Bouddha. Jules Claretie
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Название: Bouddha

Автор: Jules Claretie

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ chargé d’affaires du Japon. Très gentille dans la Petite Mousmée, Antonia! Sa robe de soie bleu ciel à fleurs jetées lui collait comme à la peau et la moulait comme ces voiles mouillés que les sculpteurs jettent sur leur terre fraîche. C’était, mon cher, sous cette caresse du satin, la femme même, la femme attirante, vivante, avec sa beauté impérieuse et saine, que le public avait sous les yeux. Les marchands de lorgnettes ont dû faire leurs frais. Et de cette robe bleue une nuque blanche sortait, un cou élégant mis à nu par les cheveux relevés en bloc, et retenus, au haut de la tête, par une grosse épingle d’or. Les oreilles charnues, les joues à fossettes, les lèvres, le rire d’Antonia, ont été pour cinquante pour cent dans le succès de la Petite Mousmée. Quant à Lafertrille, qui jouait Bouddha, jamais il n’avait été plus drôle. A propos, de quoi est-il mort, Lafertrille?

      – De la maladie moderne: l’ataxie locomotrice! Trop de petites mousmées. Et quand il est mort les chroniqueurs ont dit: «Encore un qu’on ne remplacera pas!» Et maintenant Galivet a repris les rôles de Lafertrille, et qui parle de Lafertrille maintenant qu’on a Galivet? Galivet est gras, Lafertrille était maigre. Voilà toute la différence, le public s’en moque! Il se moque de tout, le public!

      – Je ne connais pas Galivet, mais j’ai vu Lafertrille jouer Bouddha de la première à la dernière. Le tour de Bouddha en quatre-vingt soirs! Et quand c’était fini, Bouddha, avec quelle joie j’emportais «ma mousmée» à moi, fouette cocher, au grand galop, vers son petit hôtel de l’avenue Kléber!… Le coupé traversait la place de la Concorde presque déserte, montait rapidement les Champs-Élysées, où d’autres coupés duos passaient emportés aussi, et le temps me paraissait si long, si long, quoique j’eusse près de moi, la tête sur mon épaule, – ou moi la serrant de mon bras passé sous son manteau, – la jolie blonde que toute une salle lorgnait tout à l’heure, et qui me fredonnait très bas, pour moi seul, comme un petit murmure caressant, le couplet bissé par les boulevardiers:

      Mon petit Bouddha,

      Que tu m’as fait de la peine!

      Je trouvais la route longue, et, arrivé, je regrettais presque cette sensation délicieuse d’un tête-à-tête au fond d’une voiture avec une créature que tout Paris enviait, et que quelqu’un, à la lueur du gaz, pouvait presque reconnaître du fond d’un de ces coupés qui nous croisaient. C’est étonnant ce qu’il y a de grains de vanité au fond de l’amour!… Et pourtant, vrai, j’aimais Antonia pour tout de bon.

      Elle était folle des japonaiseries. Elle prenait son opérette au sérieux. Elle voulait qu’autour d’elle, bibelots et soieries, tout fût du temps, du temps de Bouddha Ier. Je dévalisais les boutiques de vendeurs de netzskés pour peupler de drôleries ses étagères, et je me rappelle sa joie, sa joie d’enfant lorsque j’arrivai, un soir, précédant un commissionnaire qui portait sur ses bras, comme une nourrice son nourrisson, un gros Bouddha doré que j’avais découvert au fond d’un magasin de bric-à-brac, rue des Martyrs! Ah! le beau Bouddha! Presque grandeur nature, mon cher, accroupi, les mains jointes, tout doré, mais d’un or rouge à reflets sanglants, d’un ton tout particulier qui rappelait le cuir de Cordoue et les faïences mezzo-arabes, un Bouddha au crâne rose, et dont la bonne figure paterne, les yeux mi-clos et le sourire béat, un sourire indulgent et las, illuminait une face luisante avec une paire d’oreilles longues d’ici à demain!…

      Quand elle l’aperçut tout luisant d’or rouge entre les mains du commissionnaire; quand elle le vit apparaître sous la portière de soie de Chine soulevée, Antonia salua le Bouddha d’un grand cri d’enfant joyeuse suivi d’un long éclat de rire:

      – Ah! Bouddha! Voilà Bouddha!… Vive Bouddha!

      Et elle frappait dans ses mains, elle me sautait au cou.

      – Mon petit Edmond! Oh! comme tu es gentil!… Un Bouddha!… Ça me manquait! Il ne ressemble pas du tout Lafertrille, du tout, du tout!… Il est joliment mieux! Où le mettrons-nous?… Parbleu, là, sur la cheminée.... Je ferai faire une planchette.... Ah! le beau Bouddha!

      Puis, avec des airs respectueux, elle s’avançait vers le Bouddha que nous avions posé sur la table, et, prenant les poses de la petite mousmée:

      Ah! Bouddha,

      Cher Bouddha,

      Doux Bouddha!

      Elle chantait de sa voix de théâtre, s’interrompant tout à coup parce que je riais, pour me dire:

      – Au fait, tu sais, Edmond, c’est peut-être le vrai Dieu!

      Elle vida son porte-monnaie dans les mains du commissionnaire, et nous dînâmes, ce soir-là, en tiers avec ce brave Bouddha doré, posé sur la table et qui nous contemplait de son air calme, gravement. Au dessert, Antonia voulut lui faire boire du champagne. Bouddha conserva sa dignité et nous allâmes aux Nouveautés en riant beaucoup de notre invité en or rouge. Jamais Antonia ne chanta mieux que ce soir-là, les couplets de la Petite Mousmée.

      Et dès lors, Bouddha, mon Bouddha de la rue des Martyrs, devint le dieu de cette jolie bonbonnière de l’avenue Kléber, que ma petite bouddhiste voulait rendre japonaise du rez-de-chaussée au grenier. Antichambre japonaise avec deux vieux griffons de bronze à l’entrée, salle à manger japonaise tendue de rouleaux peints par un décorateur du Mikado, chambre japonaise, salle de bain japonaise… Tout au Japon! Et dans ce délicieux paradis japonais, une déesse bien vivante emplissant tout l’hôtel, – prononce a u, au, autel, si tu veux, – de son rire, de son parfum de femme, de sa jeunesse et de sa gaieté, – et un dieu silencieux et indulgent bénissant nos amours sans rien dire!

      Ah! le bon Bouddha, le doux Bouddha, comme disait la chanson!… Il trônait au milieu du salon, sur la cheminée, comme dans une pagode. On avait drapé son socle, encadré la glace, et Bouddha rayonnait là, rouge et or, comme un soleil d’automne. Je le saluais avec amitié. J’en étais arrivé à le considérer comme un hôte du logis, un habitué, un vieux parent. Antonia lui donnait de petits tapes câlines sur ses joues cuivrées. Bouddha veillait sur nous, toujours digne.

      Un soir… ah! le diable soit des femmes, même les meilleures!… Antonia était nerveuse.... Elle s’était, pour parler comme elle, attrapée à la répétition avec Lafertrille.... Aimé des femmes, mais mal élevé, Lafertrille! Il avait traité Antonia du nom de l’oiseau qui plaisait si peu à Ibicus. Antonia avait répliqué qu’en fait de grues la grande Stella pouvait compter pour deux… Cette grande Stella, qui donnait en ce temps-là à Lafertrille l’illusion de l’amour, était alors survenue. Tapage, duo de Mme Angot, un régisseur affolé, Lafertrille embarrassé, le directeur agacé.

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