Название: Les vacances / Каникулы. Книга для чтения на французском языке
Автор: София де Сегюр
Издательство: КАРО
Жанр: Литература 19 века
Серия: Littérature classique (Каро)
isbn: 978-5-9925-1531-2
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Tous l’entourèrent au même instant.
«Il paraît que tout le monde m’aime, reprit M. de Rugès en riant. Allons, marchons en avant!
– Hé, hé, pas si vite, les petits! Nous autres gens sages et essoufflés, nous serions trop humiliés de rester en arrière.»
Les enfants, qui étaient partis au galop, revinrent sur leurs pas et se groupèrent autour de leurs parents.
La promenade fut charmante, la fraîcheur du bois tempérait la chaleur du soleil; de temps en temps on s’asseyait, on causait, on cueillait des fleurs, on trouvait quelques fraises.
«Nous voici près du fameux chêne où j’ai laissé ma poupée, dit Marguerite; je n’oublierai jamais le chagrin que j’ai éprouvé lorsque, en me couchant, je me suis aperçue que ma poupée, ma jolie poupée, était restée dans le bois pendant l’orage.
– Quelle poupée? dit Jean; je ne connais pas cette histoire-là.
– Il y a longtemps de cela, dit Marguerite. La méchante Jeannette me l’avait volée.
Jeannette la meunière?
Oui, précisément, et sa maman l’a bien fouettée, je t’assure; nous l’entendions crier à plus de deux cents pas.
Oh! raconte-nous cela, Marguerite. Voilà maman, papa, ma tante et mes oncles pour quelque temps; nous pouvons entendre ton histoire.»
Marguerite s’assit sur l’herbe, sous ce même chêne où sa poupée était restée oubliée par elle; elle leur raconta toute l’histoire et comment la poupée avait été retrouvée chez Jeannette, qui l’avait volée.
«Cette Jeannette est une bien méchante fille, dit Jacques, qui avait écouté avec une indignation croissante, les narines, gonflées, les yeux étincelants, les lèvres serrées. Je suis enchanté que sa maman l’ait si bien corrigée. Est-elle devenue bonne depuis?
Bonne! Ah oui! C’est la plus méchante fille de l’école.
Maman dit que c’est une voleuse.
Marguerite! Marguerite! Ce n’est pas bien, ce que tu dis là. Tu fais tort à une pauvre fille qui est peut-être honteuse et repentante de ses fautes passées.
Ni honteuse ni repentante, je t’en réponds.
Comment le sais-tu?
Parce que je vois bien à son air impertinent, à son nez en l’air[40] quand elle passe devant nous, parce qu’à l’église elle se tient très mal, elle se couche sur son banc, elle bâille, elle cause, elle rit; et puis elle a un air faux et méchant.
Cela, c’est vrai, je l’ai même dit à sa mère.
Et que lui a dit la mère Léonard?
Rien, je pense, puisqu’elle a continué comme avant.
Et tu ne dis pas que la mère t’a répondu: «Qu’est-ce que ça vous regarde, mam’selle?[41] Je ne me mêle pas de vos affaires: ne vous occupez pas des nôtres.»
Comment! elle a osé te répondre si grossièrement? Si j’avais été là, je l’aurais joliment rabrouée[42] et sa Jeannette aussi.
Heureusement que tu n’étais pas là. La mère Léonard se serait prise de querelle[43] avec toi et t’aurait dit quelque grosse injure.
Injure! Ah bien! je lui aurais donné une volée de coups de poing et de coups de pied; je suis fort sur la savate[44], va! Je l’aurais mise en marmelade[45] en moins de deux minutes.
Vantard, va! C’est elle qui t’aurait rossé[46].
Rossé! moi! veux-tu que je te fasse voir si je sais donner une volée en moins de rien?»
Et Jean se lève, ôte sa veste et se met en position de bataille. Jacques lui offre de lui servir de second.
Tous les enfants se mettent à rire. Jean se sent un peu ridicule, remet son habit et rit de lui-même avec les autres. Léon persifle Jacques, qui riposte en riant; Marguerite le soutient; Léon commence à devenir rouge et à se fâcher. Camille, Madeleine, Sophie et Jean se regardent du coin de l’œil et cherchent par leurs plaisanteries à arrêter la querelle commençante; leurs efforts ne réussissent pas; Jacques et Marguerite taquinent Léon, malgré les signes que leur sont Camille et Madeleine.
Léon se lève et veut chasser Jacques, qui, plus leste que lui, court, tourne autour des arbres, lui échappe toujours et revient toujours à sa place. Léon s’essuie le front, il est en nage et tout à fait en colère.
«Viens donc m’aider, dit-il à Jean. Tu es là comme un grand paresseux à me regarder courir.
À ton aide, pour quoi faire?
Pour attraper ce mauvais gamin, pardi[47]!
Et après?
Après…, après…, pour m’aider à lui donner une leçon.
Une leçon de quoi?
De respect, de politesse pour moi, qui ai presque le double de son âge.
De respect! Ha! ha! ha! Quel homme respectable tu fais en vérité!
Ne faudrait-il pas que nous nous prosternassions devant toi?[48]
Dans tous les cas, lors même que Jacques t’aurait offensé, je serais honteux de me mettre avec toi contre lui, pauvre petit qui a, comme tu le dis très bien, la moitié de ton âge. Ce serait un peu lâche, dis donc, Léon, comme trois ou quatre contre un?
Tu es ennuyeux, toi, avec tes grands sentiments, ta sotte générosité.
Tu appelles grands sentiments et générosité que deux grands garçons de treize ans et de onze ans ne se réunissent pas pour battre un pauvre enfant de sept ans qui ne leur a rien fait?
Ce n’est rien, de me taquiner comme il le fait depuis un quart d’heure?
Ah СКАЧАТЬ
40
à son nez en l’air – по ее носу, задранному вверх
41
qu’est-ce que ça vous regarde, mam’selle – какое вам до этого дело, мам’зель
42
je l’aurais joliment rabrouée – я бы ее быстро поставил на место
43
se serait prise de querelle – ввязалась бы в ссору
44
je suis fort sur la savate – у меня здорово получаются удары башмаком
45
je l’aurais mise en marmelade – я бы ее усмирил
46
c’est elle qui t’aurait rossé – она сама бы тебя поколотила
47
pardi –
48
ne faudrait-il pas que nous nous prosternassions devant toi –