Pauvre Blaise. Comtesse de Ségur
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Название: Pauvre Blaise

Автор: Comtesse de Ségur

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

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isbn: 4064066089900

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СКАЧАТЬ diras, Michel, qu'il m'a donné un coup de serpe.

      MICHEL

      Mais est-ce bien vrai? Je n'ai rien vu, moi.

      JULES

      C'est égal, dis toujours, puisque c'est sa faute; si tu ne veux pas, je dirai que c'est toi, et je te ferai chasser.

      MICHEL

      Non, non, Monsieur Jules, non, non, il ne faut pas me faire chasser; je dirai comme vous me l'ordonnez.»

      Et Michel prit Jules dans ses bras et l'emporta au château.

      Le pauvre Blaise était resté immobile, stupéfait. Enfin il ramassa la serpe et se dit:

      «Faut-il que ce garçon soit méchant! Je vais vite tout raconter à papa, pour qu'il connaisse la vérité et qu'il sache bien que ce n'est pas moi qui l'ai blessé.»

      Il courut vers la grille; son père l'attendait avec impatience.

      «Tu y as mis du temps, mon garçon, dit-il en recevant la serpe. Qu'est-ce qui t'a retenu si longtemps?»

      Blaise, tout essoufflé, raconta à son père ce qui s'était passé; il avait à peine terminé son récit, que M. de Trénilly parut en haut de l'avenue, marchant d'un pas précipité vers la grille.

      «Anfry! cria-t-il avec colère, amenez-moi ce petit drôle, qui s'est caché dans la maison quand il m'a aperçu.»

      Anfry marcha seul vers M. de Trénilly.

      «Monsieur le comte, dit-il le chapeau à la main, je crois savoir ce qui vous amène ici, et je sais que mon fils n'est pas coupable de ce qui est arrivé.

      M. DE TRÉNILLY

      Comment, pas coupable? Mon fils a au pied une grande entaille que lui a faite votre garçon avec sa serpe, et vous trouvez qu'il n'est pas coupable?

      ANFRY

      Ce n'est pas mon garçon, c'est le vôtre qui se l'est faite lui-même.

      M. DE TRÉNILLY

      Ceci est trop fort, par exemple! Me faire croire que mon fils s'est coupé pour le plaisir d'avoir une plaie et d'en souffrir pendant huit jours.

      ANFRY

      Non, Monsieur le comte, mais par imprudence et par colère.»

      Alors Anfry raconta à M. de Trénilly ce que venait de lui apprendre Blaise.

      «Faites-le venir, dit M. de Trénilly, je veux l'entendre raconter à lui-même.»

      Anfry alla chercher Blaise, qu'il trouva blotti derrière un rideau.

      ANFRY

      Allons, Blaisot, viens parler à M. le comte; il veut que tu lui racontes ce qui s'est passé avec M. Jules.

      BLAISE

      Oh! papa, j'ai peur. Il a l'air en colère; il va me battre.

      ANFRY

      Te battre! Sois tranquille, mon garçon, je suis là, moi; s'il fait mine de te toucher, je t'emmène et nous quitterons la maison, seulement le temps d'emporter nos effets.»

      Blaise sortit de sa cachette et, tout tremblant, suivit son père, qui l'emmena devant M. de Trénilly. Blaise n'osait lever les yeux; M. de Trénilly le regardait avec colère.

      «Raconte-moi comment mon fils a reçu sa blessure, dit-il enfin avec dureté.

      BLAISE

      Il ne voulait pas me rendre la serpe que papa m'avait envoyé chercher, Monsieur; j'ai insisté, il s'est fâché, il a voulu m'en donner un coup; la serpe est lourde, elle est retombée malgré lui et l'a blessé au pied.

      M. DE TRÉNILLY

      Tu mens! je te dis que tu mens!

      BLAISE, vivement

      Non, Monsieur, je ne mens pas; je ne mens jamais. Si j'avais blessé M. Jules, je l'aurais dit sans attendre qu'on me le demandât.»

      L'honnête indignation de Blaise parut faire impression sur M. de Trénilly; il regarda alternativement Blaise et Anfry, et s'en alla en se disant à mi-voix:

      «C'est singulier! Il a l'air franc et honnête; mais pourquoi Jules aurait-il fait ce conte, et pourquoi Michel l'aurait-il soutenu?... C'est ce que je vais tâcher de me faire expliquer...»

      Quand il fut parti, Anfry rentra avec Blaise et lui répéta la défense d'aller au château sans nécessité.

       Table des matières

       Table des matières

      Huit jours après, Blaise était dans le jardin avec son père; ils bêchaient tous deux une plate-bande de salades, lorsque la voix de M. de Trénilly se fit entendre; il appelait Anfry.

      «Me voici, Monsieur le comte», répondit Anfry; et il courut vers le comte, qui tenait Jules par la main.

      «Anfry, dit le comte, voici Jules qui vient faire ses excuses à votre garçon pour ce qui s'est passé la semaine dernière: votre garçon avait raison, c'est Michel qui a menti; Jules s'est blessé lui-même, il l'a avoué, et il est bien fâché d'avoir accusé à tort votre garçon; de peur d'être grondé pour avoir touché la serpe, il a fait un mensonge et une méchanceté, mal conseillé par Michel, que j'ai renvoyé de mon service et qui est retourné dans son pays; Jules ne recommencera pas, il me l'a bien promis. Jules, va chercher Blaise; tu le lui diras toi-même.»

      Jules alla à pas lents dans le potager où travaillait Blaise; il était honteux des excuses que son père lui avait ordonné de faire, et il ne savait de quelle manière commencer. Il restait immobile et silencieux devant Blaise, qui le regardait d'un air surpris.

      «Qu'y a-t-il pour votre service, Monsieur Jules? lui demanda-t-il enfin.

      —Rien, répondit Jules.

      —Mais puisque vous êtes venu ici près de moi, Monsieur Jules, c'est que vous avez besoin de moi.

      —Non, répondit Jules.

      BLAISE

      Alors je vais me remettre à bêcher, sauf votre respect, Monsieur Jules. Papa n'aime pas que je perde mon temps.

      JULES, avec embarras

      Blaise!

      BLAISE

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