Название: Les Aventures d'Arsène Lupin (La collection complète)
Автор: Морис Леблан
Издательство: Bookwire
Жанр: Языкознание
isbn: 4064066308377
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– On n’escamote pas les gens de la sorte. Il est quelque part, ce Steinweg.
– Sûrement.
– Vous savez où ?
– Oui.
– Je serais curieux…
– Il est au numéro 29 de la villa Dupont.
M. Weber haussa les épaules.
– Chez Altenheim, alors ? Dans l’hôtel qu’il habitait ?
– Oui.
– Voilà bien le crédit qu’on peut attacher à toutes ces bêtises ! Dans la poche du baron, j’ai trouvé son adresse. Une heure après, l’hôtel était occupé par mes hommes !
Lupin poussa un soupir de soulagement.
– Ah ! La bonne nouvelle ! Moi qui redoutais l’intervention du complice, de celui que je n’ai pu atteindre, et un second enlèvement de Steinweg. Les domestiques ?
– Partis !
– Oui, un coup de téléphone de l’autre les aura prévenus. Mais Steinweg est là.
M. Weber s’impatienta :
– Mais il n’y a personne, puisque je vous répète que mes hommes n’ont pas quitté l’hôtel.
– Monsieur le sous-chef de la Sûreté, je vous donne le mandat de perquisitionner vous-même dans l’hôtel de la villa Dupont… Vous me rendrez compte demain du résultat de votre perquisition.
M. Weber haussa de nouveau les épaules, et sans relever l’impertinence :
– J’ai des choses plus urgentes…
– Monsieur le sous-chef de la Sûreté, il n’y a rien de plus urgent. Si vous tardez, tous mes plans sont à l’eau. Le vieux Steinweg ne parlera jamais.
– Pourquoi ?
– Parce qu’il sera mort de faim si d’ici un jour, deux jours au plus, vous ne lui apportez pas de quoi manger.
– 3 –
– Très grave… Très grave… murmura M. Formerie après une minute de réflexion. Malheureusement…
Il sourit.
– Malheureusement, votre révélation est entachée d’un gros défaut.
– Ah ! Lequel ?
– C’est que tout cela, monsieur Lupin, n’est qu’une vaste fumisterie… Que voulezvous ? Je commence à connaître vos trucs, et plus ils me paraissent obscurs, plus je me méfie.
« Idiot », grommela Lupin.
M. Formerie se leva.
– Voilà qui est fait. Comme vous voyez, ce n’était qu’un interrogatoire de pure forme, la mise en présence des deux duellistes. Maintenant que les épées sont engagées, il ne nous manque plus que le témoin obligatoire de ces passes d’armes, votre avocat.
– Bah ! Est-ce indispensable ?
– Indispensable.
– Faire travailler un des maîtres du barreau en vue de débats aussi… problématiques ?
– Il le faut.
– En ce cas, je choisis Me Quimbel.
– Le bâtonnier. À la bonne heure, vous serez bien défendu.
Cette première séance était terminée. En descendant l’escalier de la Souricière, entre les deux Doudeville, le détenu articula, par petites phrases impératives :
– Qu’on surveille la maison de Geneviève… quatre hommes à demeure… Mme Kesselbach aussi… elles sont menacées. On va perquisitionner villa Dupont… soyez-y. Si l’on découvre Steinweg, arrangez-vous pour qu’il se taise… un peu de poudre, au besoin.
– Quand serez-vous libre, patron ?
– Rien à faire pour l’instant… D’ailleurs, ça ne presse pas… Je me repose.
En bas, il rejoignit les gardes municipaux qui entouraient la voiture.
– À la maison, mes enfants, s’exclamat-il, et rondement. J’ai rendez-vous avec moi à deux heures précises.
Le trajet s’effectua sans incident.
Rentré dans sa cellule, Lupin écrivit une longue lettre d’instructions détaillées aux frères Doudeville et deux autres lettres.
L’une était pour Geneviève :
« Geneviève, vous savez qui je suis maintenant, et vous comprendrez pourquoi je vous ai caché le nom de celui qui, par deux fois, vous emporta toute petite, dans ses bras.
« Geneviève, j’étais l’ami de votre mère, ami lointain dont elle ignorait la double existence, mais sur qui elle croyait pouvoir compter. Et c’est pourquoi, avant de mourir, elle m’écrivait quelques mots et me suppliait de veiller sur vous.
« Si indigne que je sois de votre estime, Geneviève, je resterai fidèle à ce vœu. Ne me chassez pas tout à fait de votre cœur.
« ARSÈNE LUPIN. »
L’autre lettre était adressée à Dolorès Kesselbach.
« Son intérêt seul avait conduit près de Mme Kesselbach le prince Sernine. Mais un immense besoin de se dévouer à elle l’y avait retenu.
« Aujourd’hui que le prince Sernine n’est plus qu’Arsène Lupin, il demande à Mme Kesselbach de ne pas lui ôter le droit de la protéger, de loin, et comme on protège quelqu’un que l’on ne reverra plus. »
Il y avait des enveloppes sur la table. Il en prit une, puis deux, mais comme il prenait la troisième, il aperçut une feuille de papier blanc dont la présence l’étonna, et sur laquelle étaient collés des mots, visiblement découpés dans un journal. Il déchiffra :
« La lutte avec Altenheim ne t’a pas réussi. Renonce à t’occuper de l’affaire, et je ne m’opposerai pas à ton évasion. Signé : L. M. »
Une fois de plus, Lupin eut ce sentiment de répulsion et de terreur que lui inspirait cet être innommable et fabuleux – la sensation de dégoût que l’on éprouve à toucher une bête venimeuse, un reptile.
– Encore lui, dit-il, et jusqu’ici !
C’était cela également qui l’effarait, la vision subite qu’il avait, par instants, de СКАЧАТЬ