La Comédie de la mort. Theophile Gautier
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Название: La Comédie de la mort

Автор: Theophile Gautier

Издательство: Bookwire

Жанр: Языкознание

Серия:

isbn: 4064066090258

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СКАЧАТЬ Que d'enfants de mon coeur entassés sur le pont!

      Le flot a tout couvert de son linceul verdâtre,

       Et les rougeurs de rose, et les pâleurs d'albâtre,

       Et l'étoile et la fleur éclose à chaque front.

      Le flux jette à la côte entre le corps du phoque,

       Et les débris de mâts que la vague entre-choque,

       Mes rêves naufragés tout gonflés et tout verts;

      Pour ces chercheurs d'un monde étrange et magnifique,

       Colombs qui n'ont pas su trouver leur Amérique,

       En funèbres caveaux creusez-vous, ô mes vers!

      Puis montez hardiment comme les cathédrales,

       Allongez-vous en tours, tordez-vous en spirales,

       Enfoncez vos pignons au coeur des cieux ouverts.

      Vous, oiseaux de l'amour et de la fantaisie,

       Sonnets, ô blancs ramiers du ciel de poésie,

       Posez votre pied rose au toit de mon clocher.

      Messagères d'avril, petites hirondelles,

       Ne fouettez pas ainsi les vitres à coups d'ailes,

       J'ai dans mes bas-reliefs des trous où vous nicher;

      Mes vierges vous prendront dans un pli de leur robe,

       L'empereur tout exprès laissera choir son globe,

       Le lotus ouvrira son coeur pour vous cacher.

      J'ai brodé mes réseaux des dessins les plus riches,

       Évidé mes piliers, mis des saints dans mes niches,

       Posé mon buffet d'orgue et peint ma voûte en bleu.

      J'ai prié saint Éloi de me faire un calice;

       Le roi mage Gaspard, pour le saint sacrifice,

       M'a donné le cinname et le charbon de feu.

      Le peuple est à genoux, le chapelain s'affuble

       Du brocart radieux de la lourde chasuble;

       L'église est toute prête; y viendrez-vous, mon Dieu?

       Table des matières

       Table des matières

       Table des matières

      C'était le jour des morts: Une froide bruine

       Au bord du ciel rayé, comme une trame fine,

       Tendait ses filets gris;

       Un vent de nord sifflait; quelques feuilles rouillées

       Quittaient en frissonnant les cimes dépouillées

       Des ormes rabougris;

      Et chacun s'en allait dans le grand cimetière,

       Morne, s'agenouiller sur le coin de la pierre

       Qui recouvre les siens,

       Prier Dieu pour leur âme, et, par des fleurs nouvelles,

       Remplacer en pleurant les pâles immortelles

       Et les bouquets anciens.

      Moi, qui ne connais pas cette douleur amère,

       D'avoir couché là-bas ou mon père ou ma mère

       Sous les gazons flétris,

       Je marchais au hasard, examinant les marbres,

       Ou, par une échappée, entre les branches d'arbres,

       Les dômes de Paris;

      Et, comme je voyais bien des croix sans couronne,

       Bien des fosses dont l'herbe était haute, où personne

       Pour prier ne venait,

       Une pitié me prit, une pitié profonde

       De ces pauvres tombeaux délaissés, dont au monde

       Nul ne se souvenait.

      Pas un seul brin de mousse à tous ces mausolées,

       Cependant, et des noms de veuves désolées,

       D'époux désespérés,

       Sans qu'un gramen voilât leurs majuscules noires

       Étalaient hardiment leurs mensonges notoires

       A tous les yeux livrés.

      Ce spectacle me fit sourdre au coeur une idée

       Dont j'ai, depuis ce temps, toujours l'âme obsédée.

       Si c'était vrai, les morts

       Tordraient leurs bras noueux de rage dans leur bière

       Et feraient pour lever leurs couvercles de pierre

       D'incroyables efforts!

      Peut-être le tombeau n'est-il pas un asile

       Où, sur son chevet dur, on puisse enfin tranquille

       Dormir l'éternité,

       Dans un oubli profond de toute chose humaine,

       Sans aucun sentiment de plaisir ou de peine

       D'être ou d'avoir été.

      Peut-être n'a-t-on pas sommeil! Et quand la pluie

       Filtre jusques à vous, l'on a froid, l'on s'ennuie

       Dans sa fosse tout seul.

       Oh! que l'on doit rêver tristement dans ce gîte

       Où pas un mouvement, pas une onde n'agite

       Les plis droits du linceul!

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