L'année terrible. Victor Hugo
Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу L'année terrible - Victor Hugo страница 4

Название: L'année terrible

Автор: Victor Hugo

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066304270

isbn:

СКАЧАТЬ orageux, pareil au mystérieux vent

      Soufflant du ciel profond dans le désert mouvant

      Où Thèbes s’engloutit comme un vaisseau qui sombre,

      Ce fauve esprit, chargé des balaiements de l’ombre,

      A, certes, autre chose à faire que d’aller

      Caresser, dans la nuit trop lente à s’étoiler,

      Ce grand monstre de pierre accroupi qui médite,

      Ayant en lui l’énigme adorable ou maudite;

      L’ouragan n’est pas tendre aux colosses émus;

      Ce n’est pas d’encensoirs que le sphinx est camus.

      La vérité, voilà le grand encens austère

      Qu’on doit à cette masse où palpite un mystère,

      Et qui porte en son sein qu’un ventre appesantit

      Le droit juste mêlé de l’injuste appétit.

      O genre humain! lumière et nuit! chaos des âmes.

      La multitude peut jeter d’augustes flammes;

      Mais qu’un vent souffle, on voit descendre tout à coup

      Du haut de l’honneur vierge au plus bas de l’égout

      La foule, cette grande et fatale orpheline;

      Et cette Jeanne d’Arc se change en Messaline.

      Ah! quand Gracchus se dresse aux rostres foudroyants,

      Quand Cynégire mord les navires fuyants,

      Quand avec les Trois-cents, hommes faits ou pupilles,

      Léonidas s’en va tomber aux Thermopyles,

      Quand Botzaris surgit, quand Schwitz confédéré

      Brise l’Autriche avec son dur bâton ferré,

      Quand l’altier Winkelried, ouvrant ses bras épiques,

      Meurt dans l’embrassement formidable des piques,

      Quand Washington combat, quand Bolivar paraît,

      Quand Pélage rugit au fond de sa forêt,

      Quand Manin, réveillant les tombes, galvanise

      Ce vieux dormeur d’airain, le lion de Venise,

      Quand le grand paysan chasse à coups de sabot

      Lautrec de Lombardie et de France Talbot,

      Quand Garibaldi, rude au vil prêtre hypocrite,

      Montre un héros d’Homère aux monts de Théocrite

      Et fait subitement flamboyer à côté

      De l’Etna ton cratère, ô sainte Liberté !

      Quand la Convention impassible tient tête

      A trente rois, mêlés dans la même tempête,

      Quand, liguée et terrible et rapportant la nuit,

      Toute l’Europe accourt, gronde et s’évanouit,

      Comme aux pieds de la digue une vague écumeuse,

      Devant les grenadiers pensifs de Sambre-et-Meuse,

      C’est le peuple; salut, ô peuple souverain!

      Mais quand le lazzarone ou le transteverin

      De quelque Sixte-Quint baise à genoux la crosse,

      Quand la cohue inepte, insensée et féroce,

      Étouffe sous ses flots, d’un vent sauvage émus,

      L’honneur dans Coligny, la raison dans Ramus,

      Quand un poing monstrueux, de l’ombre où l’horreur flotte,

      Sort, tenant aux cheveux la tête de Charlotte

      Pâle du coup de hache et rouge du soufflet,

      C’est la foule; et ceci me heurte et me déplaît;

      C’est l’élément aveugle et confus; c’est le nombre;

      C’est la sombre faiblesse et c’est la force sombre.

      Et que de cette tourbe il nous vienne demain

      L’ordre de recevoir un maître de sa main,

      De souffler sur notre âme et d’entrer dans la honte,

      Est-ce que vous croyez que nous en tiendrons compte?

      Certes, nous vénérons Sparte, Athènes, Paris,.

      Et tous les grands forums d’où partent les grands cris;

      Mais nous plaçons plus haut la conscience auguste.

      Un monde, s’il a tort, ne pèse pas un juste;

      Tout un océan fou bat en vain un grand cœur.

      O multitude, obscure et facile au vainqueur,

      Dans l’instinct bestial trop souvent tu te vautres,

      Et nous te résistons! Nous ne voulons, nous autres,

      Ayant Danton pour père et Hampden pour aïeul,

      Pas plus du tyran Tous que du desposte Un Seul.

      Voici le peuple: il meurt, combattant magnifique,

      Pour le progrès; voici la foule: elle en trafique;

      Elle mange son droit d’aînesse en ce plat vil

      Que Rome essuie et lave avec Ainsi-soit-il!

      Voici le peuple: il prend la Bastille, il déplace

      Toute l’ombre en marchant; voici la populace:

      Elle attend au passage Aristide, Jésus,

      Zénon, Bruno, Colomb, Jeanne, et crache dessus.

      Voici le peuple avec son épouse, l’idée;

      Voici la populace avec son accordée,

      La guillotine. Eh bien, je choisis l’idéal.

      Voici le peuple: il change avril en Floréal,

      Il se fait République, il règne et délibère.

      Voici la populace: elle accepte Tibère.

      Je veux la République et je СКАЧАТЬ