Salammbô. Gustave Flaubert
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Salammbô - Gustave Flaubert страница 19

Название: Salammbô

Автор: Gustave Flaubert

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

Серия:

isbn:

isbn:

СКАЧАТЬ pétillaient, jaillissaient ; ils marchaient dans du feu. Spendius tâta le sol et reconnut qu’il était soigneusement tapissé avec des peaux de lynx ; puis il leur sembla qu’une grosse corde mouillée, froide et visqueuse, glissait entre leurs jambes. Des fissures, taillées dans la muraille, laissaient tomber de minces rayons blancs. Ils s’avançaient à ces lueurs incertaines. Enfin ils distinguèrent un grand serpent noir. Il s’élança vite et disparut.

      – «Fuyons !» s’écria Mâtho. «C’est elle ! je la sens elle vient.»

      – «Eh non !» répondit Spendius, «le temple est vide.»

      Alors une lumière éblouissante leur fit baisser les yeux. Puis ils aperçurent tout à l’entour une infinité de bêtes, efflanquées, haletantes, hérissant leurs griffes, et confondues les unes par-dessus les autres dans un désordre mystérieux qui épouvantait. Des serpents avaient des pieds, des taureaux avaient des ailes, des poissons à têtes d’homme dévoraient des fruits, des fleurs s’épanouissaient dans la mâchoire des crocodiles, et des éléphants, la trompe levée, passaient en plein azur, orgueilleusement, comme des aigles. Un effort terrible distendait leurs membres incomplets ou multipliés. Ils avaient l’air, en tirant la langue, de vouloir faire sortir leur âme ; et toutes les formes se trouvaient là, comme si le réceptacle des germes, crevant dans une éclosion soudaine, se fût vidé sur les murs de la salle.

      Douze globes de cristal bleu la bordaient circulairement, supportés par des monstres qui ressemblaient à des tigres. Leurs prunelles saillissaient comme les yeux des escargots, et courbant leurs reins trapus, ils se tournaient vers le fond, où resplendissait , sur un char d’ivoire, la Rabbet suprême, l’Omniféconde, la dernière inventée.

      Des écailles, des plumes, des fleurs et des oiseaux lui montaient jusqu’au ventre. Pour pendants d’oreilles elle avait des cymbales d’argent qui lui battaient sur les joues. Ses grands yeux fixes vous regardaient, et une pierre lumineuse, enchâssée à son front dans un symbole obscène, éclairait toute la salle, en se reflétant au-dessus de la porte, sur des miroirs de cuivre rouge.

      Mâtho fit un pas ; une dalle fléchit sous ses talons, et voilà que les sphères se mirent à tourner, les monstres à rugir ; une musique s’éleva, mélodieuse et ronflante comme l’harmonie des planètes ; l’âme tumultueuse de Tanit ruisselait épandue. Elle allait se lever, grande comme la salle, avec les bras ouverts. Tout à coup les monstres fermèrent la gueule, et les globes de cristal ne tournaient plus.

      Puis une modulation lugubre pendant quelque temps se traîna dans l’air, et s’éteignit enfin.

      – «Et le voile ?» dit Spendius.

      Nulle part on ne l’apercevait. Où donc se trouvait-il ? Comment le découvrir ? Et si les prêtres l’avaient caché ? Mâtho éprouvait un déchirement au coeur et comme une déception dans sa foi.

      – «Par ici !» chuchota Spendius. Une inspiration le guidait. Il entraîna Mâtho derrière le char de Tanit, où une fente, large d’une coudée, coupait la muraille du haut en bas.

      Alors ils pénétrèrent dans une petite salle toute ronde, et si élevée qu’elle ressemblait à l’intérieur d’une colonne. Il y avait au milieu une grosse pierre noire à demi sphérique, comme un tambourin ; des flammes brûlaient dessus ; un cône d’ébène se dressait par-derrière, portant une tête et deux bras.

      Mais au-delà on aurait dit un nuage où étincelaient des étoiles : des figures apparaissaient dans les profondeurs de ses plis : Eschmoûn avec les Kabires, quelques-uns des monstres déjà vus, les bêtes sacrées des Babyloniens, puis d’autres qu’ils ne connaissaient pas. Cela passait comme un manteau sous le visage de l’idole, et remontant étalé sur le mur, s’accrochait par les angles, tout à la fois bleuâtre comme la nuit, jaune comme l’aurore, pourpre comme le soleil, nombreux, diaphane, étincelant, léger. C’était là le manteau de la Déesse, le zaïmph saint que l’on ne pouvait voir.

      Ils pâlirent l’un et l’autre.

      – «Prends-le !» dit enfin Mâtho.

      Spendius n’hésita pas ; et, s’appuyant sur l’idole, il décrocha le voile, qui s’affaissa par terre. Mâtho posa la main dessus ; puis il entra sa tête par l’ouverture, puis il s’en enveloppa le corps, et il écartait les bras pour le mieux contempler.

      – «Partons !» dit Spendius.

      Mâtho, en haletant, restait les yeux fixés sur les dalles.

      Tout à coup il s’écria :

      – «Mais si j’allais chez elle ? Je n’ai plus peur de sa beauté. Que pourrait-elle faire contre moi ? Me voilà plus qu’un homme, maintenant. Je traverserais les flammes, je marcherais dans la mer ! Un élan m’emporte ! Salammbô ! Salammbô ! Je suis ton maître !»

      Sa voix tonnait. Il semblait à Spendius de taille plus haute et transfiguré.

      Un bruit de pas se rapprocha, une porte s’ouvrit et un homme apparut, un prêtre, avec son haut bonnet et les yeux écarquillés. Avant qu’il eût fait un geste, Spendius s’était précipité, et, l’étreignant à pleins bras, lui avait enfoncé dans les flancs ses deux poignards. La tête sonna sur les dalles.

      Puis, immobiles comme le cadavre, ils restèrent pendant quelque temps à écouter. On n’entendait que le murmure du vent par la porte entrouverte.

      Elle donnait sur un passage resserré. Spendius s’y engagea. Mâtho le suivit, et ils se trouvèrent presque immédiatement dans la troisième enceinte, entre les portiques latéraux, où étaient les habitations des prêtres.

      Derrière les cellules il devait y avoir pour sortir un chemin plus court. Ils se hâtèrent.

      Spendius, s’accroupissant au bord de la fontaine, lava ses mains sanglantes. Les femmes dormaient. La vigne d’émeraude brillait. Ils se remirent en marche.

      Mais quelqu’un, sous les arbres, courait derrière eux ; et Mâtho, qui portait le voile, sentit plusieurs fois qu’on le tirait par en bas, tout doucement. C’était un grand cynocéphale, un de ceux qui vivaient libres dans l’enceinte de la Déesse. Comme s’il avait eu conscience du vol, il se cramponnait au manteau. Cependant ils n’osaient le battre, dans la peur de faire redoubler ses cris ; soudain sa colère s’apaisa et il trottait près d’eux, côte à côte, en balançant son corps, avec ses longs bras qui pendaient. Puis, à la barrière, d’un bond, il s’élança dans un palmier.

      Quand ils furent sortis de la dernière enceinte, ils se dirigèrent vers le palais d’Hamilcar, Spendius comprenant qu’il était inutile de vouloir en détourner Mâtho.

      Ils prirent par la rue des Tanneurs, la place de Muthumbal, le marché aux herbes et le carrefour de Cynasyn. A l’angle d’un mur, un homme se recula, effrayé par cette chose étincelante, qui traversait les ténèbres.

      Конец ознакомительного фрагмента.

      Текст предоставлен ООО «ЛитРес».

      Прочитайте эту книгу целиком, купив полную легальную версию на ЛитРес.

      Безопасно СКАЧАТЬ