Robinson Crusoe. II. Defoe Daniel
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Название: Robinson Crusoe. II

Автор: Defoe Daniel

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ Bref, je n'avais ainsi d'autre parti à prendre que de m'en retourner en Angleterre et d'emporter mes richesses avec moi.

      Quelques mois pourtant s'écoulèrent avant que je me déterminasse à cela; et c'est pourquoi, lorsque je me fus parfaitement acquitté envers mon vieux capitaine, mon premier bienfaiteur, je pensai aussi à ma pauvre veuve, dont le mari avait été mon plus ancien patron, et elle-même, tant qu'elle l'avait pu, ma fidèle intendante et ma directrice. Mon premier soin fut de charger un marchand de Lisbonne d'écrire à son correspondant à Londres, non pas seulement de lui payer un billet, mais d'aller la trouver et de lui remettre de ma part 100 livres sterling en espèces, de jaser avec elle, de la consoler dans sa pauvreté, en lui donnant l'assurance que, si Dieu me prêtait vie, elle aurait de nouveaux secours. En même temps j'envoyai dans leur province 100 livres sterling à chacune de mes sœurs, qui, bien qu'elles ne fussent pas dans le besoin, ne se trouvaient pas dans de très-heureuses circonstances, l'une étant veuve, et l'autre ayant un mari qui n'était pas aussi bon pour elle qu'il l'aurait dû.

      Mais parmi touts mes parents en connaissances, je ne pouvais faire choix de personne à qui j'osasse confier le gros de mon capital, afin que je pusse aller au Brésil et le laisser en sûreté derrière moi. Cela me jeta dans une grande perplexité.

      J'eus une fois l'envie d'aller au Brésil et de m'y établir, car j'étais pour ainsi dire naturalisé dans cette contrée; mais il s'éveilla en mon esprit quelques petits scrupules religieux qui insensiblement me détachèrent de ce dessein, dont il sera reparlé tout-à-l'heure. Toutefois ce n'était pas la dévotion qui pour lors me retenait; comme je ne m'étais fait aucun scrupule de professer publiquement la religion du pays tout le temps que j'y avais séjourné, pourquoi ne l'eussé-je pas fait encore1.

      Non, comme je l'ai dit, ce n'était point là la principale cause qui s'opposât à mon départ pour le Brésil, c'était réellement parce que je ne savais à qui laisser mon avoir. Je me déterminai donc enfin à me rendre avec ma fortune en Angleterre, où, si j'y parvenais, je me promettais de faire quelque connaissance ou de trouver quelque parent qui ne serait point infidèle envers moi. En conséquence je me préparai à partir pour l'Angleterre avec toutes mes richesses.

      À dessein de tout disposer pour mon retour dans ma patrie, – la flotte du Brésil étant sur le point de faire voile, – je résolus d'abord de répondre convenablement aux comptes justes et fidèles que j'avais reçus. J'écrivis premièrement au Prieur de Saint-Augustin une lettre de remerciement pour ses procédés sincères, et je le priai de vouloir bien accepter les 872 MOIDORES dont il n'avait point disposé; d'en affecter 500 au monastère et 372 aux pauvres, comme bon lui semblerait. Enfin je me recommandai aux prières du révérend Père, et autres choses semblables.

      J'écrivis ensuite une lettre d'action de grâces à mes deux curateurs, avec toute la reconnaissance que tant de droiture et de probité requérait. Quant à leur adresser un présent, ils étaient pour cela trop au-dessus de toutes nécessités.

      Finalement j'écrivis à mon partner, pour le féliciter de son industrie dans l'amélioration de la plantation et de son intégrité dans l'accroissement de la somme des productions. Je lui donnai mes instructions sur le gouvernement futur de ma part, conformément aux pouvoirs que j'avais laissés à mon vieux patron, à qui je le priai d'envoyer ce qui me reviendrait, jusqu'à ce qu'il eût plus particulièrement de mes nouvelles; l'assurant que mon intention était non-seulement d'aller le visiter, mais encore de m'établir au Brésil pour le reste de ma vie. À cela j'ajoutai pour sa femme et ses filles, – le fils du capitaine m'en avait parlé, – le fort galant cadeau de quelques soieries d'Italie, de deux pièces de drap fin anglais, le meilleur que je pus trouver dans Lisbonne, de cinq pièces de frise noire et de quelques dentelles de Flandres de grand prix.

      Ayant ainsi mis ordre à mes affaires, vendu ma cargaison et converti tout mon avoir en bonnes lettres de change, mon nouvel embarras fut le choix de la route à prendre pour passer en Angleterre. J'étais assez accoutumé à la mer, et pourtant je me sentais alors une étrange aversion pour ce trajet; et, quoique je n'en eusse pu donner la raison, cette répugnance s'accrut tellement, que je changeai d'avis, et fis rapporter mon bagage, embarqué pour le départ, non-seulement une fois, mais deux ou trois fois.

      Il est vrai que mes malheurs sur mer pouvaient bien être une des raisons de ces appréhensions; mais qu'en pareille circonstance nul homme ne méprise les fortes impulsions de ses pensées intimes. Deux des vaisseaux que j'avais choisis pour mon embarquement, j'entends plus particulièrement choisis qu'aucun autre; car dans l'un j'avais fait porter toutes mes valises, et quant à l'autre j'avais fait marché avec le capitaine; deux de ces vaisseaux, dis-je, furent perdus: le premier fut pris par les Algériens, le second fit naufrage vers le Start, près de Torbay, et, trois hommes exceptés, tout l'équipage se noya. Ainsi dans l'un ou l'autre de ces vaisseaux j'eusse trouvé le malheur. Et dans lequel le plus grand? Il est difficile de le dire.

      LE GUIDE ATTAQUÉ PAR DES LOUPS

      Mon esprit étant ainsi harassé par ces perplexités, mon vieux pilote, à qui je ne celais rien, me pria instamment de ne point aller sur mer, mais de me rendre par terre jusqu'à La Corogne, de traverser le golfe de Biscaye pour atteindre La Rochelle, d'où il était aisé de voyager sûrement par terre jusqu'à Paris, et de là de gagner Calais et Douvres, ou bien d'aller à Madrid et de traverser toute la France.

      Bref, j'avais une telle appréhension de la mer, que, sauf de Calais à Douvres, je résolus de faire toute la route par terre; comme je n'étais point pressé et que peu m'importait la dépense, c'était bien le plus agréable chemin. Pour qu'il le fût plus encore, mon vieux capitaine m'amena un Anglais, un gentleman, fils d'un négociant de Lisbonne, qui était désireux d'entreprendre ce voyage avec moi. Nous recueillîmes en outre deux marchands anglais et deux jeunes gentilshommes portugais: ces derniers n'allaient que jusqu'à Paris seulement. Nous étions en tout six maîtres et cinq serviteurs, les deux marchands et les deux Portugais se contentant d'un valet pour deux, afin de sauver la dépense. Quant à moi, pour le voyage je m'étais attaché un matelot anglais comme domestique, outre VENDREDI, qui était trop étranger pour m'en tenir lieu durant la route.

      Nous partîmes ainsi de Lisbonne. Notre compagnie étant toute bien montée et bien armée, nous formions une petite troupe dont on me fit l'honneur de me nommer capitaine, parce que j'étais le plus âgé, que j'avais deux serviteurs, et qu'au fait j'étais la cause première du voyage.

      Comme je ne vous ai point ennuyé de mes journaux de mer, je ne vous fatiguerai point de mes journaux de terre; toutefois durant ce long et difficile voyage quelques aventures nous advinrent que je ne puis omettre.

      Quand nous arrivâmes à Madrid, étant touts étrangers à l'Espagne, la fantaisie nous vint de nous y arrêter quelque temps pour voir la Cour et tout ce qui était digne d'observation; mais, comme nous étions sur la fin de l'été, nous nous hâtâmes, et quittâmes Madrid environ au milieu d'octobre. En atteignant les frontières de la Navarre, nous fûmes alarmés en apprenant dans quelques villes le long du chemin que tant de neige était tombée sur le côté français des montagnes, que plusieurs voyageurs avaient été obligés de retourner à Pampelune, après avoir à grands risques tenté passage.

      Arrivés à Pampelune, nous trouvâmes qu'on avait dit vrai; et pour moi, qui avais toujours vécu sous un climat chaud, dans des contrées où je pouvais à peine endurer des vêtements, le froid fut insupportable. Au fait, il n'était pas moins surprenant que pénible d'avoir quitté dix jours auparavant la Vieille-Castille, où le temps était non-seulement chaud mais brûlant, et de sentir immédiatement le vent des Pyrénées si vif et si rude qu'il était insoutenable, et mettait nos doigts et nos orteils en danger d'être engourdis et gelés. C'était vraiment étrange.

      Le pauvre VENDREDI fut réellement effrayé quand il vit ces montagnes СКАЧАТЬ



<p>1</p>

Voir à la Dissertation religieuse.