Poèmes saturniens. Paul Verlaine
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Название: Poèmes saturniens

Автор: Paul Verlaine

Издательство: Public Domain

Жанр: Зарубежная классика

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СКАЧАТЬ consolante

      De vos grands yeux où rit et pleure un rêve doux,

      De par votre âme pure et toute bonne, à vous

      Ces vers du fond de ma détresse violente.

      C’est qu’hélas! le hideux cauchemar qui me hante

      N’a pas de trêve et va furieux, fou, jaloux,

      Se multipliant comme un cortège de loups

      Et se pendant après mon sort qu’il ensanglante!

      Oh! je souffre, je souffre affreusement, si bien

      Que le gémissement premier du premier homme

      Chassé d’Eden n’est qu’une églogue au prix du mien!

      Et les soucis que vous pouvez avoir sont comme

      Des hirondelles sur un ciel d’après-midi,

      – Chère,– par un beau jour de septembre attiédi.

      VIII. – L’Angoisse

      Nature, rien de toi ne m’émeut, ni les champs

      Nourriciers, ni l’écho vermeil des pastorales

      Siciliennes, ni les pompes aurorales,

      Ni la solennité dolente des couchants.

      Je ris de l’Art, je ris de l’Homme aussi, des chants,

      Des vers, des temples grecs et des tours en spirales

      Qu’étirent dans le ciel vide les cathédrales,

      Et je vois du même oeil les bons et les méchants.

      Je ne crois pas en Dieu, j’abjure et je renie

      Toute pensée, et quant à la vieille ironie,

      L’Amour, je voudrais bien qu’on ne m’en parlât plus.

      Lasse de vivre, ayant peur de mourir, pareille

      Au brick perdu jouet du flux et du reflux,

      Mon âme pour d’affreux naufrages appareille.

      EAUX-FORTES

      À François Coppée

      I. – Croquis parisien

      La lune plaquait ses teintes de zinc

      Par angles obtus.

      Des bouts de fumée en forme de cinq

      Sortaient drus et noirs des hauts toits pointus.

      Le ciel était gris. La bise pleurait

      Ainsi qu’un basson.

      Au loin, un matou frileux et discret

      Miaulait d’étrange et grêle façon.

      Moi, j’allais, rêvant du divin Platon

      Et de Phidias,

      Et de Salamine et de Marathon,

      Sous l’oeil clignotant des bleus becs de gaz.

      II. – Cauchemar

      J’ai vu passer dans mon rêve

      – Tel l’ouragan sur la grève, —

      D’une main tenant un glaive

      Et de l’autre un sablier,

      Ce cavalier

      Des ballades d’Allemagne

      Qu’à travers ville et campagne,

      Et du fleuve à la montagne,

      Et des forêts au vallon,

      Un étalon

      Rouge-flamme et noir d’ébène,

      Sans bride, ni mors, ni rêne,

      Ni hop! ni cravache, entraîne

      Parmi des râlements sourds

      Toujours! Toujours!

      Un grand feutre à longue plume

      Ombrait son oeil qui s’allume

      Et s’éteint. Tel, dans la brume,

      Éclate et meurt l’éclair bleu

      D’une arme à feu.

      Comme l’aile d’une orfraie

      Qu’un subit orage effraie,

      Par l’air que la neige raie,

      Son manteau se soulevant

      Claquait au vent,

      Et montrait d’un air de gloire

      Un torse d’ombre et d’ivoire,

      Tandis que dans la nuit noire

      Luisaient en des cris stridents

      Trente-deux dents.

      III. – Marine

      L’Océan sonore

      Palpite sous l’oeil

      De la lune en deuil

      Et palpite encore,

      Tandis qu’un éclair

      Brutal et sinistre

      Fend le ciel de bistre

      D’un long zigzag clair,

      Et que chaque lame,

      En bonds convulsifs,

      Le long des récifs

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