Nana. Emile Zola
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Nana - Emile Zola страница 12

Название: Nana

Автор: Emile Zola

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066078423

isbn:

СКАЧАТЬ laisserait pas boire tranquillement? Ça promettait, si le carillon commençait déjà. Pourtant, elle courut ouvrir. Puis, à son retour, voyant madame Maloir qui l'interrogeait du regard:

      — Rien, un bouquet.

      Toutes trois se rafraîchirent, en se saluant d'un signe de tête. Il y eut, coup sur coup, deux autres sonneries, pendant que Zoé desservait enfin la table, rapportant les assiettes sur l'évier, une à une. Mais tout cela n'était pas sérieux. Elle tenait la cuisine au courant, elle répéta deux fois sa phrase dédaigneuse:

      — Rien, un bouquet.

      Cependant, ces dames, entre deux levées de cartes, eurent un rire, en lui entendant raconter la tête des créanciers, dans l'antichambre, lorsque les fleurs arrivaient. Madame trouverait ses bouquets sur sa toilette. Dommage que ce fût si cher et qu'on ne pût en tirer seulement dix sous. Enfin, il y avait bien de l'argent perdu.

      — Moi, dit madame Maloir, je me contenterais par jour de ce que les hommes dépensent en fleurs pour les femmes, à Paris.

      — Je crois bien, vous n'êtes pas difficile, murmura madame Lerat. On aurait seulement l'argent du fil… Ma chère, soixante de dames.

      Il était quatre heures moins dix. Zoé s'étonnait, ne comprenant pas que madame restât si longtemps dehors. D'ordinaire, lorsque madame se trouvait forcée de sortir, l'après-midi, elle emballait ça, et rondement. Mais madame Maloir déclara qu'on ne faisait pas toujours les choses comme on voulait. Certainement, il y avait des anicroches dans la vie, disait madame Lerat. Le mieux était d'attendre; si sa nièce s'attardait, ça devait être que ses occupations la retenaient, n'est-ce pas? D'ailleurs, on ne peinait guère. Il faisait bon dans la cuisine. Et, comme elle n'avait plus de coeur, madame Lerat jeta du carreau.

      La sonnerie recommençait. Quand Zoé reparut, elle était tout allumée.

      — Mes enfants, le gros Steiner! dit-elle dès la porte, en baissant la voix. Celui-là, je l'ai mis dans le petit salon.

      Alors, madame Maloir parla du banquier à madame Lerat, qui ne connaissait pas ces messieurs. Est-ce qu'il était en train de lâcher Rose Mignon? Zoé hochait la tête, elle savait des choses. Mais, de nouveau, il lui fallut aller ouvrir.

      — Bon! une tuile! murmura-t-elle en revenant. C'est le moricaud! J'ai eu beau lui répéter que madame était sortie, il s'est installé dans la chambre à coucher… Nous ne l'attendions que ce soir.

      A quatre heures un quart, Nana n'était pas encore là. Que pouvait-elle faire? Ça n'avait pas de bon sens. On apporta deux autres bouquets. Zoé, ennuyée, regarda s'il restait du café. Oui, ces dames finiraient volontiers le café, ça les réveillerait. Elles s'endormaient, tassées sur leurs chaises, à prendre continuellement des cartes au talon, du même geste. La demie sonna. Décidément, on avait fait quelque chose à madame. Elles chuchotaient entre elles.

      Tout à coup, s'oubliant, madame Maloir annonça d'une voix éclatante:

      — J'ai le cinq cents!… Quinte majeure d'atout!

      — Taisez-vous donc! dit Zoé avec colère. Que vont penser tous ces messieurs?

      Et, dans le silence qui régna, dans le murmure étouffé des deux vieilles femmes se querellant, un bruit de pas rapides monta de l'escalier de service. C'était Nana enfin. Avant qu'elle eût ouvert la porte, on entendit son essoufflement. Elle entra très rouge, le geste brusque. Sa jupe, dont les tirettes avaient dû casser, essuyait les marches, et les volants venaient de tremper dans une mare, quelque pourriture coulée du premier étage, où la bonne était un vrai souillon.

      — Te voilà! ce n'est pas malheureux! dit madame Lerat, les lèvres pincées, encore vexée des cinq cents de madame Maloir. Tu peux te flatter de faire poser les gens!

      — Madame n'est pas raisonnable, vraiment! ajouta Zoé.

      Nana, déjà mécontente, fut exaspérée par ces reproches. Si c'était comme ça qu'on l'accueillait, après l'embêtement qu'elle venait d'avoir!

      — Fichez-moi la paix, hein! cria-t-elle.

      — Chut! madame, il y a du monde, dit la bonne.

      Alors, baissant la voix, la jeune femme bégaya, haletante:

      — Est-ce que vous croyez que je me suis amusée? Ça n'en finissait plus. J'aurais bien voulu vous y voir… Je bouillais, j'avais envie de ficher des claques… Et pas un fiacre pour revenir. Heureusement, c'est à deux pas. N'importe, j'ai joliment couru.

      — Tu as l'argent? demanda la tante.

      — Tiens! cette question! répondit Nana.

      Elle s'était assise sur une chaise, contre le fourneau, les jambes coupées par sa course; et, sans reprendre haleine, elle tira de son corsage une enveloppe, dans laquelle se trouvaient quatre billets de cent francs. On voyait les billets par une large déchirure, qu'elle avait faite d'un doigt brutal, pour s'assurer du contenu. Les trois femmes, autour d'elle, regardaient fixement l'enveloppe, un gros papier froissé et sali, entre ses petites mains gantées. Il était trop tard, madame Lerat n'irait que le lendemain à Rambouillet. Nana entrait dans de grandes explications.

      — Madame, il y a du monde qui attend, répéta la femme de chambre.

      Mais elle s'emporta de nouveau. Le monde pouvait attendre. Tout à l'heure, quand elle ne serait plus en affaire. Et, comme sa tante avançait la main vers l'argent:

      — Ah! non, pas tout, dit-elle. Trois cents francs à la nourrice, cinquante francs pour ton voyage et ta dépense, ça fait trois cent cinquante… Je garde cinquante francs.

      La grosse difficulté fut de trouver de la monnaie. Il n'y avait pas dix francs dans la maison. On ne s'adressa même pas à madame Maloir, qui écoutait d'un air désintéressé, n'ayant jamais sur elle que les six sous d'un omnibus. Enfin, Zoé sortit en disant qu'elle allait voir dans sa malle, et elle rapporta cent francs, en pièces de cent sous. On les compta sur un bout de la table. Madame Lerat partit tout de suite, après avoir promis de ramener Louiset le lendemain.

      — Vous dites qu'il y a du monde? reprit Nana, toujours assise, se reposant.

      — Oui, madame, trois personnes.

      Et elle nomma le banquier le premier. Nana fit une moue. Si ce Steiner croyait qu'elle se laisserait ennuyer, parce qu'il lui avait jeté un bouquet la veille!

      — D'ailleurs, déclara-t-elle, j'en ai assez. Je ne recevrai pas.

       Allez dire que vous ne m'attendez plus.

      — Madame réfléchira, madame recevra monsieur Steiner, murmura Zoé sans bouger, d'un air grave, fâchée de voir sa maîtresse sur le point de faire encore une bêtise.

      Puis, elle parla du Valaque, qui devait commencer à trouver le temps long, dans la chambre. Alors, Nana, furieuse, s'entêta davantage. Personne, elle ne voulait voir personne! Qui est-ce qui lui avait fichu un homme aussi collant!

      — Flanquez tout ça dehors! Moi, je vais faire un bézigue avec madame Maloir. J'aime mieux ça.

      La sonnerie lui coupa la parole. Ce fut le comble. Encore un raseur! Elle défendit à Zoé d'aller ouvrir. Celle-ci, sans l'écouter, était sortie de la cuisine. Quand elle reparut, elle dit d'un СКАЧАТЬ