Œuvres complètes de lord Byron, Tome 3. George Gordon Byron
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Название: Œuvres complètes de lord Byron, Tome 3

Автор: George Gordon Byron

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежные стихи

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isbn: http://www.gutenberg.org/ebooks/27144

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СКАЧАТЬ ne pouvez distinguer dans ses traits vénérables, où la douceur se mêle à l'expression de la bienveillance, tout ce qu'ils cachent de cruel et de sanguinaire.

      63. Ce n'est pas que sa blanche et longue barbe s'allie mal avec les passions qui appartiennent à la jeunesse; l'amour est aussi le partage de la vieillesse. – Hafiz l'a démontré. Le vieillard de Téos chanta souvent l'amour. – Mais les crimes qui dédaignent la tendre voix de la pitié; les crimes qui rendent tous les hommes odieux, surtout l'homme avancé en âge, ont marqué Ali de la férocité du tigre. Le sang appelle le sang, et ceux qui ont commencé par le sang leur carrière mortelle la finiront par des actes plus sanguinaires encore.

      64. Là, au milieu des objets les plus nouveaux pour l'œil et pour l'oreille, notre pélerin se reposa de ses fatigues en contemplant toute la pompe du luxe musulman. Il se dégoûta bientôt de ce spacieux séjour de richesse et de volupté, retraite choisie de la grandeur rassasiée qui fuit le bruit de la ville. Avec moins de pompe et d'éclat, cette retraite aurait eu des charmes; mais la tranquillité abhorre les joies factices; et le plaisir, mêlé à la pompe, détruit le charme de tous les deux.

      65. Ils sont farouches les enfans de l'Albanie; cependant ils ne manquent pas de vertus, tant sauvages soient-elles. Où est l'ennemi qui leur a jamais vu tourner le dos? Qui pourrait aussi bien endurer les fatigues de la guerre? Leur bravoure naturelle n'est jamais plus calme que dans les tems de péril et de détresse. Leur amitié est aussi sûre, que leurs ressentimens sont terribles. Quand la reconnaissance ou la valeur les appellent à répandre leur sang; intrépides, ils se précipitent partout où il plaît à leur chef de les conduire.

      66. Childe Harold les vit dans la citadelle de leur capitaine, accourant en foule pour aller aux combats chercher des succès et de la gloire. Il les revit ensuite, lorsque, tombé en leur pouvoir, il devint lui-même la victime d'un malheur passager. Dans ces momens d'infortune où les hommes pervers sont plus cruels, ces Albanais lui offrirent un asile sous leur toit protecteur. Des hommes moins barbares auraient eu moins de générosité, et des compatriotes se seraient tenus à l'écart59. Dans les événemens qui éprouvent le cœur des hommes, combien peu restent fidèles à l'infortune!

      67. Il arriva qu'un jour des vents contraires poussèrent son esquif sur la côte dangereuse des rochers de Souli, au milieu des ténèbres et de la solitude désolée de la nuit. Il était périlleux d'aborder; il l'était plus encore de rester sur les flots. Les matelots cependant hésitèrent quelques tems, craignant de se confier à une terre, peut-être inhospitalière, où la trahison pouvait les attendre. Ils s'aventurèrent enfin de mettre à la côte, quoique doutant si ces hommes, qui haïssent également le chrétien et le turc, ne renouvelleraient pas pour eux leurs anciens actes de barbarie60.

      68. Crainte vaine! les Souliotes leur tendirent une main amie, les conduisirent à travers les récifs, et les firent éviter de dangereux marécages. Quoique moins grâcieux, ils furent plus humains que des esclaves policés; ils se livrèrent aux inspirations du cœur, séchèrent les vêtemens mouillés de leurs nouveaux hôtes, rallumèrent la lampe joyeuse, remplirent la coupe et leur offrirent leurs alimens. Ces alimens étaient grossiers; mais c'était tout ce qu'ils possédaient. Une telle conduite porte la rare empreinte de la philanthropie. – Faire reposer le voyageur fatigué, adoucir la tristesse de l'affligé est une leçon pour les hommes heureux, et doit faire rougir les méchans.

      69. Il arriva que lorsque Harold voulut enfin quitter ces montagnes, une troupe de brigands infestait les chemins, et répandait partout les ravages du fer et de la flamme. Il prit en conséquence une escorte fidèle pour traverser la vaste et sauvage forêt de l'Acarnanie. Cette escorte était bien disposée contre des attaques imprévues, et endurcie aux fatigues. Il ne s'en sépara que lorsqu'il fut arrivé sur les bords du large et limpide Achéloüs, et que de là il eut aperçu les collines de l'Étolie.

      70. Là, où l'Utraikey solitaire forme son bassin arrondi, dans lequel les flots fatigués se retirent pour réfléchir en repos l'éclat des astres nocturnes, le feuillage des arbres de la verte colline se rembrunit en se balançant à l'heure de minuit sur le sein de la baie silencieuse, pendant que les brises arrivent de l'ouest en poussant de légers murmures, et en caressant la surface azurée de l'onde qu'ils rident à peine. C'est dans ces lieux qu'Harold reçut un bienveillant accueil; il ne vit pas sans émotion cette scène charmante, car il trouvait dans la douce présence de la nuit une foule d'innocens plaisirs.

      71. Les feux nocturnes étincelaient sur le rivage. Les divertissemens du jour étaient terminés; la coupe remplie d'un vin rouge circulait au loin61, et Harold qui se trouva inopinément au milieu des convives, s'arrêta frappé d'un muet étonnement. Avant que l'heure silencieuse de minuit fût passée, les amusemens natifs de la foule commencèrent. Chaque palikare62 déposa son sabre, et la main dans la main, homme avec homme, bondissant de joie, le clan à demi nu, se livra à la danse en faisant entendre des chants sauvages.

      72. Childe Harold se tint à quelque distance, et cette espèce de débauche sauvage qu'il voyait ne lui déplut pas, car il ne haïssait point des gaîtés innocentes, quoiqu'un peu grossières. Au résumé, ce n'était point un spectacle commun de voir les jeux barbares, mais décens, de ces palikares; la flamme des feux nocturnes, passant sur leurs visages, faisait ressortir l'éclat rapide de leurs yeux noirs, l'agilité de leur mouvemens, leurs longues boucles de cheveux qui flottaient naturellement jusqu'à leur ceinture, tandis qu'ils fesaient entendre de concert ce chant moitié chanté, moitié crié63.

      CHANT DES PALIKARES

I

      Tambourgui64! Tambourgui65! ta bruyante alarme rend l'espérance au brave et la promesse de la guerre; tous les enfans des montagnes se lèvent à ton appel: le Chimariote, l'Illyrien et le terrible Souliote.

II

      Oh! qui est plus brave que le brave et intrépide Souliote, revêtu de sa chemise blanche et de sa capote velue? Il abandonne au loup et au vautour son troupeau sauvage, et descend dans la plaine comme le torrent qui se précipite du rocher.

III

      Les fils de Chimari, qui n'oublient jamais les injures d'un ami, laisseront-ils la vie à leurs ennemis vaincus? Faut-il que nos carabines, qui ne manquent jamais leur but, abandonnent une telle vengeance? Quel but est plus beau que le cœur d'un ennemi?

IV

      La Macédoine envoie ses enfans invincibles; pour un tems ils abandonnent leurs cavernes et la chasse. Mais leurs écharpes d'un sang rouge seront encore plus rouges avant que le sabre soit rentré dans le fourreau et la bataille terminée.

V

      Alors les pirates de Parga, qui habitent sur la mer, et qui apprennent aux pâles chrétiens ce que c'est que d'être esclaves, vont abandonner leurs longues galères et leurs rames, et traîner leurs captifs dans l'endroit destiné à leur servir de prison.

VI

      Je ne cherche point les plaisirs que donne la richesse: mon sabre saura me conquérir ce que le faible doit acheter. J'emmènerai la jeune épouse aux longs cheveux flottans, et plus d'une vierge pleurera loin de sa mère.

VII

      J'aime le beau visage d'une jeune et belle vierge, je m'endormirai dans ses caresses; ses chants calmeront mes transports. Qu'elle apporte avec elle sa lyre harmonieuse et nous chante un chant sur la défaite de son père.

VIII

      Souviens-toi du jour où tomba PréviseСКАЧАТЬ



<p>59</p>

Allusion aux pillards de Cornouailles.

<p>60</p>

Ancient butcher-work.

<p>61</p>

Les Albanais musulmans ne s'abstiennent pas de vin, comme la plupart des autres musulmans.

<p>62</p>

Palikar, sans voyelle finale, en s'adressant à une seule personne, de Παλεχαρε, nom général appliqué à tous les soldats parmi les Grecs et les Albanais qui parlent romaïque. Ce mot signifie proprement un garçon.

<p>63</p>

Comme spécimen du dialecte albanais ou arnaute de l'Illyrie, j'insérerai ici deux des chants les plus populaires qui sont ordinairement chantés en dansant par les hommes ou les femmes indistinctement. Les premiers mots sont purement une espèce de chœur ou de refrain sans signification, comme on en trouve dans notre propre langue et dans les autres.

IBo, bo, bo, bo, bo, bo,Naciarura popuso.ILa, la, je viens, je viens, gardele silence.IINaciarura na civinHa penderini ti hin.IIJe viens, je cours, ouvre la porte,afin que je puisse entrer.IIIHa pe udiri escrotiniTi vin ti mar serveniti.IIIOuvre la porte à moitié, afin queje puisse prendre mon turban.IVCaliriote me surmeEa ha pe pse dua tive.IVCaliriote231 aux yeux noire, ouvrela porte, pour que je puisse entrer.VBuo, bo, bo, bo, bo,Gi egem spirta esimiro.VLa, la, je t'entends, mon ame.VICaliriote vu le fundeEdve vete tunde tunde.VIUne jeune Arnaute, richementparée, marche avec grâce et orgueil.VIICaliriote me surmeTimi put e poi mi le.VIICaliriote, vierge des yeux noirs,donne-moi un baiser.VIIISe ti puta citi moraSi mi ri ni veti udo gia.VIII– Quand je t'ai donné un baiser,qu'y as-tu gagné? mon ame est consumée de feu.IXVa le ni il cadaleCelo more, more celo.IX– Danse légèrement, avec grâce,avec plus de grâce encore.XPlu hari ti tirete:Plu huron cia pra seti.XNe fais pas tant de poussière;elle gâterait tes chaussures brodées.

La dernière stance pourrait embarrasser un commentateur. Les hommes, en Albanie, ont certains brodequins, de la texture la plus belle; mais les dames (auxquelles on suppose que le chant qui précède est adressé) n'ont rien sous leurs petites bottes jaunes et leurs pantoufles qu'une jambe bien tournée et quelquefois très-blanche. Les jeunes Albanaises sont beaucoup plus jolies que les Grecques, et leur costume est beaucoup plus pittoresque. Elles conservent leurs formes plus long-tems belles, parce qu'elles sont toujours au grand air. On doit remarquer que l'arnaute n'est pas un langage écrit: c'est pourquoi les mots de la chanson qui précède et de celle qui suit sont orthographiés d'après leur prononciation. Ils ont été transcrits par une personne qui parle et comprend parfaitement le dialecte, et qui est native d'Athènes.

INdi sefda tinde ulavossaVettimi upri vi lofsa.IJe suis blessé par ton amour, etje n'ai aimé que pour me déchirer moi-même.IIAh vaisisso mi privi lofseSi mi rini mi la vosse.IITu m'as consumé; ah! jeunefille! tu m'as blessé au cœur.IIIUti tasa roba stuaSiti eve tulati dua.IIIJ'ai dit que je ne demandais dedouaire que tes yeux et tes œillades.IVRoba stinoris siduaQu mi sini vetti dua.IVJe n'ai pas besoin de ce mauditdouaire, je n'ai besoin que de toi.VQurmini dua civileniRoba ti siarmi tildi eni.VDonne-moi tes charmes, et queta dot alimente la flamme du foyer.VIUtara pisa vaisisso me simi rin tihaptiEti mi bire a piste si gui dendroitiltati.VIJe t'ai aimée, jeune fille, avecune ame sincère; mais tu m'asabandonné comme un arbre desséché.VIIUdi vura udorini udiri cicova ciltimora,Udorini talti hollna u ede caimonimora.VIISi j'ai placé ma main sur tonsein, qu'y ai-je gagné? j'ai retiréma main; mais j'en ai emportédes flammes!

Je crois que les deux dernières stances, comme étant d'une mesure différente, doivent appartenir à une autre ballade. Une idée qui a quelque analogie avec la pensée des dernières lignes citées ci-dessus, fut exprimée par Socrate, lorsque, ayant appuyé son bras sur un de ses ύποχολπιοι, Critobule ou Cléobule, le philosophe se plaignit pendant quelques jours d'une douleur pénétrante qui se faisait ressentir jusqu'à l'épaule; c'est pourquoi il résolut très-convenablement d'enseigner ses disciples à l'avenir sans les toucher.

<p>64</p>

Ces stances sont en partie prises de différens chants albanais, autant que j'ai été capable de les comprendre à l'aide de traductions romaïques et italiennes.

<p>65</p>

Tambour.