Арсен Люпен против Херлока Шолмса / Arsène Lupin contre Herlock Sholmès. Морис Леблан
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СКАЧАТЬ argent, n’était-ce pas la rançon de Suzanne? – deux hommes s’entretenaient dans une voiture arrêtée à quelque distance du grand portail. L’un de ces hommes avait des cheveux grisonnants et une figure énergique qui contrastait avec son habillement et ses allures de petit employé. C’était l’inspecteur principal Ganimard, le vieux Ganimard, l’ennemi implacable de Lupin. Et Ganimard disait au brigadier Folenfant:

      – Ça ne va pas tarder… avant cinq minutes, nous allons revoir notre bonhomme. Tout est prêt?

      – Absolument.

      – Combien sommes-nous?

      – Huit, dont deux à bicyclette.

      – Et moi qui compte pour trois. C’est assez, mais ce n’est pas trop. À aucun prix il ne faut que le Gerbois nous échappe… sinon bonsoir: il rejoint Lupin au rendez-vous qu’ils ont dû fixer, il troque la demoiselle contre le demi-million, et le tour est joué.

      – Mais pourquoi donc le bonhomme ne marche-t-il pas avec nous? Ce serait si simple! En nous mettant dans son jeu il garderait le million entier.

      – Oui, mais il a peur. S’il essaye de mettre l’autre dedans, il n’aura pas sa fille.

      – Quel autre?

      – Lui.

      Ganimard prononça ce mot d’un ton grave, un peu craintif, comme s’il parlait d’un être surnaturel dont il aurait déjà senti les griffes.

      – Il est assez drôle, observa judicieusement le brigadier Folenfant, que nous en soyons réduits à protéger ce Monsieur contre lui-même.

      – Avec Lupin, le monde est renversé, soupira Ganimard!

      Une minute s’écoula.

      – Attention, fit-il.

      M. Gerbois sortait. À l’extrémité de la rue des Capucines, il prit les boulevards, du côté gauche. Il s’éloignait lentement, le long des magasins, et regardait les étalages.

      – Trop tranquille, le client, disait Ganimard. Un individu qui vous a dans la poche un million n’a pas cette tranquillité.

      – Que peut-il faire?

      – Oh! Rien, évidemment… N’importe, je me méfie. Lupin, c’est Lupin.

      À ce moment M. Gerbois se dirigea vers un kiosque, choisit des journaux, se fit rendre de la monnaie, déplia l’une des feuilles, et, les bras étendus, tout en s’avançant à petits pas, se mit à lire. Et soudain, d’un bond il se jeta dans une automobile qui stationnait au bord du trottoir. Le moteur était en marche, car elle partit rapidement, doubla la Madeleine et disparut.

      – Non de nom! s’écria Ganimard, encore un coup de sa façon!

      Il s’était élancé, et d’autres hommes couraient, en même temps que lui, autour de la Madeleine.

      Mais il éclata de rire. À l’entrée du boulevard Malesherbes, l’automobile était arrêtée, en panne, et M. Gerbois en descendait.

      – Vite, Folenfant… le mécanicien… c’est peut-être le nommé Ernest.

      Folenfant s’occupa du mécanicien. C’était un nommé Gaston, employé à la Société des fiacres automobiles; dix minutes auparavant, un Monsieur l’avait retenu et lui avait dit d’attendre «sous pression», près du kiosque, jusqu’à l’arrivée d’un autre Monsieur.

      – Et le second client, demanda Folenfant, quelle adresse a-t-il donnée?

      – Aucune adresse… «Boulevard Malesherbes… avenue de Messine… double pourboire» … Voilà tout.

      Mais, pendant ce temps, sans perdre une minute, M. Gerbois avait sauté dans la première voiture qui passait.

      – Cocher, au métro de la Concorde.

      Le professeur sortit du métro place du Palais-Royal, courut vers une autre voiture et se fit conduire place de la Bourse. Deuxième voyage en métro, puis, avenue de Villiers, troisième voiture.

      – Cocher, 25, rue Clapeyron.

      Le 25 de la rue Clapeyron est séparé du boulevard des Batignolles par la maison qui fait l’angle. Il monta au premier étage et sonna. Un Monsieur lui ouvrit.

      – C’est bien ici que demeure Maître Detinan?

      – C’est moi-même. Monsieur Gerbois, sans doute.

      – Parfaitement.

      – Je vous attendais, Monsieur. Donnez-vous la peine d’entrer.

      Quand M. Gerbois pénétra dans le bureau de l’avocat, la pendule marquait trois heures, et tout de suite il dit:

      – C’est l’heure qu’il m’a fixée. Il n’est pas là?

      – Pas encore.

      M. Gerbois s’assit, s’épongea le front, regarda sa montre comme s’il ne connaissait pas l’heure, et reprit anxieusement:

      – Viendra-t-il?

      L’avocat répondit:

      – Vous m’interrogez, Monsieur, sur la chose du monde que je suis le plus curieux de savoir. Jamais je n’ai ressenti pareille impatience. En tout cas, s’il vient, il risque gros, cette maison est très surveillée depuis quinze jours… on se méfie de moi.

      – Et de moi encore davantage. Aussi je n’affirme pas que les agents, attachés à ma personne, aient perdu ma trace.

      – Mais alors…

      – Ce ne serait point de ma faute, s’écria vivement le professeur, et l’on n’a rien à me reprocher. Qu’ai-je promis? D’obéir à ses ordres. Eh bien, j’ai obéi aveuglément à ses ordres, j’ai touché l’argent à l’heure fixée par lui, et je me suis rendu chez vous de la façon qu’il m’a prescrite. Responsable du malheur de ma fille, j’ai tenu mes engagements en toute loyauté. À lui de tenir les siens.

      Et il ajouta, de la même voix anxieuse:

      – Il ramènera ma fille, n’est-ce pas?

      – Je l’espère.

      – Cependant… vous l’avez vu?

      – Moi? Mais non! Il m’a simplement demandé par lettre de vous recevoir tous deux, de congédier mes domestiques avant trois heures, et de n’admettre personne dans mon appartement entre votre arrivée et son départ. Si je ne consentais pas à cette proposition, il me priait de l’en prévenir par deux lignes à l’Écho de France. Mais je suis trop heureux de rendre service à Arsène Lupin et je consens à tout.

      M. Gerbois gémit:

      – Hélas! Comment tout cela finira-t-il?

      Il tira de sa poche les billets de banque, les étala sur la table et en fit deux paquets de même nombre. Puis ils se turent. De temps à autre M. Gerbois prêtait l’oreille… n’avait-on pas sonné?

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