Le crime de l'Opéra 2. Fortuné du Boisgobey
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Название: Le crime de l'Opéra 2

Автор: Fortuné du Boisgobey

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ pas. Eh bien, il dépend de vous d’éviter cette dure nécessité, et d’éviter en même temps des mésaventures d’un autre genre, des mésaventures que votre ami Saint-Galmier redoute énormément.

      Les deux associés échangèrent un regard rapide, et Simancas lut dans les yeux du docteur qu’il fallait saisir avec empressement l’occasion qui s’offrait de capituler.

      – Vous avez un arrangement à me proposer? demanda le général.

      – Une trêve. Veuillez m’écouter. Je suis certain que vous avez eu tous les deux avec Golymine des complicités dont je ne tiens pas essentiellement à connaître l’objet. Vous saviez qu’il était l’amant de madame Crozon, et vous vouliez le faire tuer par le mari, parce que vous craigniez qu’il ne vous trahît.

      – Et quand cela serait? s’écria imprudemment Simancas. Nous avions conspiré ensemble au Pérou, et Golymine aurait vendu nos secrets à nos ennemis politiques.

      – Je crois que la politique n’a rien à faire ici, mais peu m’importe, et, quoi qu’il en soit, ce n’était pas pour la même raison que vous vouliez vous débarrasser de moi. La raison, la voici. Vous venez de vous introduire chez madame de Barancos. Par quel moyen? Je ne m’en inquiète pas, mais je vois très bien que vous vous proposez d’exploiter la marquise. Elle est fort riche, sa maison est bonne, et vous tenez à y régner sans partage. Or, vous avez appris que madame de Barancos avait l’intention de me recevoir et même de me recevoir souvent. Vous vous êtes dit que je vous gênerais beaucoup, et vous avez imaginé de me livrer au terrible Crozon qui devait m’expédier dans les vingt-quatre heures.

      – Je vous assure, monsieur, que vous vous méprenez. Madame de Barancos m’a favorablement accueilli, c’est vrai, mais je n’ai pas la prétention de…

      – Assez! je suis sûr de ce que je dis, et voici les conditions auxquelles je consens à ne vous dénoncer ni à Crozon, ni… à d’autres. Si vous les acceptez, je tairai tout ce que je sais, et, en apparence, je vivrai avec vous sur le même pied que par le passé. Je veux d’abord avoir mes entrées chez la marquise. Le congé que j’ai reçu aujourd’hui de sa part venait de vous, j’en suis certain, et je le tiens pour non avenu. Je prétends même être invité par elle, et cela d’ici à deux jours, être invité à un dîner, à un bal, à une chasse, en un mot, prendre pied dans son intimité. Rassurez-vous. Ce n’est pas son argent que je vise, et je ne chercherai pas à vous faire chasser de son hôtel.

      – Madame de Barancos ne demande pas mieux que de vous voir souvent, monsieur, et je n’aurai pas besoin d’user de l’influence que vous m’attribuez pour…

      – Premier point, reprit le capitaine, sans daigner répondre à cette protestation. Second point: j’entends qu’à dater de ce jour vous cessiez de dénoncer la femme de Jacques Crozon. À la première lettre anonyme que son mari recevrait, j’en finirais avec vous, et vous savez que j’ai plusieurs manières d’en finir. Ainsi, pas une ligne, pas un mot, pas une démarche. Je veux que mon ami Crozon croie qu’il a été victime d’une odieuse mystification.

      – Ç’en était une sans doute, murmura timidement Simancas.

      – Non, ce n’en était pas une, vous le savez fort bien, et j’arrive à ma dernière condition. Il y a un enfant. Où est-il?

      – Sur mon honneur, je n’en sais rien.

      – Laissez votre honneur en repos, et répondez-moi catégoriquement. Où madame Crozon est-elle accouchée?

      – Chez une sage-femme qui demeure tout en haut de la butte Montmartre, rue des Rosiers, je crois.

      – À qui l’enfant a-t-il été remis?

      – À une nourrice qu’on a cherchée longtemps et dont on a perdu la trace au moment où on allait la découvrir.

      – Samedi dernier, n’est-ce pas?

      – Non, dimanche… on avait appris enfin qu’elle habitait rue de Maubeuge, tout en haut de la rue… au numéro 219… on s’y est présenté… elle avait déménagé la veille avec son nourrisson… elle était en garni… elle n’a pas dit où elle allait… et on ne l’a pas retrouvée.

      – Son nom?

      – La femme Monnier… un faux nom, très probablement.

      – Cela me suffit, dit Nointel, qui voyait bien à la netteté des réponses de Simancas que le coquin n’en savait pas plus long et qu’il ne mentait pas. Maintenant, le marché est conclu, je suppose. Comme arrhes, j’attends une lettre d’invitation de madame de Barancos. Quand elle me recevra, je ne lui parlerai pas de celle qu’il vous a plus de m’écrire pour me fermer sa porte, et je ne m’occuperai pas plus de vous que si vous n’existiez pas… à moins que vous ne violiez nos conventions, auquel cas je serais sans pitié. La marquise me plaît infiniment, mais elle ne me tournera pas la tête au point de me faire perdre la mémoire. J’ai tout dit. Par où sort-on d’ici, docteur?

      Saint-Galmier s’empressa d’ouvrir la porte du salon, et le capitaine s’en alla en lui jetant cet adieu:

      – À propos, je vous recommande de soigner votre alcoolisé. C’est un brutal et un bavard qui pourrait bien vous jouer un mauvais tour.

      Le docteur ne souffla mot. Il reconduisit Nointel jusqu’à l’antichambre où le nègre en livrée attendait les clients, et il revint en toute hâte trouver Simancas pour conférer sur les événements.

      Nointel ne se sentait pas de joie, et quand il se retrouva dans la rue, il prit un plaisir extrême à allumer un cigare, un plaisir que connaissent seuls les travailleurs qui entendent sonner l’heure du repos après une journée laborieuse. Il s’achemina vers la rue d’Anjou d’un pas allègre, le cœur léger et l’esprit dispos, ravi du début de sa campagne et tout prêt à poursuivre ses premiers succès.

      – Voilà de bonne besogne, se disait-il, et si Darcy n’est pas content, c’est qu’il sera trop difficile. Je tiens la clef de la position, puisque je tiens les deux gredins qui tiennent la marquise. Et je ne leur ai pas livré mon secret, je ne leur ai pas dit un mot du crime de l’Opéra. Ils croient que je suis amoureux de la Barancos, peut-être que je veux l’épouser, et que j’ai profité de ce que j’avais barre sur eux, pour me faire ouvrir à deux battants les portes de son hôtel. Ils me feront une guerre sourde, je le sais, mais ils n’oseront pas m’attaquer en face. Si j’avais cassé les vitres, si je les avais forcés à dénoncer la marquise, ou si j’avais forcé la marquise à les chasser, j’aurais gâté les affaires de Berthe. C’eût été frapper le grand coup trop tôt. Je n’ai pas encore assez de preuves. J’en aurai dans huit jours ou dans un mois, mais j’en aurai, et, en attendant, j’ai assuré la tranquillité du ménage Crozon, je sais ce que l’innocente Lestérel a fait de sa nuit de bal, je suis sur la trace de la nourrice, et un de ces jours, je pourrai apprendre à la mère que l’enfant se porte bien. Ma parole d’honneur, on donne le prix Monthyon à des gens qui le méritent moins que moi.

      Oui, mais il faut cultiver notre jardin, disait Candide, et notre jardin, c’est la marquise.

      II. Huit jours se sont passés, un siècle pour ceux qui espèrent et pour ceux qui souffrent

      Huit jours se sont passés, un siècle pour ceux qui espèrent et pour ceux qui souffrent.

      Gaston Darcy espère; Berthe Lestérel souffre.

      Berthe СКАЧАТЬ