Les cinq sous de Lavarède. Paul d'Ivoi
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Название: Les cinq sous de Lavarède

Автор: Paul d'Ivoi

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ ne mourrez point; mais vous causerez le trépas de votre père, si, après une heure écoulée, vous ne faites pas le geste, vous ne prononcez pas la parole que j’attends: me tendre votre jolie main, me dire: oui.

      Et, la laissant atterrée, l’Espagnol sortit avec Bouvreuil qui murmurait tout bas:

      – Lavarède n’aura pas la petite Anglaise aux millions… Mais il me semble que mon terrible ami José pousse un peu loin l’abus de son autorité.

      VIII. L’odyssée d’un président

      Pendant ce temps, qu’advenait-il de Lavarède?

      Éveillé plus tard que les autres, la tête alourdie par les libations, et aussi par la chimie de la veille, il demeura d’abord un certain temps sans se rendre compte de sa situation. Où était-il? Que faisait-il là? Les chimères du rêve hantaient encore son esprit.

      Mais un rayon de soleil vif, chaud, éclatant, faisant irruption dans sa chambre, le ramena à la réalité. Il se souvint des menaces de Bouvreuil, du péril qu’Aurett allait courir, et il s’empressa de se lever. Là, une surprise l’attendait, comique d’abord, et bien fâcheuse ensuite. Plus de vêtements… plus d’armes… Après l’étonnement, l’indignation:

      – Ces mozos, ces soldats peut-être… des voleurs!

      Puis la réflexion:

      – Pardieu, c’est un tour de coquin… donc, cherchons le coquin… nul autre que Bouvreuil!…

      Et avec colère:

      – Nous sommes le 13 juin… Ah çà! est-ce que le 13 me porterait malheur?

      Alors, Lavarède appelle. Concha accourt. Il demande l’heure. Il est près de huit heures du matin. Il apprend que tout le monde est parti au point du jour.

      – Votre Grâce, lui dit Concha, est seule à présent dans le rancho.

      – Pourtant j’entends des voix, en bas, sous ma fenêtre.

      – Oh! ce sont les soldats qui gardent Votre Grâce.

      – Des soldats?… Quel honneur!… ou quelle précaution!

      – Oui, avec Hyeronimo «le Brave».

      – Hyeronimo le muletier!

      – Lui-même.

      Dans l’autre hémisphère, tout comme en notre vieux monde, les femmes sont un tantinet bavardes, – surtout lorsqu’elles causent avec un élégant cavalier, fût-il en costume sommaire. Lavarède put donc à l’aise faire parler la gente Concha.

      – Dites-moi, belle ranchera, savez-vous d’où lui vient ce surnom… Hyeronimo «le Brave»?

      – Oh! tout le pays le sait aussi bien que moi.

      – Mais, moi, je ne suis pas du pays.

      – C’est à la suite d’une de nos révolutions, il y a plus d’un an… C’est lui, dit-elle fièrement, qui a donné le signal du pronunciamiento!…

      – Ah bah!

      – Oui… et il y a deux mois, quand on a renvoyé le président général Zelaya pour reprendre le président docteur Guzman, c’est encore lui qui a tiré le premier coup d’escopette.

      – Alors son fusil est à répétition…

      – Je ne comprends pas.

      – Cela ne fait rien… Il fait les révolutions aller et retour… Mais c’est un gaillard que ce muletier!

      – Oh! señor, il a l’âme sensible, il ne ferait pas de mal à un cobaye… il tire toujours en l’air… D’ailleurs, c’est bien connu qu’en Costa-Rica nous ne sommes pas sanguinaires comme dans les autres républiques voisines… Nos révolutions n’ont jamais fait couler une goutte de sang.

      Armand ne put s’empêcher de sourire en écoutant cette leçon d’histoire, donnée par un si gracieux professeur. Mais, se penchant à la fenêtre, il vit un quatrième personnage qui causait avec ceux qu’il appelait plaisamment «sa garde d’honneur».

      – Jésus, Maria!… fit Concha… Voilà le général Zelaya!

      – L’ancien président?

      – Lui-même!

      – Celui d’avant le docteur Guzman?

      – Parbleu, il n’y en a pas deux…

      – Est-ce qu’il voudrait revenir?

      – Cela, señor, je n’en sais rien… Mais je cours le recevoir, car il est très aimé.

      – Tiens! alors pourquoi l’a-t-on renversé?

      – Parce qu’il a refusé de l’avancement à tous les colonels… Il trouvait qu’il y avait assez de généraux.

      – Et combien donc y en a-t-il?

      – Trois cents.

      – Et combien de soldats dans l’armée?

      – Cinq cents.

      Lavarède partit d’un bon éclat de rire que l’air étonné de Concha rendit plus bruyant encore. Cependant, elle sortit pour aller se mettre aux ordres du général, laissant notre ami peu vêtu, mais muni d’un bagage complet de politicien costaricien. À présent, il connaissait sa république comme personne. Et il prêta d’autant plus d’attention à l’entretien qui se poursuivait dans le patio (la cour), entre le général et «sa garde». Voici ce qu’il entendit?

      C’était l’ex-président Zelaya qui parlait:

      – Hyeronimo, notre parti compte sur toi. Ce misérable Guzman, venu au nom de los serviles, n’a tenu aucune de ses promesses, et, par surcroît, il veut ramener les Jésuites! L’an dernier, le signal de la révolution est parti de la province de Nicoya… Qu’il parte cette fois du golfe Dulce, et que ce soit, comme toujours, Hyeronimo le Brave qui le donne. Mais qu’as-tu donc? Tu parais hésitant…

      – Excellence, répondait le muletier, je ne refuse pas absolument… Mais j’ai besoin d’être mieux éclairé… Y a-t-il du danger?

      – Aucun… Cambo, la résidence de José, ainsi que son château, comme dit pompeusement cet Européen, sont peuplés de nos amis. Notre parti est prêt; tu sais bien que lorsque los libres font de l’agitation, c’est qu’ils sont assurés du succès.

      – Mais, moi, personnellement, qu’est-ce que je gagnerai à cette nouvelle révolution?

      – Tu demanderas ce que tu voudras, pour toi et ces deux hommes, tes serviteurs, sans doute?

      – Non, Excellence, nous gardons à vue un Français que José veut éloigner pour aujourd’hui du château de la Cruz.

      – Laisse ce Français en paix, les affaires de José n’intéressent que lui. Je compte sur toi, et vais sur la route de la capitale préparer le mouvement.

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