Название: Le marchand de Venise
Автор: Уильям Шекспир
Издательство: Public Domain
Жанр: Драматургия
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NÉRISSA. – Vous ne devez plus craindre d'avoir aucun de ces messieurs; ils m'ont fait part de leurs résolutions, c'est de s'en retourner chez eux, et de ne plus vous importuner de leur recherche, à moins qu'ils ne puissent vous obtenir par quelque autre moyen que celui qu'a imposé votre père, et qui dépend du choix des coffres.
PORTIA. – Dussé-je vivre aussi vieille que la Sibylle, je mourrai aussi chaste que Diane, à moins qu'on ne m'obtienne dans la forme prescrite par mon père. Je suis ravie que cette cargaison d'amoureux se montre si raisonnable; car il n'en est pas un parmi eux qui ne me fasse soupirer après son absence et prier Dieu de lui accorder un heureux départ.
NÉRISSA. – Ne vous rappelez-vous pas, madame, que du vivant de votre père, il vint ici, à la suite du marquis de Montferrat, un Vénitien instruit et brave militaire?
PORTIA. – Oui, oui, c'était Bassanio; c'est ainsi, je crois, qu'on le nommait.
NÉRISSA. – Cela est vrai, madame; et de tous les hommes sur qui se soient jamais arrêtés mes yeux peu capables d'en juger, il m'a paru le plus digne d'une belle femme.
PORTIA. – Je m'en souviens bien, et je me souviens aussi qu'il mérite tes éloges. – (Entre un valet.) Qu'est-ce? Quelles nouvelles?
LE VALET. – Les quatre étrangers vous cherchent, madame, pour prendre congé de vous, et il vient d'arriver un courrier qui en devance un cinquième, le prince de Maroc; il dit que le prince son maître sera ici ce soir.
PORTIA. – Si je pouvais accueillir celui-ci d'aussi bon coeur que je vois partir les autres, je serais charmée de son arrivée. S'il se trouve avoir les qualités d'un saint et le teint d'un diable, je l'aimerais mieux pour confesseur que pour épouseur. Allons, Nérissa; et toi (au valet), marche devant. Tandis que nous mettons un amant dehors, un autre frappe à la porte.
SCÈNE III
SHYLOCK. – Trois mille ducats? – Bien.
BASSANIO. – Oui, monsieur, pour trois mois.
SHYLOCK. – Pour trois mois? – Bien.
BASSANIO. – Pour lesquels, comme je vous disais, Antonio s'engagera.
SHYLOCK. – Antonio s'engagera? – Bien.
BASSANIO. – Pourrez-vous me rendre service? Me ferez-vous ce plaisir? Aurai-je votre réponse?
SHYLOCK. – Trois mille ducats, pour trois mois, et Antonio engagé.
BASSANIO. – Votre réponse à cela?
SHYLOCK. – Antonio est bon.
BASSANIO. – Auriez-vous ouï dire quelque chose de contraire?
SHYLOCK. – Oh! non, non, non, non. En disant qu'il est bon, je veux seulement vous faire comprendre qu'il est suffisamment sûr. Cependant ses ressources reposent sur des suppositions. Il a un vaisseau frété pour Tripoli, un autre dans les Indes, et en outre j'ai appris sur le Rialto qu'il en avait un troisième au Mexique, un quatrième en Angleterre, et d'autres entreprises encore de côté et d'autre. Mais les vaisseaux ne sont que des planches, les matelots que des hommes. Il y a des rats de terre et des rats d'eau, et des voleurs d'eau comme des voleurs de terre, je veux dire qu'il y a des pirates; et puis aussi les dangers de la mer, les vents, les rochers. Néanmoins l'homme est suffisant. – Trois mille ducats… je crois pouvoir prendre son obligation.
BASSANIO. – Soyez assuré que vous le pouvez.
SHYLOCK. – Je m'assurerai que je le peux; et pour m'en assurer, j'y réfléchirai. Puis-je parler à Antonio?
BASSANIO. – Si vous vouliez dîner avec nous?
SHYLOCK. – Oui, pour sentir le porc! pour manger de l'habitation dans laquelle votre prophète, le Nazaréen, a par ses conjurations fait entrer le diable! Je veux bien faire marché d'acheter avec vous, faire marché de vendre avec vous, parler avec vous, me promener avec vous, et ainsi de suite; mais je ne veux pas manger avec vous, ni boire avec vous, ni prier avec vous. Quelles nouvelles sur le Rialto? – Mais qui vient ici?
BASSANIO. – C'est le seigneur Antonio.
SHYLOCK, à part. – Comme il a l'air d'un hypocrite publicain! je le hais parce qu'il est chrétien, mais je le hais bien davantage parce qu'il a la basse simplicité de prêter de l'argent gratis et qu'il fait baisser à Venise le taux de l'usance3. Si je puis une fois prendre ma belle4, j'assouvirai pleinement la vieille aversion que je lui porte. Il hait notre sainte nation, et dans les lieux d'assemblées des marchands, il invective contre mes marchés, mes gains bien acquis, qu'il appelle intérêts. Maudite soit ma tribu si je lui pardonne!
BASSANIO. – Shylock, entendez-vous?
SHYLOCK. – Je me consultais sur les fonds que j'ai en main pour le moment, et autant que ma mémoire peut me le rappeler, je vois que je ne saurais vous faire tout de suite la somme complète de trois mille ducats. N'importe; Tubal, un riche Hébreu de ma tribu me fournira ce qu'il faut. Mais doucement; pour combien de mois les voulez-vous? (A Antonio.) Maintenez-vous en joie, mon bon seigneur. C'était de Votre Seigneurie que nous nous entretenions à l'instant même.
ANTONIO. – Shylock, quoique je ne prête ni n'emprunte à intérêt, cependant pour fournir aux besoins pressants d'un ami, je dérogerai à ma coutume. (A Bassanio.) Est-il instruit de la somme que vous désirez?
SHYLOCK. – Oui, oui, trois mille ducats.
ANTONIO. – Et pour trois mois.
SHYLOCK. – J'avais oublié. Pour trois mois; vous me l'aviez dit. A la bonne heure. Faites votre billet, et puis je verrai… Mais écoutez, il me semble que vous venez de dire que vous ne prêtez ni n'empruntez à intérêt.
ANTONIO. – Jamais.
SHYLOCK. – Quand Jacob faisait paître les brebis de son oncle Laban… Ce Jacob (au moyen de ce que fit en sa faveur sa prudente mère) fut le troisième possesseur des biens de notre saint Abraham… Oui, ce fut le troisième.
ANTONIO. – A quel propos revient-il ici? Prêtait-il à intérêt?
SHYLOCK. – Non, il ne prêtait pas à intérêt, non, si vous voulez, pas précisément à intérêt. Remarquez bien ce que Jacob faisait. Laban et lui étant convenus que tous les nouveau-nés qui seraient rayés de deux couleurs appartiendraient à Jacob pour son salaire; sur la fin de l'automne, les brebis étant en chaleur allaient chercher les béliers, et quand ces couples portant toison en étaient arrivés au moment de consommer l'oeuvre de la génération, le rusé berger vous levait l'écorce de certains bâtons, et dans l'instant précis de l'acte de nature, les présentait aux brebis échauffées, qui, concevant alors, quand le temps de l'enfantement était venu, mettaient bas des agneaux bariolés, lesquels étaient pour Jacob. C'était là un moyen de gagner; et Jacob fut béni du ciel; et le gain est une bénédiction, pourvu qu'on ne le vole pas.
ANTONIO. – Jacob, monsieur, donnait là ses services pour un salaire très-incertain, pour une chose qu'il n'était pas en son pouvoir de faire arriver, mais que la seule main du ciel règle et façonne à son gré. СКАЧАТЬ
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