Название: Les Aventures d'Arsène Lupin (La collection complète)
Автор: Морис Леблан
Издательство: Bookwire
Жанр: Языкознание
isbn: 4064066308377
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– Alors, que faire ? gémit M. Formerie…
– Que faire, monsieur le juge d’instruction ? riposta Lupin. C’est bien simple. Monter en voiture et me mener avec toutes les précautions qu’il vous plaira de prendre, au 29 de la villa Dupont. Il est une heure. À trois heures, j’aurai découvert Steinweg.
L’offre était précise, impérieuse, exigeante. Les deux magistrats subirent le poids de cette volonté formidable. M. Formerie regarda M. Weber. Après tout, pourquoi pas ? Qu’est-ce qui s’opposait à cette épreuve ?
– Qu’en pensez-vous, monsieur Weber ?
– Peuh !… je ne sais pas trop.
– Oui, mais cependant… s’il s’agit de la vie d’un homme…
– évidemment, formula le sous-chef qui commençait à réfléchir.
La porte s’ouvrit. Un huissier apporta une lettre que M. Formerie décacheta et où il lut ces mots :
« Défiez-vous. Si Lupin entre dans la maison de la villa Dupont, il en sortira libre. Son évasion est préparée. – L. M. »
M. Formerie devint blême. Le péril auquel il venait d’échapper l’épouvantait. Une fois de plus. Lupin s’était joué de lui. Steinweg n’existait pas.
Tout bas, M. Formerie marmotta des actions de grâces. Sans le miracle de cette lettre anonyme, il était perdu, déshonoré.
– Assez pour aujourd’hui, dit-il. Nous reprendrons l’interrogatoire demain. Gardes, que l’on reconduise le détenu à la Santé.
Lupin ne broncha pas. Il se dit que le coup provenait de L’Autre. Il se dit qu’il y avait vingt chances contre une pour que le sauvetage de Steinweg ne pût être opéré maintenant, mais que, somme toute, il restait cette vingt et unième chance et qu’il n’y avait aucune raison pour que lui, Lupin, se désespérât.
Il prononça donc simplement :
– Monsieur le juge d’instruction, je vous donne rendez-vous demain matin à dix heures, au 29 de la villa Dupont.
– Vous êtes fou ! Mais puisque je ne veux pas !…
– Moi, je veux, cela suffit. À demain dix heures. Soyez exact.
– 4 –
Comme les autres fois, dès sa rentrée en cellule. Lupin se coucha, et tout en bâillant il songeait :
« Au fond, rien n’est plus pratique pour la conduite de mes affaires que cette existence. Chaque jour je donne le petit coup de pouce qui met en branle toute la machine, et je n’ai qu’à patienter jusqu’au lendemain. Les événements se produisent d’eux-mêmes. Quel repos pour un homme surmené ! »
Et, se tournant vers le mur :
« Steinweg, si tu tiens à la vie, ne meurs pas encore ! ! ! Je te demande un petit peu de bonne volonté. Fais comme moi : dors. »
Sauf à l’heure du repas, il dormit de nouveau jusqu’au matin. Ce ne fut que le bruit des serrures et des verrous qui le réveilla.
– Debout, lui dit le gardien ; habillez-vous… C’est pressé.
M. Weber et ses hommes le reçurent dans le couloir et l’amenèrent jusqu’au fiacre.
– Cocher, 29, villa Dupont, dit Lupin en montant… Et rapidement.
– Ah ! Vous savez donc que nous allons là ? dit le sous-chef.
– évidemment, je le sais, puisque, hier, j’ai donné rendez-vous à M. Formerie, au 29 de la villa Dupont, sur le coup de dix heures. Quand Lupin dit une chose, cette chose s’accomplit. La preuve…
Dès la rue Pergolèse, les précautions multipliées par la police excitèrent la joie du prisonnier. Des escouades d’agents encombraient la rue. Quant à la villa Dupont, elle était purement et simplement interdite à la circulation.
– L’état de siège, ricana Lupin. Weber, tu distribueras de ma part un louis à chacun de ces pauvres types que tu as dérangés sans raison. Tout de même, faut-il que vous ayez la venette ! Pour un peu, tu me passerais les menottes.
– Je n’attendais que ton désir, dit M. Weber.
– Vas-y donc, mon vieux. Faut bien rendre la partie égale entre nous ! Pense donc, tu n’es que trois cents aujourd’hui !
Les mains enchaînées, il descendit de voiture devant le perron, et tout de suite on le dirigea vers une pièce où se tenait M. Formerie. Les agents sortirent. M. Weber seul resta.
– Pardonnez-moi, monsieur le juge d’instruction, dit Lupin, j’ai peut-être une ou deux minutes de retard. Soyez sûr qu’une autre fois je m’arrangerai…
M. Formerie était blême. Un tremblement nerveux l’agitait. Il bégaya :
– Monsieur, Mme Formerie…
Il dut s’interrompre, à bout de souffle, la gorge étranglée.
– Comment va-t-elle, cette bonne Mme Formerie ? demanda Lupin avec intérêt. J’ai eu le plaisir de danser avec elle, cet hiver, au bal de l’Hôtel de Ville, et ce souvenir…
– Monsieur, recommença le juge d’instruction, monsieur, Mme Formerie a reçu de sa mère, hier soir, un coup de téléphone lui disant de passer en hâte. Mme Formerie, aussitôt, est partie, sans moi malheureusement, car j’étais en train d’étudier votre dossier.
– Vous étudiez mon dossier ? Voilà bien la boulette, observa Lupin.
– Or, à minuit, continua le juge, ne voyant pas revenir Mme Formerie, assez inquiet, j’ai couru chez sa mère ; Mme Formerie n’y était pas. Sa mère ne lui avait point téléphoné. Tout cela n’était que la plus abominable des embûches. À l’heure actuelle, Mme Formerie n’est pas encore rentrée.
– Ah ! fit Lupin avec indignation.
Et, après avoir réfléchi :
– Autant que je m’en souvienne, Mme Formerie est très jolie, n’est-ce pas ?
Le juge ne parut pas comprendre. Il s’avança vers Lupin, et d’une voix anxieuse, l’attitude quelque peu théâtrale :
– Monsieur, j’ai été prévenu ce matin par une lettre que ma femme me serait rendue immédiatement après que le sieur Steinweg serait découvert. Voici cette lettre. Elle est signée Lupin. Est-elle de vous ?
Lupin examina la lettre et conclut gravement :
– Elle est de moi.
– Ce qui veut dire que vous voulez obtenir de moi, par contrainte, la direction des recherches relatives au sieur Steinweg ?
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