et étroite, et contenait seulement une chambre à coucher pour le patron et un ou deux esclaves, une table à manger, et quelques équipets pour mettre des bouteilles de certaines liqueurs à sa convenance, et surtout son pain, son riz et son café.

      Sur cette chaloupe, nous allions fréquemment à la pêche; et comme j'étais très-habile à lui attraper du poisson, il n'y allait jamais sans moi. Or, il advint qu'un jour, ayant projeté de faire une promenade dans ce bateau avec deux ou trois Maures de quelque distinction en cette place, il fit de grands préparatifs, et, la veille, à cet effet, envoya au bateau une plus grande quantité de provisions que de coutume, et me commanda de tenir prêts trois fusils avec de la poudre et du plomb, qui se trouvaient à bord de son vaisseau, parce qu'ils se proposaient le plaisir de la chasse aussi bien que celui de la pêche.

      Je préparai toutes choses selon ses ordres, et le lendemain au matin j'attendais dans la chaloupe, lavée et parée avec guidon et flamme au vent, pour la digne réception de ses hôtes, lorsqu'incontinent mon patron vint tout seul à bord, et me dit que ses convives avaient remis la partie, à cause de quelques affaires qui leur étaient survenues. Il m'enjoignit ensuite, suivant l'usage, d'aller sur ce bateau avec le Maure et le jeune garçon pour pêcher quelques poissons, parce que ses amis devaient souper chez lui, me recommandant de revenir à la maison aussitôt que j'aurais fait une bonne capture. Je me mis en devoir d'obéir.

      Cette occasion réveilla en mon esprit mes premières idées de liberté; car alorsje me trouvais sur le point d'avoir un petit navire à mon commandement. Mon maître étant parti, je commençai à me munir, non d'ustensiles de pêche, mais de provisions de voyage, quoique je ne susse ni ne considérasse où je devais faire route, pour sortir de ce lieu, tout chemin m'étant bon.

      Mon premier soin fut de trouver un prétexte pour engager le Maure à mettre à bord quelque chose pour notre subsistance. Je lui dis qu'il ne fallait pas que nous comptassions manger le pain de notre patron. – Cela est juste, répliqua-t-il; – et il apporta une grande corbeille de rusk ou de biscuit de mer de leur façon et trois jarres d'eau fraîche. Je savais où mon maître avait placé son coffre à liqueurs, qui cela était évident par sa structure, devait provenir d'une prise faite sur les Anglais. J'en transportai les bouteilles dans la chaloupe tandis que le Maure était sur le rivage, comme si elles eussent été mises là auparavant pour notre maître. J'y transportai aussi un gros bloc de cire vierge qui pesait bien environ un demi-quintal, avec un paquet de fil ou ficelle, une hache, une scie et un marteau, qui nous furent touts d'un grand usage dans la suite, surtout le morceau de cire pour faire des chandelles. Puis j'essayai sur le Maure d'une autre tromperie dans laquelle il donna encore innocemment. Son nom était Ismaël, dont les Maures font Muly ou Moléy; ainsi l'appelai-je et lui dis-je: – Moléy, les mousquets de notre patron sont à bord de la chaloupe; ne pourriez-vous pas vous procurer un peu de poudre et de plomb de chasse, afin de tuer, pour nous autres, quelques alcamies,– oiseau semblable à notre courlieu, – car je sais qu'il a laissé à bord du navire les provisions de la soute aux poudres. – Oui, dit-il, j'en apporterai un peu; – et en effet il apporta une grande poche de cuir contenant environ une livre et demie de poudre, plutôt plus que moins, et une autre poche pleine de plomb et de balles, pesant environ six livres, et il mit le tout dans la chaloupe. Pendant ce temps, dans la grande cabine de mon maître, j'avais découvert un peu de poudre dont j'emplis une grosse bouteille qui s'était trouvée presque vide dans le bahut, après avoir transvasé ce qui y restait. Ainsi fournis de toutes choses nécessaires, nous sortîmes du havre pour aller à la pêche. À la forteresse qui est à l'entrée du port on savait qui nous étions, on ne prit point garde à nous. À peine étions-nous un mille en mer, nous amenâmes notre voile et nous nous assîmes pour pêcher. Le vent soufflait Nord-Nord-Est, ce qui était contraire à mon désir; car s'il avait soufflé Sud, j'eusse été certain d'atterrir à la côte d'Espagne, ou au moins d'atteindre la baie de Cadix; mais ma résolution était, vente qui vente, de sortir de cet horrible lieu, et d'abandonner le reste au destin.

      Après que nous eûmes pêché long-temps et rien pris; car lorsque j'avais un poisson à mon hameçon, pour qu'on ne pût le voir je ne le tirais point dehors: – Nous ne faisons rien, dis-je au Maure; notre maître n'entend pas être servi comme ça; il nous faut encore remonter plus au large. – Lui, n'y voyant pas malice, y consentit, et se trouvant à la proue, déploya les voiles. Comme je tenais la barre du gouvernail, je conduisis l'embarcation à une lieue au-delà; alors je mis en panne comme si je voulais pêcher et, tandis que le jeune garçon tenait le timon, j'allai à la proue vers le Maure; et, faisant comme si je me baissais pour ramasser quelque chose derrière lui, je le saisis par surprise en passant mon bras entre ses jambes, et je le lançai brusquement hors du bord dans la mer. Il se redressa aussitôt, car il nageait comme un liége, et, m'appelant, il me supplia de le reprendre à bord, et me jura qu'il irait d'un bout à l'autre du monde avec moi. Comme il nageait avec une grande vigueur après la chaloupe et qu'il faisait alors peu de vent, il m'aurait promptement atteint.

      Sur ce, j'allai dans la cabine, et, prenant une des arquebuses de chasse, je le couchai en joue et lui dis: Je ne vous ai pas fait de mal, et, si vous ne vous obstinez pas, je ne vous en ferai point. Vous nagez bien assez pour regagner la rive; la mer est calme, hâtez-vous d'y aller, je ne vous frapperai point; mais si vous vous approchez du bateau, je vous tire une balle dans la tête, car je suis résolu à recouvrer ma liberté. Alors il revira et nagea vers le rivage. Je ne doute point qu'il ne l'ait atteint facilement, car c'était un excellent nageur.

      J'eusse été plus satisfait d'avoir gardé ce Maure et d'avoir noyé le jeune garçon; mais, là, je ne pouvais risquer de me confier à lui. Quand il fut éloigné, je me tournai vers le jeune garçon, appelé Xury, et je lui dis: – Xury, si tu veux m'être fidèle, je ferai de toi un homme; mais si tu ne mets la main sur ta face que tu seras sincère avec moi, – ce qui est jurer par Mahomet et la barbe de son père, – il faut que je te jette aussi dans la mer. Cet enfant me fit un sourire, et me parla si innocemment que je n'aurais pu me défier de lui; puis il fit le serment de m'être fidèle et de me suivre en tout lieux.

      Tant que je fus en vue du Maure, qui était à la nage, je portai directement au large, préférant bouliner, afin qu'on pût croire que j'étais allé vers le détroit8, comme en vérité on eût pu le supposer de toute personne dans son bon sens; car aurait-on pu imaginer que nous faisions route au Sud, vers une côte véritablement barbare, où nous étions sûrs que toutes les peuplades de nègres nous entoureraient de leurs canots et nous désoleraient; où nous ne pourrions aller au rivage sans être dévorés par les bêtes sauvages ou par de plus impitoyables sauvages de l'espèce humaine.

      Mais aussitôt qu'il fit sombre, je changeai de route, et je gouvernai au Sud-Est, inclinant un peu ma course vers l'Est, pour ne pas m'éloigner de la côte; et, ayant un bon vent, une mer calme et unie, je fis tellement de la voile, que le lendemain, à trois heures de l'après-midi, quand je découvris premièrement la terre, je devais être au moins à cent cinquante milles au Sud de Sallé, tout-à-fait au-delà des États de l'Empereur de Maroc, et même de tout autre roi de par-là, car nous ne vîmes personne.

      PREMIÈRE AIGUADE

      Toutefois, la peur que j'avais des Maures était si grande, et les appréhensions que j'avais de tomber entre leurs mains étaient si terribles, que je ne voulus ni ralentir, ni aller à terre, ni laisser tomber l'ancre. Le vent continuant à être favorable, je naviguai ainsi cinq jours durant; mais lorsqu'il euttourné au Sud, je conclus que si quelque vaisseau était en chasse après moi, il devait alors se retirer; aussi hasardai-je d'atterrir et mouillai-je l'ancre à l'embouchure d'une petite rivière, je ne sais laquelle, je ne sais où, ni quelle latitude, quelle contrée, ou quelle nation: je n'y vis pas ni ne désirai point y voir aucun homme; la chose importante dont j'avais besoin c'était de l'eau fraîche. Nous entrâmes dans cette crique sur le soir, nous déterminant d'aller à terre à la nage sitôt qu'il ferait sombre, et de reconnaître le pays. Mais aussitôt qu'il fit entièrement obscur, nous entendîmes СКАЧАТЬ



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Straits mouth.– Détroit de Gibraltar.