Metella. Жорж Санд
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Название: Metella

Автор: Жорж Санд

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ avec sécheresse; mais Olivier n'y fit pas attention.

      – Oui, continua-t-il; je dis un peu coquette.

      – C'est beaucoup plus flatteur! dit le comte. De sorte que…

      – De sorte que, soit imprudence de sa part, soit jalousie de la part des autres femmes, sa réputation avait reçu en Angleterre quelques atteintes assez sérieuses pour lui faire désirer de quitter ce pays d'hommes flegmatiques et de femmes collet monté. Elle vint donc en Italie chercher une vie plus libre, des moeurs plus élégantes. Même on dit…

      – Que dit-on, monsieur? dit le comte d'un air sévère.

      – On dit… continua Olivier, dont la vue était un peu troublée, bah! elle l'a dit elle-même en confidence, à Aix, à une de ses amies intimes, qui l'a répété à tous les buveurs d'eau…

      – Mais qu'est-ce donc qu'elle a dit? s'écria le comte en coupant avec impatience un fruit et un peu de son doigt.

      – Elle a dit qu'à son arrivée en Italie elle était si aigrie contre l'injustice des hommes et si offensée d'avoir été victime de leurs calomnies, qu'elle se sentait disposée à fouler aux pieds les lois du préjugé, et à mener une aussi joyeuse vie que la plupart des grands personnages de ce pays-ci.»

      Le comte ôta son bonnet de voyage et le remit gravement sur sa tête sans dire une seule parole. Olivier continua.

      «Mais ce fut en vain. La noble lady fit ce voeu sans connaître son propre coeur. N'ayant point encore aimé, et s'en croyant incapable, elle allait y renoncer, lorsqu'un jeune homme tomba éperdument amoureux d'elle et lui écrivit sans façon pour lui demander un rendez-vous.

      – Vous a-t-on dit le nom de ce jeune homme? demanda Buondelmonte.

      – Ma foi! je ne m'en souviens plus. C'était un Florentin; et vous devez le connaître, car il est encore…»

      Le comte l'interrompit afin d'éluder la question: «Et que répondit lady Mowbray?

      – Elle accorda le rendez-vous, résolue à punir le jeune homme de sa fatuité et à le couvrir de ridicule. Elle avait préparé, à cet effet, je ne sais quel guet-apens de bonne compagnie, dont je ne sais pas bien les détails.

      – N'importe, dit le comte.

      – Le Florentin arriva donc; mais il était si beau, si aimable, si spirituel, que lady Mowbray chancela dans sa résolution. Elle l'écouta parler, hésita et l'écouta encore. Elle s'attendait à voir un impertinent qu'il faudrait châtier; elle trouva un jeune homme sincère, ardent et romanesque… Que vous dirai-je! Elle se sentit émue, et essaya pourtant de lui faire peur en lui parlant de prétendus dangers qui l'environnaient. Le Florentin était brave; il se mit à rire. Elle tenta alors de l'effrayer en le menaçant de sa froideur et de sa coquetterie; il se mit à pleurer, et elle l'aima… Si bien que le comte de… ma foi! je crois que son nom va me revenir… Buonacorsi… Belmonte… Buondelmonte, ah! m'y voici! le comte de Buondelmonte eut le pouvoir d'attendrir ce coeur rebelle. Lady Mowbray fixa à Florence ses affections et sa vie. Le comte de Buondelmonte fut son premier et son seul amant sur la joyeuse terre d'Italie. Maintenant que je vous ai raconté cette histoire telle qu'on me l'a donnée, dites-moi, vous qui êtes de Florence, si elle est vraie de tout point… Et cependant, si elle ne l'est pas, ne me dites pas que'c'est un conte fait à plaisir; il est trop beau pour que je sois désabusé sans regret!

      – Monsieur, dit le comte, dont la figure avait pris une expression grave et pensive, cette histoire est belle et vraie. Le comte de Buondelmonte a vécu dix ans le plus heureux et le plus envié des hommes aux pieds de lady Mowbray.

      – Dix ans! s'écria Olivier.

      – Dix ans, monsieur, reprit Buondelmonte. Il y a dix ans que ces choses se sont passées.

      – Dix ans! répéta le jeune homme; lady Mowbray ne doit plus être très-jeune.»

      Le comte ne répondit rien.

      «On m'a pourtant assuré à Aix, poursuivit Olivier, qu'elle était toujours belle comme un ange, qu'elle était grande, légère, agile, qu'elle galopait au bord des précipices sur un vigoureux cheval, qu'elle dansait à merveille. Elle doit avoir trente ans environ, n'est-ce pas, monsieur?

      – Qu'importe son âge! dit le comte avec impatience. Une femme n'a jamais que l'âge qu'elle paraît avoir, et tout le monde vous l'a dit: lady Mowbray est toujours belle. On vous l'a dit, n'est-ce pas?

      – On me l'a dit partout, à Aix, à Berne, à Gênes, dans tous les lieux où elle a passé.

      – Elle est admirée et respectée, dit le comte.

      – Oh! monsieur, vous la connaissez, vous êtes son ami peut-être? Je vous en félicite; quelle réputation plus glorieuse que celle de savoir aimer? Que ce Buondelmonte a dû être lier de retremper cette belle âme et de voir refleurir cette plante courbée par l'orage!»

      Le comte fit une légère grimace de dédain. Il n'aimait pas les phrases de roman, peut-être parce qu'il les avait aimées jadis. Il regarda fixement le Genevois; mais voyant que celui-ci se grisait décidément, il voulut en profiter pour échanger avec un homme sincère et confiant des idées qui le gênaient depuis longtemps.

      Sans se donner la peine de feindre beaucoup de désintéressement, car Olivier n'était plus en était de faire de très-clairvoyantes observations, le comte posa sa main sur la sienne, afin d'appeler son attention sur le sens de ses paroles.

      «Pensez-vous, lui demanda-t-il, qu'il ne soit pas plus glorieux pour un homme d'ébranler la réputation, d'une femme que de la rétablir quand elle a' reçu, à tort ou à raison de notables échecs?

      – Ma foi, ce n'est pas mon opinion, dit Olivier. J'aimerais mieux relever un temple que de l'abattre.

      – Vous êtes un peu romanesque, dit le comte.

      – Je ne m'en défends pas, cela est de mon âge; et ce qui prouve que les exaltés n'ont pas toujours tort, c'est que Buondelmonte fut récompensé d'une heure d'enthousiasme par dix ans d'amour.

      – Lui seul pourrait être juge dans cette question,» reprit le comte; et il se promena dans la chambre, les mains derrière le dos et le sourcil froncé. Puis, craignant de se laisser deviner, il jeta un regard de côté sur son compagnon. Olivier avait la tête penchée en avant, le coude dans son assiette, et l'ombre de ses cils, abaissés par un doux assoupissement, se dessinait sur ses joues, que la chaleur généreuse du vin colorait d'un rosé plus vif qu'à l'ordinaire. Le comte continua de marcher silencieusement dans la chambre jusqu'à ce que le claquement des fouets et les pieds des chevaux eussent annoncé que la calèche était prête. Le vieux domestique d'Olivier vint lui offrir une pelisse fourrée que le jeune homme passa en bâillant et en se frottant les yeux. Il ne s'éveilla tout à fait que pour prendre le bras de Buondelmonte et le forcer de monter le premier dans sa voiture, qui prit aussitôt la route, de Florence. «Parbleu! dit-il en regardant la nuit qui était sombre, ce temps de voleurs me rappelle une histoire que j'ai entendu raconter sur lady Mowbray.

      – Encore? dit le comte; lady Mowbray vous occupe beaucoup.

      – Ne me demandiez-vous pas quel trait de son caractère m'avait le plus enthousiasme? Je ne saurais dire lequel; mais voici une aventure qui m'a rendu plus envieux de voir lady Mowbray que Rome, Venise et Naples. Vous allez me dire si celle-là est aussi vraie que la première. Un jour qu'elle traversait les Apennins avec son СКАЧАТЬ