Название: L'Espion
Автор: Dr. Juan Moisés De La Serna
Издательство: Tektime S.r.l.s.
Жанр: Приключения: прочее
isbn: 9788835425670
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–Vous avez un don! me dit le capitaine ce jour-là.
–Plutôt qu’un don, je pense qu’il s’agit d’un cadeau, répondis-je.
–Un cadeau? Il me demanda surpris.
–Oui, un cadeau du Créateur.
Le capitaine réfléchit, confus, pendant quelques instant et me dit:
– Ben, quoi qu’il en soit! Vous ferez un meilleur service en Pennsylvanie. Là-bas vous serez instruit pour des grandes choses.
–Mais… qu’est-ce que je vais dire à mes parents? Je répondis étonné et confus par ses mots.
–Ne vous inquiétez pas! L’armée s’en occupera de votre famille pendant que vous serez loin. Ce n’est pas ce que vous vouliez?
–Si, en effet, nous venons d’arriver ici et c’est une nouvelle langue pour eux. Nous avons quelques amis qui nous aident autant qu’ils peuvent, mais ils n’ont pas encore trouvé un travail.
–Pas de souci! Ils recevront la paie chaque mois ponctuellement! Mais vous devez aussi vous acquitter de vos obligations.
–Bien sûr, je ferai mon mieux! Je ne vous décevrai pas! Par contre, pourquoi la Pennsylvanie?
– Vous le saurez au moment donné. Je peux seulement vous dire: Allez faire que vos parents soient fiersde vous!
Celles-là furent les derniers mots – ou ordres, je ne suis pas très sûr!– qu’il me donna, puisque le lendemain deux soldats arrivèrent dans ma baraque pendant que je dormais entouré du reste du peloton, et me firent sortir de la base ou je passais mon instruction, pour m’emmener vers un avenir incertain.
Mais comment c’est bizarre! Je peux presque mâcher le sable levé par le jeep tout au long du chemin qui nous menait à la nouvelle base militaire.
C’était un jour particulièrement chaud, mais cela ne pourrait jamais dissiper l’émotion de découvrir finalement comment je pourrais utiliser mon don.
Après trois ans d’entraînement, je suis convaincu que je devais le savoir, mais l’écoulement du temps efface tout ce qu’il veut sans nous prévenir.
Quoique les noms les plus familiers soient disparus de ma mémoire, il y a longtemps j’élaborai une méthode par laquelle je notai tous les noms, les dates et les évènements importants dans ma vie et, de temps en temps, je prends une feuille blanche et j’essaie d’écrire une liste avec tout ce dont je me rappelle encore.
C’était un jeu d’enfants! Au moins au début… Comment allais-je oublier le nom de mes grands-enfants? Ou la date de mon mariage! Mais au fil du temps, dans mon désespoir, cette feuille que j’essayais de remplir restait de plus en plus vide, jusqu’au jour où j’oubliai même où je l’avais mis et, avec elle, j’oubliai toutes les dates, les noms et les évènements dont je croyais impossibles d’oublier.
Je me rappelle du jour où on acheta le grille-pain qui est en cuisine. On s’était beaucoup disputé à cause de la couleur. Elle préférait le jaune citron et moi, l’argenté.
A la fin c’est moi qui cédai, comme toujours. Mais c’est normal car dans toutes nos disputes –pour les appeler ainsi– étaient causées par des questions sans importance, alors pourquoi pas céder? Peu importait la couleur du grille-pain!
Elle se sentait à l’aise comme ça, quand elle organisait tout à sa façon. Je n’étais pas du tout convaincu par ces couleurs criards, mais elle disait toujours «Ça va beaucoup égayer l’atmosphère!»
Maintenant, par contre, je ne me souviens plus du moment ou il tomba en panne… comment s’était-il cassé? Ou pourquoi je ne l’utilise plus? Peu importe, ce n’est que des bricoles! Comme toutes les autres que je retrouve par tout dans la maison. Je ne sais même pas à quoi servent…
Quand j’ouvre les tiroirs je trouve vraiment tout genre de trucs, des casseroles ici, des outils de travail par là, des boîtes vides dans l’autre… Mais quel entassement de trucs inutiles!
Dans l’un des tiroirs je trouvai une boîte à outils qui m’appartenait, à moi, qui jamais ne touchai une ampoule! Qu’est-ce que j’allais faire en ce moment avec cela? Après quelques instants d’y réfléchir et d’essayer de me rappeler si on l’avait jamais utilisée, tout simplement je fermai le tiroir.
Elle me manque tellement, ma femme! Si au moins je savais où elle est… Au ciel, bien entendu! Mais comment c’est loin, le ciel!
Il est tout à fait clair qu’elle est l’une des personnes qui méritent vraiment se reposer. Elle était toujours prête à aider tout le monde dans tout ce qu’il fallait, sans la moindre lamentation et toujours avec un sourire.
En fait, elle ne se plaignait jamais du temps qu’elle passait toute seule lorsque j’étais coincé au bureau ou quand je partais en voyage de travail pendant des semaines.
A mon retour, elle m’attendait avec son grand sourire et, bien qu’elle savait que je ne pouvais rien lui raconter, elle me demandait avec sa voix chaude comment s’était tout passé.
Parfois, lorsque je me lève et après m’avoir lavé et avoir fait mes exercices, je m’assieds à table dans la salle à manger et j’attends… et j’attends… et à peine je me rends compte qu’elle n’est pas là pour m’apporter le petit déjeuner, une peine insupportable m’arrive et je n’ai plus envie d’aller le préparer.
D’ailleurs je n’aimai jamais trop être en cuisine. Je n’aime pas cuisiner. Seul quand il le fallait je donnais un coup de main et je faisais mon mieux, par exemple, pendant ces fête où il y avait plein de monde et ma femme ne pouvait pas s’en sortir.
Je préférais mettre la table et m’occuper de la vaisselle après manger, ou aller faire les courses s’il le fallait, mais rien d’autre.
En échange, dès qu’elle était partie et même si je traitais par tous les moyens de ne pas entrer dans «son territoire», j’avais l’impression de passer tout mon temps là-bas maintenant.
C’est vrai que je n’avais pas réalisé du travail qu’entraînait la cuisine, toute ces heures qu’il faut investir et, en plus, sachant qu’elle ne touchera plus ces objets qui ne l’appartenaient qu’à elle.
Beaucoup d’autres fois, je restais tout simplement en silence… en attendant d’entendre du bruit ou des rumeurs en cuisine comme ceux qu’elle faisait pendant qu’elle préparait à manger le soir, ou l’écouter chanter pendant qu’elle arrosait les plantes… mais qu’est-ce que je fais là? Je ne sais pas, mais elle me manque trop, ça c’est sûr!
Après prendre ma retraite, je restai en contact avec mes anciens collègues parce que je voulais me tenir à la page sur tout ce qui échappait à mon contrôle, mais en dépit des efforts et des heures passées à étudier tout au long de ma vie, on dirait que le temps ne s’apitoya pas de moi.
En réalité la liste de personnes avec qui je parle est de plus en plus petite, СКАЧАТЬ