Pauvre Blaise. Comtesse de Ségur
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Название: Pauvre Blaise

Автор: Comtesse de Ségur

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066089900

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СКАЧАТЬ allez-vous? lui dit rudement un domestique qui balayait l'escalier.

      —M. le comte m'a fait demander.

      —Est-ce bien sûr?... Passez alors, quoique vous soyez bien mal vêtu pour paraître devant M. le comte.

      —Qu'à cela ne tienne; j'aime autant ne pas y aller.»

      Et Anfry se mit à redescendre l'escalier qu'il avait monté à moitié.

      «Mais non, je ne dis pas cela. Puisque M. le comte vous a demandé, c'est qu'il veut vous voir.

      —Alors, gardez vos réflexions pour vous», dit Anfry en remontant l'escalier.

      Il arriva à la porte du comte de Trénilly et frappa discrètement.

      «Entrez!» lui cria-t-on.

      Anfry entra; il vit un homme de trente-cinq à trente-six ans, d'assez belle apparence, l'air hautain, mais le regard assez doux. Anfry salua; le comte répondit par un léger signe de tête.

      «Vous avez des enfants? dit-il d'un ton bref.

      ANFRY

      Un seul, monsieur le comte.

      LE COMTE

      Garçon ou fille?

      ANFRY

      Garçon.

      LE COMTE

      Quel âge?

      ANFRY

      Onze ans.

      LE COMTE

      Envoyez-le au château.

      ANFRY

      Pour quel service, Monsieur le comte?

      LE COMTE

      Pour le mien, parbleu, puisque je vous dis de me l'envoyer.

      ANFRY

      Pardon, Monsieur le comte, mais je ne comprends pas comment mon garçon de onze ans pourrait faire le service de Monsieur le comte. Et s'il faut tout dire, je n'aimerais pas à le mettre en contact avec vos gens.

      LE COMTE

      Et pourquoi, s'il vous plaît? Le fils de mon concierge est-il trop grand seigneur pour se trouver avec mes gens?

      ANFRY

      Au contraire, Monsieur le comte, il ne serait pas assez grand seigneur pour eux; ils l'ont chassé hier, ils le chasseraient bien encore.

      —Je voudrais bien voir cela, s'écria le comte avec colère, quand ce serait par mon ordre qu'il viendrait ici.

      ANFRY

      Enfin, Monsieur le comte, mon garçon pourrait voir et entendre des choses qui me feraient de la peine en lui faisant du mal, et j'aime autant qu'il reste à la maison et qu'il n'entre pas au château.»

      Le comte fut étonné de cette résistance. Il regarda attentivement le concierge et parut frappé de l'air décidé, mais franc, ouvert et honnête, qui donnait à toute sa personne quelque chose qui commandait le respect. Il hésita quelques instants, puis il reprit d'un ton plus doux:

      «C'était pour mon fils que je vous demandais le vôtre; mais peut-être avez-vous raison... Quand mon fils voudra jouer avec votre garçon, il ira le chercher chez vous. Au revoir, ajouta-t-il en faisant de la main un geste d'adieu. Quel est votre nom?

      —Anfry, Monsieur le comte, à votre service, quand il vous plaira.»

      Anfry sortit, redescendit l'escalier et fut arrêté dans le vestibule par des domestiques, curieux de savoir ce que leur maître avait pu vouloir à un homme d'aussi petite importance qu'un concierge de château; Anfry leur répondit brièvement, sans s'arrêter, et rentra chez lui.

      Blaise était devant la grille; il époussetait et nettoyait quand son père rentra.

      «As-tu vu le garçon de M. le comte? lui demanda Anfry.

      BLAISE

      Non, papa; je n'ai vu personne, qu'un domestique, qui est venu me dire d'aller voir M. Jules.

      ANFRY

      Tu n'y as pas été, j'espère bien?

      BLAISE

      Non, papa, vous me l'aviez défendu; d'ailleurs, je n'ai guère envie de lier connaissance avec ce M. Jules. Je me figure qu'il ne doit pas être bon.

      —Tu pourrais avoir raison; travaille, va à l'école, ce sera mieux pour toi que courailler et paresser toute la journée. En attendant, va me chercher ma serpe que j'ai laissée au bûcher; il y a des branches qui avancent sur la grille et qui gênent pour l'ouvrir. Je veux les couper.»

      Blaise, toujours prompt à obéir, partit en courant; il entra au bûcher et y trouva Jules de Trénilly, qui essayait de couper des rognures de bois avec la serpe, qu'il avait ramassée.

      «Voulez-vous me donner cette serpe, Monsieur? lui dit Blaise poliment.

      JULES

      Elle n'est pas à toi, je ne te la rendrai pas.

      BLAISE

      Pardon, Monsieur, elle est à papa; il m'a envoyé pour la chercher.

      JULES

      Je te dis que j'en ai besoin; laisse-moi tranquille.

      BLAISE

      Mais papa en a besoin aussi, je dois la lui rapporter.

      JULES

      Vas-tu me laisser tranquille; tu m'ennuies.»

      Blaise insista encore pour avoir sa serpe; Jules continuait à la refuser; Blaise s'approcha pour la retirer des mains de Jules, qui se mit en colère et menaça de la lancer à la tête de Blaise. Il fit, en effet, le mouvement de la jeter; la serpe, trop lourde, retomba sur son pied et lui fit une entaille au soulier, au bas et à la peau; Jules se mit à crier; Michel, le garçon d'écurie, accourut et s'effraya en voyant du sang au pied de son jeune maître.

      «Comment vous êtes-vous blessé, Monsieur Jules? lui demanda-t-il.

      JULES, criant

      C'est ce méchant garçon qui m'a fait mal. Il m'a coupé avec la serpe.

      MICHEL, avec rudesse

      Méchant garnement! que viens-tu faire ici? Tu es le fils du concierge; va à ta niche et n'en sors pas... Ne pleurez pas, pauvre Monsieur Jules; nous allons bien faire gronder ce mauvais sujet qui vous a fait mal.

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